Paris : le logement des personnes âgées, leur profil et leurs projets

L’ADIL 75 vient de publier une intéressante étude sur les conditions de logements des personnes âgées à Paris. Menée entre juin et décembre 2010 auprès de quelques 500 personnes âgées de 65 ans et plus, cette grande enquête révèle d’importantes disparités, notamment entre propriétaires et locataires et une très faible anticipation de l’évolution des besoins liés au vieillissement… Détails.





Comme la quasi totalité des pays développés, la France connaît, depuis les années 70 et 80, un important vieillissement de sa population. Ce phénomène est appelé à se poursuivre, sous l’effet conjugué de l’accroissement de l’espérance de vie et de l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération des « baby boomers ».

Ainsi, d’après les projections de l’INSEE, la part des plus de 65 ans dans la population française devrait s’élever à 26,2 % en 2050, contre quelques 16,7% en 2010 – et 11,4% en 1950. Ce processus est moins marqué à Paris que sur le reste du territoire national. Avec, en 2006, quelques 307.000 parisiens âgés de 65 ans ou plus, soit 14% de sa population totale, la capitale figure parmi les départements qui comptent les plus faibles parts de seniors.

Alors qu’elle augmentait dans le reste du pays, cette proportion a baissé entre les années 70 et 90, la capitale attirant de nombreux jeunes ménages, quand une part des parisiens âgés choisissait au contraire de quitter la ville au moment de la retraite. Le vieillissement de la population parisienne amorcé à la fin des années 90 devrait néanmoins se poursuivre, compte tenu de l’avancée en âge des « baby boomers » et de la diminution des migrations à l’âge de la retraite en registrée depuis une dizaine d’années.

L’élaboration de politiques publiques visant à répondre aux besoins générés par ce vieillissement s’est accélérée depuis les années 1990, avec notamment la création de l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) en 2002. La politique du logement, actuellement dédiée au soutien à la construction et à la mixité sociale, reste peu intégrée à ces mesures en faveur des personnes âgées. Le logement paraît pourtant être un facteur crucial de « bien vieillir », tant l’impact de son emplacement, de son confort, ou de son adaptation sont importants sur la possibilité du maintien du lien social et de l’autonomie de la personne âgée.

C’est pourquoi l’ADIL 75 a souhaité enquêter et mieux connaître les conditions, les comportements et les projets en matière de logement des seniors parisiens. Cette étude s’appuie sur une enquête réalisée auprès de 500 personnes âgées de 65 ans et plus ayant consulté les permanences juridiques de l’ADIL 75 (cf. questionnaire en annexe). Si ces données recoupent largement les résultats d’enquêtes précédentes, la relative faiblesse de l’échantillon, ainsi que la spécificité du public de l’ADIL 75, essentiellement issu de classes moyennes ou populaires, limite la portée de certaines des observations relevées au cours de l’étude.

En 2001 l’ADIL 75 avait réalisé une enquête similaire. Dix ans après, elle revient sur les dernières évolutions… Même si les grandes tendances demeurent… Détails.

Paris : le logement des personnes âgées, leur profil et leurs projets
Les locataires, des revenus plus faibles et des dépenses plus importantes

Très nettement majoritaires (les deux tiers du panel) les locataires disposent en moyenne de revenus très inférieurs à ceux des propriétaires (1.552 euros pour les premiers, 2.364 pour les seconds). Le loyer moyen s’élève à 576 euros par mois, soit un taux d’effort de 37%.

Des personnes installées de longue date dans leur logement, et décidées à y rester…

Près de la moitié (43%) des personnes interrogées occupent leur logement depuis plus de 30 ans. A 52%, elles sont satisfaites du confort de leur logement et n’envisagent d’en déménager que dans 17% des cas – les candidats au déménagement aspirant avant tout à trouver un logement social, dans leur quartier.

... malgré l’inadaptation au vieillissement

Près d’un tiers des sondés estime pourtant que leur logement ne répondra pas à leurs besoins en avançant en âge
– près d’un quart d’entre eux vivant dans un immeuble dépourvu d’ascenseur. Pourtant, seules 15% des personnes envisagent la réalisation de travaux d’adaptation. Par ailleurs, les locataires rencontrent fréquemment des difficultés à faire exécuter les travaux qui relèvent de la responsabilité des bailleurs : les travaux de réfection électrique figurent au premier rang des récriminations.

Des aides multiples, parfois méconnues

Nombreuses, les aides aux personnes âgées relèvent de responsabilités multiples (collectivités, département, sécurité sociale, etc.). Malgré la création des points Paris Emeraude, les usagers ne font pas toujours appel aux aides auxquels ils sont éligibles.

Une très faible anticipation de la dépendance

Seul un tiers des personnes de notre panel envisage une solution en cas de perte d’autonomie – une proportion plus réduite encore parmi les personnes disposant de faibles revenus, pourtant particulièrement dépourvues face aux besoins engendrés par la perte d’autonomie. Les personnes rencontrées sont peu sensibles à une information préventive, seule l'information de crise prévaut lorsque survient l'urgence.

Cette étude a été menée entre juin et décembre 2010 auprès de quelques 500 personnes âgées de 65 ans et plus, lors des consultations des conseillers de l’ADIL 75.

Article publié le 22/06/2011 à 08:01 | Lu 2970 fois