Précarité, isolement et conditions de logement : la profonde fragilité des personnes âgées selon le Crédoc

Le numéro 245 de la revue « Consommation et modes de vie » de novembre 2011 du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) avait pour thème « Précarité, isolement et conditions de logement : la profonde fragilité des personnes âgées ». En voici les grandes lignes.


Des retraités contraints à des restrictions importantes

Les retraités bénéficiaires de l’action sociale de la CNAV (environ 350.000 personnes) disposent de revenus modestes : parmi eux, 55% des personnes seules et 44% des couples concernés sont pauvres au regard des seuils de pauvreté monétaire calculés par l’INSEE alors que seulement 10% des 65 ans et plus le sont en France. Ce faible niveau de revenus génère des difficultés à boucler son budget en fin de mois.

De fait, la moitié des bénéficiaires s’impose des restrictions. Si celles-ci touchent majoritairement des postes tels que l’habillement, les vacances et les loisirs, elles concernent aussi, de façon plus inquiétante, l’alimentation : une forte majorité, 87%, privilégie désormais les marques, les magasins ou les produits alimentaires à bas prix. Enfin, 31% des bénéficiaires interrogés ont renoncé soit à des dépenses d’optique, soit à des soins dentaires soit à une consultation de spécialiste depuis trois mois. Si ces soins sont moins essentiels au quotidien qu’une consultation chez un généraliste, y recourir tardivement peut s’avérer préjudiciable à plus long terme. Les loisirs sont aussi nettement moins fréquents que pour l’ensemble de la population : seulement 20% des personnes interrogées déclarent ainsi être allées au spectacle au cours des douze derniers mois (contre 65% des personnes de 15 ans et plus) et 35% être parties en vacances (contre 48% des retraités).

Des personnes bien entourées et aidées

Jeunes ou moins jeunes, les retraités interrogés sont malgré tout bien entourés, notamment par leurs enfants : les deux tiers ont au moins un enfant qui habite à moins d’une heure de chez eux. Cette proximité géographique favorise les contacts : sept bénéficiaires de l’action sociale de la CNAV sur dix voient un de leurs enfants au moins une fois par semaine.

Un fort sentiment de solitude malgré la présence et l’aide de l’entourage

Malgré ces contacts, un tiers des bénéficiaires de l’action sociale déclare se sentir souvent seul, proportion stable depuis cinq ans. Le fait de vivre seul et l’absence de visites accroissent ce sentiment de solitude : 41% des personnes vivant seules en souffrent contre 22% de celles vivant en couple.

Le logement, un « refuge » à adapter

L’attachement à leur logement est très fort chez les retraités interrogés, qui s’en disent très satisfaits (93% pour le confort et 94% pour l’emplacement) : ils y vivent d’ailleurs souvent depuis de nombreuses années (plus des deux tiers depuis plus de vingt ans). L’entrée en institution, médicalisée ou non, est souvent envisagée sous l’angle de la nécessité absolue, comme une fin de vie non choisie. Avec l’avancée en âge, les retraités passent de plus en plus de temps dans leur logement lequel se révèle de moins en moins adapté. Deux bénéficiaires sur dix déclarent ainsi être gênés au quotidien dans leur logement et 44% pensent y rencontrer des problèmes en vieillissant. Pour faire face à ces difficultés, les personnes âgées interrogées préfèrent aménager leur habitat (62%) plutôt que de déménager (22%). A noter que les deux tiers des bénéficiaires ignorent qu’il existe des financements pour les travaux d’adaptation du logement liés à la perte d’autonomie et au vieillissement.

Publié le 12/12/2011 à 11:02 | Lu 3432 fois





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