Prise en charge de l'arrêt cardiaque : les nouvelles recommandations européennes

L'importance du massage cardiaque, par son intensité et sa durée, est mis en exergue parmi les principales recommandations publiées par l'ERC (European Resuscitation Council) et par l'AHA (American Heart Association) dans le cadre de la réanimation cardio-pulmonaire de base. De même l'usage du défibrillateur devient une recommandation prioritaire. Ce consensus, publié tous les cinq ans révise avec une rigueur scientifique l'ensemble de la prise en charge de l'arrêt cardiaque… Détails.


En France, la Fédération Française de Cardiologie, la Croix- Rouge française et le Conseil Français de réanimation cardio-pulmonaire avaient anticipé ces recommandations, puisque depuis 2008, ils prônaient un message en trois temps : Appeler le 15 - Masser - Défibriller…

Les premiers gestes de réanimation

L'arrêt cardiaque se produit le plus souvent au domicile (75 à 80%) mais peut aussi arriver sur la voie publique (15%). Qu'il soit formé ou non aux gestes de réanimation, face à une personne qui s'effondre brusquement, le premier témoin doit s'assurer de la présence ou non de la respiration afin de transmettre cette information essentielle aux secours.

En l'absence de respiration, un massage cardiaque de qualité doit être immédiatement mis en route et ce de façon ininterrompue (enfoncement d'un minimum de 5 cm à un rythme d'au moins 100 compressions par minute). Ce massage ne doit s'interrompre que quelques secondes pour laisser place aux chocs électriques de la défibrillation.

« La France souffre d'un sous-équipement en défibrillateurs alors que l'on sait désormais toute l'importance du choc électrique. C'est pourquoi la Fédération Française de Cardiologie informe et sensibilise les entreprises et les collectivités locales et les incite à s'équiper » note le Professeur Jacques Beaune, président de la Fédération Française de Cardiologie.

Du côté du SAMU-SMUR, dont les équipes sont les premières à intervenir, on note avec satisfaction que les nouvelles recommandations mettent l'accent sur le massage cardiaque. « La France avait pris les bonnes orientations dès 2008 en mettant en retrait le bouche à bouche et en privilégiant à la fois l'appel des équipes d'urgence et le massage cardiaque externe », souligne le professeur Pierre Carli, président du Conseil français de réanimation cardio-pulmonaire et directeur médical du SAMU de Paris, qui se félicite également de l'évolution des recommandations : « l'importance de l'alerte et de la qualité des compressions thoraciques qui doivent être poursuivies jusqu'à l'activation du défibrillateur, sont des mesures que nous avons anticipé ; reste l'identification du gasp (cette manière anormale de respirer au début de l'arrêt cardiaque et qui peut faire croire que la victime respire) qu'il va désormais être urgent d'enseigner ».

Moins d’un Français sur deux est formé aux gestes qui sauvent

45%* des Français sont formés ou initiés aux premiers secours contre 80% des Allemands ! Alors que la majorité des arrêts cardiaques surviennent à domicile (75 à 80%) ou sur la voie publique (15%), il y a moins d'une chance sur deux de ne pas être secouru par un témoin ; pourtant, l'on sait que chaque minute gagnée, c'est 10% de chances de survie en plus !

La Croix-Rouge française forme un million de jeunes par an aux gestes qui sauvent. Cependant le docteur Pascal Cassan, Médecin urgentiste et Conseiller national de la Croix-Rouge française, souhaiterait que la mobilisation soit encore plus forte dans notre pays. « En moyenne, moins de 5% des personnes survivent après un arrêt cardiaque en France. Ce chiffre est multiplié par quatre dans les pays où la population a été formée et initiée en masse. Les formateurs de nos centres de formation sont déjà informés sur les nouvelles recommandations de réanimation, et l'enseigneront dès 2011 ».

Les principaux changements dans la réanimation cardio-pulmonaire de l’adulte (RCP)

- Les compressions thoraciques doivent être le moins souvent interrompues et être de qualité (dépression d'au moins 5cm et fréquence d'au moins 100/min)
- L'utilisation d'un défibrillateur doit être le plus précoce possible
- La ventilation reste utile dans certains cas (traumatismes, noyés, enfants) mais elle doit interrompre les compressions thoraciques le moins possible
- Le développement de programme de défibrillation doit être encouragé tant en lieux publics que privés

*Etude Ifop réalisée en novembre 2010 pour la Fédération Française de Cardiologie

Publié le 04/01/2011 à 11:46 | Lu 3867 fois