Priorité à l’emploi (suite), chronique par Serge Guérin

L’enjeu des personnels est d’autant plus crucial, que la famille, qui traditionnellement prenait en charge les très âgés, est en mutation. Aujourd’hui, encore, dans les deux tiers des cas, les personnes fragilisées sont aidées à la fois par la famille et par des professionnels, mais demain, les proches seront-ils aussi présents ?





Une large part des enjeux actuels portent sur la place qui sera assigné à la famille dans la solidarité avec les plus âgés. Or, les attentes et les comportements ont évolué et continueront de le faire.

Il paraît alors très spécieux de vouloir faire porter le poids du vieillissement sur les proches, c’est-à-dire, soyons clairs, sur les femmes. La solidarité, ce n’est pas de la morale, mais un lien d’échange et de coopération qui se forge et s’organise sur le long terme et qui est mutuellement avantageux.

La seconde moitié du 20ème siècle a été marquée par un phénomène majeur : le développement massif de l’emploi des femmes. Cette réalité a favorisé l’évolution des mentalités, la diminution du nombre d’enfants par femme, l’allongement de l’âge de la fécondité, le raccourcissement de la « durée de vie » des unions, les séparations tardives, l’éloignement géographique des enfants de leurs parents, la diminution de la disponibilité des femmes… .../...
Priorité à l’emploi (suite), chronique par Serge Guérin

L’ensemble de ces éléments conduit à ce que l’aide familiale soit en diminution, autant de la part des enfants qu’au sein du couple de personnes âgées. Longtemps, dans les familles, il y avait l’enfant « sacrifié », celui (en réalité « celle » car c’était presque exclusivement la fille aînée) qui était désigné de façon implicite pour assurer l’avenir des parents, voir l’avenir des beaux-parents.

À l’avenir, ces modes de régulation vont disparaître. D’autant plus que nous allons vers l’allongement de la durée d’activité ce qui réduira encore la disponibilité des enfants de personnes âgées. Les entreprises devront d’ailleurs prendre en compte ces contraintes dans leur politique de ressources humaines. Chaque salarié cherchant désormais à concilier au mieux sa vie professionnelle et sa vie personnelle.

Traditionnellement, l’une des difficultés principales tenait à la garde et à l’accompagnement des enfants. Demain, la prise en charge des parents deviendra un enjeu tout aussi crucial. Déjà, aux Etats-Unis et au Canada, les initiatives se multiplient de la part des entreprises qui proposent un service dédié aux parents âgés de leurs salariés…

Serge Guérin
Professeur à l’ESG
Vient de publier Vive les vieux !, Editions Michalon

Article publié le 21/04/2008 à 13:45 | Lu 5692 fois