Plus touchés par les ALD, les retraités agricoles vivent peu en institution…

Le groupe d’assurances Agrica vient de présenter la troisième vague de résultats de l’étude AMI*, unique et passionnant programme de recherche multidisciplinaire sur le vieillissement et la dépendance en milieu rural et agricole. Plus fragiles et plus touchés par les Affections de Longue Durée, les retraités agricoles sont pourtant très peu à vivre en institution… Détails.


Plus d’un retraité agricole sur deux touché par une affection de longue durée (ALD)

Plus de la moitié des retraités agricoles sont atteints d’une affection de longue durée et 36,5% des participants souffrent notamment d’affection cardiovasculaire telle que : hypertension artérielle sévère, accident vasculaire cérébral, artériopathie chronique, insuffisance cardiaque ou maladie coronarienne.

Ces résultats corroborent l’étude pharmaco-épidémiologique menée en parallèle : 80% des participants à l’étude AMI ont eu recours aux médicaments cardiovasculaires entre 2007 et 2008. Les deux autres affections de longue durée les plus fréquentes sont : les cancers (11,1%) et le diabète (10,1%).

Une analyse spécifique comparant ces résultats aux données du régime général confirme que ces retraités agricoles sont plus fréquemment déclarés en ALD, et sont davantage touchés par les affections cardiovasculaires, notamment l’insuffisance cardiaque (deux fois plus touchés).

Ces analyses soulignent également qu’ils seraient moins fréquemment déclarés en ALD cancer, comme observé dans l’étude AGRICAN où les agriculteurs présentent une moindre mortalité par cancer. Cependant, à ce stade, des analyses complémentaires sont nécessaires pour expliquer les résultats observés sur AMI.

Les retraités du monde agricole plus fragiles que les citadins…

Un travail exploratoire a été réalisé sur la fragilité, à l’aide d’un indicateur basé sur cinq composantes : la perte récente de poids, l’épuisement, la sédentarité, la lenteur de la marche et la faiblesse musculaire.

Ce travail est le premier du genre réalisé spécifiquement sur une population rurale âgée issue du monde agricole en France. Il montre que près de 9% des participants peuvent être considérés comme fragiles, contre 7% dans l’étude française des 3Cités menée sur une population exclusivement urbaine. L’écart de 2% peut s’expliquer en partie par l’âge moyen plus élevé des participants de l’étude AMI.

D’autres facteurs associés à la fragilité ont également été détectés : l’hypertension artérielle, les difficultés respiratoires, la dépression, la démence ou encore l’isolement social et le niveau de satisfaction de la vie.

Mais moins nombreux à vivre en institution et à être suivis médicalement

Seuls 3,5% des retraités agricoles suivis dans l’étude AMI vivent en institution (EHPAD). Ce faible taux se vérifie particulièrement pour les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et troubles apparentés : parmi elles 15,7% vivent en institution contre 40% des malades dans la cohorte Paquid (population globale des 75 ans et plus).

Plus de la moitié (52%) des participants d’AMI touchés par ces pathologies n’ont par ailleurs eu aucun recours à un médecin, contre 32% en milieu urbain (étude des 3Cités). Et 80% d’entre eux ne sont pas non plus répertoriés officiellement comme atteints par une affection longue durée dans les bases de données de l’assurance maladie (MSA).

En milieu rural, la prise en charge de la perte d’autonomie s’organise davantage autour du domicile ou dans le cadre d’autres formes d’hébergement : famille d’accueil, foyer logement… Le milieu agricole avec notamment ses traditions de solidarité familiale et de voisinage s’adapte beaucoup mieux, semble-t-il, au vieillissement, à la dépendance et aux autres troubles liés à la maladie d’Alzheimer et syndromes apparentés.

Le maintien à domicile semble par ailleurs préserver les retraités agricoles de la malnutrition. En effet, la prévalence de la malnutrition est faible à 1,4%, comparativement à l’étude réalisée dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées en Aquitaine en 2005 où elle était estimée à 19%.

Le niveau d’études, un facteur discriminant face à la maladie

L’étude AMI confirme également qu’un retraité agricole a deux fois plus de risque d’être atteint de troubles neuro-dégénératifs de type Alzheimer s’il n’a pas obtenu son certificat d’études primaires (16,6% contre 8,3%) et trois fois plus de présenter de multiples pathologies ou déficiences (48% contre 15%).

Un faible niveau d’études peut en effet être un indicateur indirect des conditions de vie et de travail, de la sensibilité aux messages de prévention, des difficultés financières d’accès aux soins notamment spécialisés (lunetteries, soins dentaires, prothèses auditives…). Les personnes ayant un moindre niveau d’études ont également deux fois plus de risques de souffrir d’une affection longue durée, notamment l’hypertension artérielle, l’insuffisance cardiaque, le cancer et le diabète.

Description de l’échantillon : les 1002 participants de l’étude sont âgés en moyenne de 76 ans et habitent l’une des 270 communes rurales du département de la Gironde. Environ 30% d’entre eux sont exploitants agricoles et 70% salariés. 37.5% sont des femmes, 24 % sont veufs ou veuves et un quart vivent seuls.

*Lancée en 2007 auprès de mille retraités agricoles, l’étude épidémiologique AMI (Initiée par Agrica en association avec la MSA et l’IFR de Santé Publique), est un programme unique de recherche multidisciplinaire mené sur le vieillissement et la dépendance en milieu rural et agricole. Elle est conduite par le Professeur Dartigues neurologue et spécialiste en santé publique à l’Université Bordeaux Segalen, Centre de Recherche Inserm U897. Cette étude met l’accent sur le vieillissement cérébral (maladie d’Alzheimer), fonctionnel (fragilité et dépendance) et l’identification des spécificités et inégalités de santé entre le milieu rural et le milieu urbain.

Publié le 12/01/2012 à 10:31 | Lu 1644 fois