Par amour de l’autre ou comment motiver l’adhésion au dépistage de trois cancers tabous ?

La Semaine nationale de lutte contre le cancer se déroulera à partir de lundi prochain, du 17 au 23 mars prochain, partout en France. Pour cette édition, la Ligue nationale contre le cancer, avec le relais actif de ses 103 Comités départementaux sur le terrain, a choisi de mettre à l’honneur le dépistage de trois organes sexués ou tabous : sein, col de l’utérus et côlon-rectum. Pour éveiller les prises de conscience et normaliser cet acte qui trop souvent effraie, la ligue n’a pas hésité à aborder ces sujets délicats par le biais de l’humour.


Par amour de l’autre… Tel est le titre de la campagne d’information publique menée par la Ligue. Un choix original du proche (et non pas de la personne directement concernée) comme levier de motivation.

La ligue est en effet le seul acteur de la lutte contre le cancer à pouvoir mener des actions dynamiques impliquant les proches qui occupent le rôle central de prescripteurs des dépistages.

« Lever le frein du manque d’intérêt pour sa propre santé et jouer sur la corde sensible de la santé de ses proches tel est le point d’orgue du programme de la Ligue pour motiver l’adhésion au dépistage », précise Christophe Leroux, délégué à la communication et au développement à la Ligue nationale contre le cancer.

Une campagne de sensibilisation sur le registre de l’humour pour dédramatiser le dépistage
Généreusement, Binet (Les Bidochon), Florence Cestac (Le Démon de midi), Moebius (Le Monde d’Edena), Nicolas Pierre (Le Pharmacien de France), Vuillemin (Les Sales Blagues) et Zep (Titeuf), ont mis leur talent au service de l’action de sensibilisation au dépistage. La bande dessinée, à la fois décalée et universelle, est intrinsèquement ludique. Elle fait passer des messages forts à un large public de manière plus légère et permet de dédramatiser un sujet tabou.

« Outre l’augmentation des taux de participation au dépistage pour les cancers du sein, du côlon et du col de l’utérus, les bénéfices attendus d’une telle campagne sont une amélioration de la relation au dépistage des cancers en général, et aussi un moyen de redire à la population, aux professionnels de santé et aux responsables politiques que les Comités départementaux de la Ligue sont présents, disponibles et actifs sur tout le territoire national pour optimiser la prise en charge du dépistage du cancer » indique le Docteur Henri Bastien, secrétaire général adjoint à la Ligue nationale contre le cancer.

Au final, les trois missions de la campagne « par amour de l’autre » sont : la dédramatisation du dépistage par le décalage ou l’humour ; la normalisation de l’acte ; et l’engagement du proche pour motiver l’adhésion au dépistage.

Ce seront les 103 Comités départementaux de la Ligue qui relaieront cette campagne grâce à de multiples actions de sensibilisation. Au-delà d’une large diffusion nationale de la campagne, des milliers de passeports dépistage originaux et ludiques comportant trois bons (un par organe dépisté) seront distribués aux proches sur le terrain. Chaque proche cumulant le recueil de trois engagements de dépistage recevra un cadeau (en lien avec l’univers de la BD)..
Par amour de l’autre ou comment motiver l’adhésion au dépistage de trois cancers tabous ?

Par amour de l’autre, par le professeur Francis Larra, président de la Ligue nationale contre le cancer

Par amour de l’autre ou comment motiver l’adhésion au dépistage de trois cancers tabous ?
Chacun perçoit sa propre santé selon des critères subjectifs et très personnels. Inciter au dépistage en s’adressant aux individus directement concernés revient à se heurter à l’intimité de sa propre relation avec sa santé.

Si ce dialogue met en scène de surcroît la problématique de certains cancers, il devient alors encore plus complexe. Pour rajouter à cela une difficulté supplémentaire, lorsqu’il s’agit du dépistage de certains cancers d’organes sexués ou tabous, la promotion de celui-ci constitue un défi plus aigu encore.

