Personnes âgées et polymédication (partie 2)

Ce n’est pas à proprement parler un phénomène nouveau : les aînés sont très (trop) souvent polymédicamentés. A l’occasion de la Journée internationale des personnes âgées, le laboratoire Teva a demandé à l’IFOP un sondage sur cette tendance qui pourrait devenir un problème de santé publique dans les années à venir. En voici les grandes lignes.


Ce que révèle l’ordonnance ?
L’analyse a été effectuée sur la base d’ordonnances anonymisées de 905 patients dont l’âge moyen et médian était de 77 ans et dont la médiane de prescription était de 7 médicaments par ordonnance (extrêmes de 3 à 23 médicaments prescrits).
 
Les ordonnances comportaient un total de 6.839 lignes de prescriptions sur lesquelles 33.636 associations de médicaments (par couple) ont été testées sur la base de drug.com, les bases de données internationales et les thésaurus officiels, pour étudier :
- Les interactions médicaments / médicaments et les aliments / médicaments
- Les adaptations posologiques potentielles
- Les prescriptions médicamenteuses potentiellement inappropriées chez les personnes âgées.
- Les prescriptions à risque de toxicité hépatocellulaire et/ou d’hépatotoxicité cholestatique
- Les prescriptions à risque potentiel cardiovasculaire
- Les prescriptions à risque rénal
 
Parmi les lignes de prescription :
Plus du tiers (34%) appartient à la classe ATC du système cardiovasculaire, 22% du système digestif-métabolisme et 19% du système nerveux. Une large majorité (83%) des patients étaient exposés à au moins une « Prescription Médicamenteuse potentiellement Inappropriée (PMI) », plus de la moitié (52%) à au moins deux PMI, près du quart (23%) à au moins trois PMI et 10% à au moins quatre PMI !
 
Sur cet échantillon d’ordonnances qui comportaient un minimum de trois médicaments par ordonnance, plus des trois-quarts (77%) des patients étaient potentiellement exposés à au moins deux interactions médicament/médicament (IMM) et 73% étaient exposés à au moins deux interactions aliment/médicament (IAM).
 
Pour ceux-ci, 27% des patients étaient potentiellement exposés à au moins une IMM majeure et 18% étaient exposés à au moins une IAM majeure. Enfin, une grande majorité (84%) des 905 patients recevaient au moins deux médicaments nécessitant une adaptation posologique selon la fonction rénale, car ils étaient potentiellement hépatotoxique(s) ou à risque cardiovasculaire.
 
Ce que révèlent les questionnaires ?  
Enseignements des questionnaires patients :
Compréhension des traitements :
- 29% des patients disent ne pas savoir pourquoi sont prescrits leurs médicaments.
- 56% sont en quête d’information sur leurs prescriptions dont 43 % recherchent des informations sur les notices dans les boîtes de médicaments.
- 85% des patients prennent et préparent seuls leurs médicaments.
 
Prise du traitement :
- 45% disent avoir déjà oublié de prendre leurs médicaments au bon moment.
- 43% disent n’avoir pas pris leur traitement car ils avaient l’impression que celui-ci faisait plus de mal que de bien.
 
Enseignements des questionnaires pharmaciens :
Conseils sur les médicaments :
- 49% des conseils délivrés par les pharmaciens portent sur les médicaments nouvellement prescrits et 15% sur tous les médicaments.
  
Conseils sur les risques d’interactions médicamenteuses :
- 26% alertent sur les interactions médicaments/médicaments.
- 30% alertent sur les interactions avec les aliments.
 
Connaissance des pathologies du patient par le pharmacien :
- Dans 53% des cas, le type de pathologie n’est pas connu de façon précise par le pharmacien. Parmi les patients, 96% recevaient au moins un médicament nécessitant une adaptation posologique en cas d’IRC, alors que seuls 6% des pharmaciens ont déclaré connaître la fonction rénale de leurs patients.
 
Cette étude a été conduite pendant deux ans en partenariat avec le service ICAR de l’hôpital de la Pitié Salpêtrière et porte sur l’analyse de 1 000 ordonnances de personnes âgées de plus de 65 ans polymédiquées.

Publié le 03/10/2016 à 01:00 | Lu 1640 fois