Quand le ministère de la Santé s'attèle au défi du vieillissement de la France...

Agnès Buzyn, ministre de la Santé a présenté cette semaine sa feuille de route pour répondre aux besoins et attentes des personnes âgées, de leur famille et des professionnels et repenser la façon dont les ainés sont accompagnés et intégrés à la société.





En France, 1,5 million de personnes ont plus de 85 ans en 2017, elles seront 4,8 millions en 2050. « Pour autant, la vieillesse ne doit pas être synonyme de perte d’autonomie » estime le ministère de la Santé qui considère que les actions de prévention doivent être renforcées pour permettre à la population de vivre sans incapacités le plus longtemps possible, que ce soit à son domicile ou en établissement.
 
Pour ce faire, quinze millions d’euros seront alloués en 2018 pour le financement de plans de prévention en EHPAD. Ces moyens seront doublés à partir de 2019 et financés par l’assurance maladie.
 
Prévenir la perte d’autonomie c’est aussi faire en sorte que les personnes âgées puissent rester à domicile, ce qui est majoritairement leur souhait, ou bien leur permettre de trouver des formes d’habitat alternatif et inclusif.
 
Là encore, des budgets devraient être débloqués : cent millions seront ainsi consacrés en 2019 et 2020 à la refonte du mode de financement de l’aide à domicile pour améliorer la qualité des services, les rendre accessibles à tous et recruter du personnel.
 
Le aidants ne sont pas oublier. Le gouvernement s’engage à déployer un plan global de soutien aux aidants qui doit permettre le développement de solutions de répit, le développement de l’accueil de jour et l’amélioration des conditions de l’articulation entre vie professionnelle et soutien aux personnes âgées.
 
Pour que ces mesures soient pleinement adaptées, il convient de mieux connaître les besoins des personnes âgées et de leurs familles. C’est pourquoi des enquêtes de satisfaction vont être conduites par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans les établissements pour personnes âgées et diffusées dès 2019 afin de mieux définir les actions prioritaires à mener.
 
La qualité de vie des personnes âgées, l’accompagnement de la perte d’autonomie et son financement sont des sujets structurants qui engagent l’avenir. C’est la raison pour laquelle la ministre a aussi annoncé la mise en place d’un débat associant l’ensemble des acteurs et des citoyens pour aboutir à des propositions début 2019.
 
Les réflexions à conduire porteront sur les grands enjeux suivants :
- Quelles sont les priorités, le socle de biens et de services qui doivent être à l’avenir accessibles à toutes les personnes âgées pour accompagner le vieillissement et la perte d’autonomie ?
- Quels sont les scénarios de répartition des contributions de chaque acteur pour assurer un financement pérenne et solidaire de la perte d’autonomie ?
- Comment faire évoluer la gouvernance nationale et territoriale des politiques publiques du vieillissement et de la perte d’autonomie ?
 
La concertation et le débat public seront organisés aux niveaux national et territorial. Une consultation citoyenne permettra à chacun de s’exprimer et de contribuer.

« Que le gouvernement apporte des réponses immédiates à la situation critique dans les EHPAD était nécessaire. Bien sûr, ces solutions à court terme ne répondent pas aux enjeux globaux de la transition démographique et du vieillissement » estiment pour leur part les petits frères des Pauvres qui ajoutent : « il est urgent que les politiques publiques fassent des personnes âgées une priorité durable en englobant tous les sujets : l'habitat, la ville, le transport comme le souligne la Ministre des Solidarités et de la Santé mais aussi la pauvreté, l'isolement sur les territoires urbains comme ruraux, l'exclusion numérique, la fraternité entre les générations… »
 
Aux côtés de nombreuses personnes âgées isolées, tout particulièrement les plus démunies, l'Association les petits frères des Pauvres demandent à participer à la concertation citoyenne destinée à penser une société plus inclusive pour mieux accompagner nos aînés et notamment ceux ayant besoin d'aides à l'autonomie.
 
Comme le rappelle Alain Villez, président de l'Association, « il est indispensable de construire une politique ambitieuse et volontariste, fondée sur un contrat social prenant en compte effectivement les besoins exprimés par les personnes âgées. Cette politique doit permettre à chacune d'entre elles d'avoir des conditions de vie dignes jusqu'au bout de la vie -quels que soient sa situation, son parcours, ses ressources, et son état de santé- en favorisant une société solidaire, inclusive et fraternelle ».
 
Pour Pascal Champvert de l’AD-PA : « changer de regard sur les personnes âgées et le vieillissement, améliorer la qualité de vie de nos aînés, faire face à l'enjeu de l'aide à l'autonomie et engager un débat public et citoyen sur le financement et sur notre modèle de société, sont autant d'éléments que l’AD-PA soutient et sur lesquels elle est prête à travailler avec les Pouvoirs Publics ».
 
Et d’ajouter : « afin de montrer l'exemple, il importe que l'État abandonne le vocabulaire dévalorisant imposé aux personnes âgées fragilisées : ainsi il est essentiel de parler d'accompagnement et non plus de prise en charge comme d'un fardeau, et de refuser le terme « perte d'autonomie » qui laisse penser que des citoyens ne pourraient plus être regardés comme des personnes humaines ; il importe aussi de voir que les EHPAD peuvent devenir des habitants inclusifs. Enfin on ne peut d’abord laisser entendre que l'efficacité de la lutte contre la maltraitance passerait uniquement dans les EHPAD alors que tous les spécialistes attestent que 90% des maltraitances sont faites à domicile par des familles épuisées ».
 
« Tel n'est malheureusement pas le cas de ce plan » conclut l’AD-PA dans son communiqué qui ajoute que « s'il constitue un réel pas en avant, il n'est clairement pas à la hauteur des attentes des personnes âgées, des familles et des professionnels qui ont mené les mouvements de cet hiver ».

Article publié le 31/05/2018 à 10:48 | Lu 2980 fois