Or, singulièrement pour les cancers du sein, du col de l’utérus et du côlon-rectum, le dépistage est une arme particulièrement efficace ; une arme de vie puisqu’elle permet de préserver, justement, de nombreuses vies. La Ligue contre le cancer a pour mission de lutter contre le cancer sur tous les fronts. Premier financeur privé et indépendant de la recherche, développeur de missions pour et avec les personnes malades et leurs proches, promoteur d’actions de prévention et de gestion des risques, la Ligue est aussi médiateur pour l’adhésion aux programmes de dépistage des cancers cités.

Elle est enfin nécessairement militante pour une éducation populaire à la santé qui n’exclue personne, plaçant particulièrement les populations précaires ou éloignées des campagnes nationales de sensibilisation, au cœur de toute action pour rendre le savoir, la connaissance et la formation accessibles au plus grand nombre.

C’est pourquoi, la Ligue se mobilise, à l’occasion de la Semaine nationale de lutte contre le cancer, édition 2008, pour normaliser la relation que chacun devrait avoir avec l’idée du dépistage de certains cancers. Pour cela, elle s’appuie sur son maillage territorial et l’ensemble de ses militants de proximité pour diffuser une campagne innovante qui brise certains codes pour mieux répondre aux enjeux définis plus haut.

Choisir l’humour pour dédramatiser, se servir d’un vocabulaire simple et le plus proche possible de celui employé par la population, recourir à l’illustration pour faire passer des messages, sont les axes de cette campagne. Mais pour aller plus loin, la Ligue a choisi de s’adresser aux proches des personnes directement concernées par ces dépistages. « Je t’aime, je tiens à toi, alors, je veux que tu te fasses dépister » : l’amour de l’autre est une motivation puissante d’une part et d’autre part, cette démarche permet d’engager le dialogue sur ce sujet si sensible et encore trop tabou : le cancer.

« Pour lever les freins au dépistage, il est très rentable de rallier le proche en tant que prescripteur. De surcroît, il est établi que les hommes sont particulièrement réfractaires au dépistage, surtout celui du cancer colorectal, et que leur partenaire féminine est la personne plus efficace pour les y inciter, se montrant même plus influente que le médecin du travail » remarque de son côté Christophe Leroux, délégué à la communication et au développement à la Ligue nationale contre le cancer

Gageons que grâce à la collaboration gracieuse de six prestigieux dessinateurs et de l’engagement de toute la Ligue, grâce à tous les médias nationaux ou régionaux qui la relaieront, cette campagne soit un succès et son outil principal, le passeport-dépistage, soit très largement diffusé.

• Sein : 1er cancer féminin avec 49 814 cas recensés chez la femme, 11 201 décès. Objectif : 70 % d’adhésion pour que le programme de dépistage organisé soit efficace.
• Col de l’utérus : 3 068 cas et 1 067 décès. 90 % des décès pourraient être évités grâce à un dépistage systématique par le frottis cervico-vaginal.
• Côlon-rectum : 2e cancer le plus fréquent chez la femme et le 3e chez l’homme avec 37 413 cas et 16 865 décès.

Source chiffres – février 2008 :
INCA et InVS - présentation des dernières données d’incidence et de mortalité par cancer en France et des tendances des 25 dernières années (1980 – 2005).

Le passeport dépistage : un outil unique

Par amour de l’autre ou comment motiver l’adhésion au dépistage de trois cancers tabous ?
Le passeport est un nouvel outil de sensibilisation qui pourra vivre au-delà de la Semaine nationale. Son objectif est d’informer le public concerné par le dépistage (qu’est-ce que le dépistage, son importance, où se renseigner, etc.) et surtout engager le destinataire à faire dépister trois de ses proches (coupon-réponse).

A noter : pour encourager cette démarche un cadeau sera remis aux parrains qui renverront un minimum de 3 coupons réponse complétés situés à la fin du passeport. Grâce à ce livret, le lecteur va ainsi pouvoir informer ses proches concernés, et les parrainer pour qu’ils s’engagent à effectuer le dépistage de certains cancers : sein, côlon et col de l’utérus.

