Protéasome : un outil anti-âge ?

Le protéasome… Dans le grand public… Personne ne connait. Et pour cause, il s’agit d’un des organites intracellulaires qui favorise la résistance au stress oxydant et limite le vieillissement cellulaire prématuré. Des chercheurs de l’Inserm viennent de montrer que son activité était sous l'influence de notre rythme circadien*. Des enseignements qui devraient s’avérer précieux pour optimiser certains traitements anticancéreux ou pour approfondir les connaissances en biologie du vieillissement. Explications.


Parler d'horloge biologique n'est pas une figure de style. On sait depuis de nombreuses années que notre physiologie fluctue au cours de la journée : pression sanguine, activité rénale ou hépatique, production hormonale…
 
Derrière ce phénomène, des mécanismes moléculaires qui commencent à bien être identifiés : ils sont à la fois génétique -par le biais d'une boucle de rétroaction entre deux groupes de gènes- et non génétique -par le biais d'un mécanisme d'oxydation protéique régit par des espèces réactives à l'oxygène. Or, le protéasome est un organite intracellulaire qui est justement chargé d'éliminer les protéines oxydées.
 
Comme le souligne le scientifique Bertrand Friguet qui a encadré l'étude : « nous avons montré que l’expression d’une protéine qui active le protéasome oscille au cours de la journée. Le protéasome a donc une activité dépendante du rythme circadien ». Or, cette découverte est importante car ce protéasome joue un rôle déterminant pour un grand nombre de processus cellulaires, en particulier dans la réponse au stress. Il assure l'élimination des protéines endommagées qui se trouvent dans la cellule. Bref, sans lui, le vieillissement de la cellule serait prématuré !
 
Ces nouvelles données pourraient avoir des répercussions intéressantes pour les sciences du vieillissement, comme l'explique le chercheur : « On sait que l'activité du protéasome diminue avec l'âge, ce qui favorise le vieillissement. En étudiant des cellules (…) jeunes et sénescentes, nous avons observé que l'influence circadienne sur le protéasome diminuait avec le temps ». En d'autres termes, plus les cellules étaient anciennes et moins l'activité de l'organite fluctuait au cours de la journée. A l'inverse, dans des cellules immortalisées, la sensibilité du protéasome aux oscillations circadiennes restait constante.
 
Et le scientifique de poursuivre : « il serait donc intéressant de tester l'effet de la réactivation expérimentale de la rythmicité circadienne du protéasome sur le métabolisme cellulaire, afin d'apprécier si la cellule rajeunit en étant moins oxydée ». Avec in fine, l'idée d'apporter des réponses dans le cadre d'une médecine antivieillissement. Mais ces travaux pourraient aussi être utiles dans le cadre de la lutte contre le cancer.
 
*Rythme circadien : il s’agit de notre rythme biologique qui s’étend sur une durée de 24h (éveil/sommeil).
 
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Publié le 23/03/2016 à 14:45 | Lu 1684 fois