Réapprendre à marcher grâce à la musique et éviter les chutes…

En vieillissant, les chutes peuvent entraîner des conséquences fâcheuses voire fatales… Dans ce contexte, l’école de danse suisse, l’Institut Jacques-Dalcroze à Genève, propose depuis quelques temps des cours de rythmique pour seniors qui visent à réduire les risques de chutes chez les personnes âgées. Explications.


Connu pour son enseignement aux enfants, adolescents et adultes ainsi qu'aux futurs professionnels, l'Institut Jaques-Dalcroze a élargi la palette de sa pédagogie musicale en mettant sur pied une série de cours de rythmique à l'intention des aînés.

Comment rester jeune plus longtemps ? Les atouts de la rythmique au profit des seniors font actuellement l'objet d'un intérêt grandissant auprès des milieux scientifiques et psycho-sociaux. Une expérience-pilote menée en partenariat par les Hôpitaux Universitaires de Genève, l'Institut Jaques-Dalcroze et la Ville de Genève a en effet établi qu'elle permet aux seniors de retrouver la sûreté de marche, de développer convivialité et joie de vivre, et aux malades psychiques de diminuer dans certains cas la prise de médicaments.

Un rythme de marche irrégulier est aujourd'hui considéré comme un facteur de risque de chutes majeur chez les personnes âgées ; des modifications minimes d'une enjambée à l'autre peuvent doubler le risque de chutes. De fait, à partir de moins de 2 cm de différence d'une enjambée à l'autre, la probabilité de tomber dans les six mois à venir est doublée. De plus, celle-ci augmente considérablement si l'irrégularité accroît sous situation de double tâche, comme par exemple compter tout en marchant.

La rythmique Jaques-Dalcroze comprend donc des exercices moteurs multitâches exécutés au rythme de la musique improvisée au piano. Cette méthode est utilisée dans l'éducation musicale d'enfants et d'adolescents dans le monde entier. L'idée de son utilisation comme activité physique régulière auprès des personnes âgées est récente ; elle se base essentiellement sur l'observation auprès de dames âgées ayant une pratique de la rythmique Jaques-Dalcroze depuis plus de 40 ans et chez qui on observe une régularité de marche comparable à des jeunes de 20 ans. .../...
Réapprendre à marcher grâce à la musique et éviter les chutes…

Les atouts de la rythmique au profit des seniors

La rythmique Jaques-Dalcroze fait appel à différentes activités intellectuelles, motrices et affectives ; les observations ont montré que sa pratique permet entre autres d’améliorer : l’équilibre, l’orientation spatiale, la communication, la concentration, la mémoire, le sommeil, le moral et de diminuer l’irritabilité

Résultats d’une expérience pilote
Le programme de réhabilitation de la MOBilité et de l’EQuilibre MOBEQ* a suivi d’octobre 2004 à juin 2005, sous la direction du Professeur Reto W. Kressig**, gériatre et gérontologue, les participants d’un cours hebdomadaire mis en place à l’Institut Jaques-Dalcroze.

Ce cours pilote offert à des personnes âgées par l’Institut et animé par Ruth Gianadda, professeure à l’IJD, a permis d’évaluer le rôle de la rythmique Jaques-Dalcroze dans la prévention des chutes.

En parallèle, un autre cours comparatif était dispensé chaque semaine à des patients hospitalisés à l’Hôpital de Gériatrie. Dans ce contexte, mouvements, rythmes ou enchaînements ont bien entendu été adaptés pour faciliter la réalisation du geste tout en tenant compte des handicaps et de la position essentiellement assise des participants. Devant le succès de cette expérience, cet atelier rythmique a été institutionnalisé à l’Hôpital de Gériatrie et au CESCO.

Dans le cadre de son programme courant, l’Institut Jaques-Dalcroze a mis sur pied de nouveaux cours de Rythmique Seniors ouverts au public, ainsi qu’un cours en EMS. Son objectif : accroître la mobilité, y redonner goût et entretenir l'implication affective et sociale à travers le travail de groupe en misant sur l'émulation et la stimulation, grâce à une activité permettant d'améliorer la perception et la maîtrise corporelle, et d'augmenter la confiance en soi avec plaisir par le biais de la musique.

*Le programme de réhabilitation de la MOBilité et de l'EQuilibre (MOBEQ) a pour objectifs d’évaluer les troubles de la mobilité et de l'équilibre pour prévenir la chute de la personne âgée. Développé à partir des plus récents résultats de la recherche clinique et scientifique, ce programme de soins spécifiques des HUG repose sur une solide équipe interdisciplinaire comprenant des médecins, infirmiers, aides-soignants, physiothérapeutes, ergothérapeutes, diététiciennes, neuropsychologues, podologues, pédicure-podologue et assistante sociale. Il intègre des méthodes traditionnelles de rééducation (musculation, physiothérapie, etc.) et des techniques innovantes comme le Tai Chi, la danse, la rythmique ou des cours à l'école des chutes.
** Le Prof. Dr. med. Reto W. KRESSIG est actuellement Médecin-chef à l’Aukutgeriatrie und Memory Clinic de l’Université de Bâle


Source : Institut Jaques-Dalcroze

Rappelons qu'une étude réalisée en 2005 par la très sérieuse Université McGill au Canada indiquait alors que le tango argentin pouvait être bénéfique à la santé des seniors dans la mesure ou il améliorait la coordination des mouvements ainsi que l'équilibre.

Les chutes et leurs conséquences

Selon l'INPES, les chutes sont, à elles seules, la cause de plus de 9.000 décès par an chez les personnes âgées de 65 ans et plus. Ces dernières sont près de trois millions par an à tomber et ce risque augmente avec l'âge. Il est deux fois plus important chez les femmes que chez les hommes avant 85 ans. De plus, après une première chute, le risque de retomber dans la même année est multiplié par vingt.

Toujours selon l'INPES, « les chutes peuvent entraîner des fractures, des traumatismes sévères nécessitant des soins médicaux. Près d'un quart des chutes nécessite une intervention d'urgence. Les conséquences psychologiques et sociales de la chute sont également importantes : elle entraîne très souvent une perte de confiance en soi qui peut engendrer une diminution des activités quotidiennes, un repli sur soi et un déclin des capacités fonctionnelles ».

De plus, « la chute renvoie une image inquiétante de la vieillesse et de la dépendance. Elle est souvent vécue avec gêne et déni par les personnes âgées qui l'assimilent à une certaine déchéance voire à la mort ».

Publié le 21/01/2008 à 16:07 | Lu 11528 fois