Le passeport dépistage qui symbolise à lui seul le fonctionnement de la campagne d’information de la Ligue, réaffirme la puissance de son maillage territorial via ses 103 Comités départementaux. « Le rôle des médecins généralistes reste incontournable dans l’adhésion au dépistage », souligne le docteur Henri Bastien, secrétaire général adjoint à la Ligue nationale contre le cancer.

Le dépistage du cancer du sein, le plus fréquents des cancers féminins

Par amour de l’autre ou comment motiver l’adhésion au dépistage de trois cancers tabous ?
Le cancer du sein demeure le cancer le plus fréquent chez la femme. Le nombre de nouveaux cas pour l’année 2005 a été estimé à 49 814.

Il représente également chez la femme le premier cancer en termes de mortalité avec 11 201 décès en 2005. L’incidence du cancer du sein croît régulièrement depuis 1980, de + 2,4 % en moyenne par an, alors que sa mortalité diminue de 1,3 % chaque année.

En France, un programme de dépistage organisé du cancer du sein, mis en place dans le cadre du Plan cancer depuis mars 2004, permet à toutes les femmes de 50 à 74 ans de bénéficier d'une mammographie de dépistage gratuite (pas de forfait de 1 euro) tous les deux ans, complétée d’un examen clinique et d’un questionnaire médical qui permettra au radiologue de connaître les antécédents familiaux et personnels des patientes. Le taux de participation a été proche de 50 % en 2006 ; l'objectif à atteindre étant de 70 % au minimum pour que ce programme soit pleinement efficace.

La mammographie, la technique de dépistage du cancer du sein
Le dépistage du cancer du sein repose sur la mammographie avec double lecture des clichés, selon une charte radiologique précise. Pratiquée régulièrement, celle-ci détectera des cancers du sein à un stade précoce. Il en résultera des traitements moins lourds et une amélioration des chances de guérison.

Les clichés radiologiques des seins, considérés comme normaux, sont lus par deux équipes d’experts, apportant ainsi la garantie d’un meilleur diagnostic. Lorsqu'une anomalie est décelée, d'autres examens complémentaires (échographie, ponction ou biopsie) permettent de confirmer ou non la présence d’un cancer.

Le dépistage mammographique a fait les preuves de son efficacité. Les résultats de nombreuses études ont montré qu’il permet de réduire la mortalité par cancer du sein de l’ordre de 30 % chez les femmes. Sur plus de 1,6 million de femmes vues en dépistage organisé en 2004, il a été détecté 6,6 cancers pour 1 000 femmes et parmi les cancers

Les chiffres InVS du dépistage en 2004
• 1 608 397 femmes dépistées.
• Taux de participation : 40 %.
• Taux de mammographies : 11 %.
• Surveillance nécessaire pour ces mammographies positives : 4 %.
• 10 640 cancers découverts soit 6.6 /1000 femmes.
• Parmi ces cancers : 6.7 % retrouvés par le 2e lecteur. dépistés, 6,7 % d’entre eux ont été retrouvés en deuxième lecture, ce qui confirme la qualité du dépistage organisé.
A noter : La mammographie dépiste les micro-cancers (inférieur à 10 mm et sans envahissement ganglionnaire, donc de bon pronostic). Il en résulte un allégement des traitements et une guérison quasi certaine de la maladie.

Où s’adresser ?
Médecins généralistes et gynécologues répondent aux interrogations sur le dépistage organisé. A partir de 50 ans, les femmes reçoivent, tous les deux ans, de la structure de gestion du dépistage, une invitation pour une mammographie gratuite, avec la liste des radiologues de leur département participant au dépistage organisé du cancer du sein. Pour cela, la participation et le rôle éducatif du médecin traitant sont indispensables. Il convient d’identifier les femmes à risque et ne pas négliger une lésion mammaire, même minime, qui conduira au moindre doute à une mammographie et, éventuellement, à un prélèvement.

