Papi-sitter : entretien avec Olivier Marchal qui revient en grand-père "beauf et relou"

Grand retour de Gérard Lanvin dans ce nouveau film de Philippe Guillard qui joue avec son ami Olivier Marchal. Ils sont réunis pour interpréter en tandem, les grands-pères (radicalement opposés) de Camille, leur petite-fille qui n’est absolument pas prête pour son bac… Entretien avec Olivier Marchal, le grand-père beauf' et relou.


Comment avez-vous été embarqué dans cette aventure ?
Tout est parti de la complicité qui s’était créée entre Philippe, Gérard et moi sur Le fils à Jo. Le tournage avait été comme on les aime, un peu à la Georges Lautner : convivial, épicurien, rigolo et en même temps, impeccable sur le plan du travail !
 
Quand tout se passe comme ça, on n’a qu’une envie, c’est de recommencer. On s’était donc juré de retravailler un jour ensemble. Parallèlement, il se trouve que le père de Philippe était venu sur ce tournage. Comme il nous avait bien fait rire avec ses tics d’ancien gendarme, Gérard avait demandé à Philippe de lui écrire un personnage qui lui ressemble.
 
Philippe s’était mis à l’ordinateur et avait imaginé une histoire de « Papi-Sitter ». Gérard lui ayant demandé de la corser et de m’y faire une petite place, Philippe a créé un autre papi et je suis entré en piste. J’étais heureux comme un roi à la perspective de jouer, avec mes amis, un rôle écrit sur mesure, et dans une comédie. Loin de ces personnages de flics ou de voyous qui me collent à la peau depuis mon arrivée dans le métier.
 
À vous entendre, on peut croire qu’entre Philippe Guillard, Gérard Lanvin et vous, c’est devenu, comme pour Les Trois Mousquetaires : « un pour tous, tous pour un » ?
Un peu oui ! (Rires) Mais mon amitié avec Philippe est plus ancienne. Elle remonte à 1999. Fan de rugby, comme beaucoup dans le sud-ouest, je connaissais le joueur Philippe Guillard, mais je ne l’avais jamais rencontré. J’ai fait sa connaissance grâce à Vincent Moscato, quand est sorti son premier livre Petits bruits de couloir.
 
J’étais tombé raide d’admiration pour ce livre constitué de nouvelles sur et autour du ballon ovale. Il n’était pas « boutique », c’était un vrai livre d’écrivain, constitué de récits formidables, à la fois drôles, sensibles et touchants. Dans la simplicité chaleureuse de son écriture, j’ai eu l’impression de découvrir le Marcel Pagnol du sud-ouest.
 
Entre Philippe et moi, ça a tout de suite collé et on ne s’est plus quitté. On a tous les deux la même sensibilité, les mêmes larmes, les mêmes chagrins, les mêmes doutes, la même humilité, et les mêmes passions : les amis, la bouffe, la picole et, bien sûr le sud-ouest et le rugby.
 
Même si nous ne sommes pas des anges (Rires), on partage aussi les mêmes valeurs morales : on aime notre prochain et on respecte les anciens. Plus tard, au cours d’un apéro organisé par Philippe, je me suis rendu compte que Gérard était exactement comme nous. On est devenu copains. Depuis, on a tourné trois films ensemble, Papi-sitter étant le troisième.
 
Quand Philippe vous annonce qu’il a écrit pour vous un rôle de grand-père, comment le prenez-vous, vous qui n’avez joué jusque-là que des « durs » ?
Le rôle est tellement bien écrit qu’il me fait surtout rire et j’en oublie que Teddy est un papi. Philippe est fort, il a mis tellement de moi dedans, il l’a rendu tellement rock’n’roll, que je n’aurais pas à le composer, j’aurais juste à trouver l’énergie de son extravagance. Quand on se reconnait à ce point dans un personnage, son âge passe au second plan. Quand vous en prenez conscience c’est trop tard, vous êtes « coincé » par l’envie de jouer ! (Rires)
 
Et puis, les grands-pères d’aujourd’hui n’ont plus grand chose à voir avec ceux de la génération précédente qui avaient connu la guerre, fait des enfants tard et étaient fatigués. On est souvent papi à moins de soixante ans. Une bonne partie de la vie est encore devant…
 
En dehors de votre rôle, qu’est-ce qui vous séduit dans ce film ?
Le scénario. Je trouve formidable cet attelage de deux grands-pères qui tirent à « hue et à dia » pour emmener leur petite-fille décrocher le baccalauréat ! Leurs scènes de « bagarre » me font mourir de rire. J’aime aussi la manière dont a été écrite « