"Quai des Orfèvres" au Petit Montparnasse : sans tralala...

La pièce fut écrite par Stanislas-André Steeman à partir de son propre roman « Légitime Défense » paru en 1942. Quelques années plus tard, Henri-Georges Clouzot s’en inspira pour son célèbre film éponyme avec Louis Jouvet et Suzy Delair, dont on a encore en tête les chansons « Avec son tralala » et « Danse avec moi ».





Ici point de tralala, nous sommes dans le scénario du roman d’origine, où Noëlle et Belle Martin forment un couple bourgeois bohême aux idées larges. Il est peintre à ses heures, elle est coquette aux siennes.
 
Un matin, son concierge lui apprend le meurtre d’une de leurs connaissances, ce qui rend Noël anormalement énervé, malaise qui ne fera qu’augmenter lors des nombreuses visites du Commissaire Maria, en charge de l’enquête.
 
S’en suit alors une partie de billard à quatre bandes entre les Martin, leur amie Renée, qui avaient tous trois des raisons de supprimer la victime, et le commissaire, où chacun frappe ses boules en essayant de saborder celles de l’autre…
 
On est juste après-guerre, à la fin des années 40, dans un monde où on s’amuse, boit du whisky et va danser en smoking et robe à paillettes. Car il y a un côté délicieusement décadent et décalé dans cette pièce où les répliques semblent dites au second degré.
 
Les acteurs, tous excellents, se délectent dans cet imbroglio au charme suranné.
 
François Nambot connaît bien le théâtre, lui qu’on a déjà vu sur la scène d’à côté dans « Marie des Poules » la saison dernière. Il nous restitue parfaitement la complexité de ce peintre dilettante de l’époque, très amoureux de sa femme mais bourré d’anxiété.
 
Raphaëlle Lémann, qu’on avait remarquée dans « Le jeu de l’amour et du hasard », de Marivaux, au Lucernaire il y a quelques années, signe la mise en scène et joue elle-même le rôle de Belle.
 
Très à l’aise dans ce personnage de coquette énigmatique qui minaude aux compliments du Commissaire, elle va et vient dans cet appartement dont on sent bien qu’elle ne fait qu’y passer, à la différence de son amie Renée, jouée par Malvina Morisseau, amoureuse du beau Noël et qui aimerait bien y rester.
 
Philippe Perrussel donne beaucoup de présence au Commissaire Maria et Bertrand Mounier nous amuse dans son double rôle du concierge et de l’ami peintre.
 
Une mise en scène pétillante avec un décor évoquant tout autant un atelier d’artiste qu’un petit appartement bourgeois. Avec un compliment tout particulier à Denis Koransky pour son beau travail de lumières.

Alex Kiev
 
Théâtre du Petit Montparnasse
31 rue de la Gaieté
75014 Paris
 
Du mardi au samedi 19h dimanche 17h

Article publié le 02/02/2023 à 01:00 | Lu 3533 fois