La mammographie de dépistage effectuée dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein est gratuite, sans avance de frais. En revanche, les examens complémentaires (échographie, cytoponction, etc.) destinés à établir le diagnostic sont payants. Ils sont remboursés à 70 % par la caisse d’assurance maladie.

Pour connaître les coordonnées de la structure de gestion du programme du dépistage organisé, adressez-vous au Comité de la Ligue contre le cancer de votre département :
www.ligue-cancer.net ou 0810 111 101 (prix d’un appel local)

Le dépistage du cancer du côlon-rectum, 3ème cancer le plus fréquent

Par amour de l’autre ou comment motiver l’adhésion au dépistage de trois cancers tabous ?
Le cancer du côlon-rectum, avec 37 413 nouveaux cas estimés (17 500 chez la femme, 19 913 chez l’homme) et 16 865 décès (7 964 chez la femme et 8 901 chez l’homme) en 2005, est le 2e cancer le plus fréquent chez la femme et le 3e chez l’homme. Les taux de mortalité diminuent depuis 1980, liés à une amélioration des traitements et non encore du fait du dépistage.

Les pouvoirs publics proposent aujourd’hui aux hommes et aux femmes de 50 à 74 ans un dépistage organisé du cancer colorectal par la recherche de sang non visible dans les selles. Aujourd'hui proposé dans la très grande majorité des départements français, il est en voie de généralisation sur l'ensemble du territoire national courant 2008. Pour être efficace, 50 % au moins de la population concernée doit participer à ce dépistage.

Le dépistage organisé du cancer colorectal est préconisé tous les deux ans.
16 millions de personnes environ sont ainsi concernées dans l'Hexagone. Ce dépistage repose sur un test permettant de détecter des traces de sang occulte (non visible) dans les selles grâce à un test au gaïac (Hemoccult II ®). Ce test permet de révéler, par leur saignement microscopique, les gros polypes qui se transforment en cancer. On sait toutefois qu’il ne détecte qu’un cancer sur deux et un gros polype sur cinq, mais la répétition des examens permet d’améliorer ce taux. « De nouvelles techniques immunologiques plus sensibles sont actuellement en cours d’évaluation et pourraient être mise en oeuvre d’ici un à deux ans.

Grâce au dépistage organisé, on espère une diminution de la mortalité de 15 à 20 % parmi la population générale, souligne le docteur Henri Bastien, secrétaire général adjoint à la Ligue nationale contre le cancer.

Le test Hemoccult II ® et la coloscopie pour dépister le cancer du côlon-rectum
Le test Hemoccult II ® est constitué par une plaquette comportant deux petites fenêtres imprégnées d'un réactif à base de gaïac. On prélève un petit fragment de selles de la taille d'une lentille ou d'un grain de riz, avec une des spatules fournies et on le dépose sur chaque fenêtre. Cet examen est pratiqué trois jours de suite, sur chacune des trois plaquettes fournies pour un examen. Les trois plaquettes (identifiées par une fiche et des étiquettes) sont alors envoyées au laboratoire du centre d’analyses dans une enveloppe pré-affranchie.

Résultats des départements pilotes en 2007 :
• 50 % de participation.
• 2 à 3 % d’Hémoccult II ® positifs.
• Seulement 80 % de coloscopies faites après un examen positif.
• 40 à 50 % de cancers retrouvés après un Hemoccult II ® positif.

Si le résultat confirme la présence de sang dans les selles, le médecin généraliste prescrit une coloscopie pour confirmer ou infirmer la présence d’un polype ou d’une lésion cancéreuse.

Où s’adresser ?
Ce dispositif est géré au niveau de chaque département par des structures de gestion via un cahier des charges précis et un recensement des patients en relation avec les caisses d’assurance maladie. Pour plus d’informations : médecins généralistes et gastro-entérologues sont en mesure de vous répondre sur ce dépistage organisé

Publié le 14/03/2008 à 11:55 | Lu 11825 fois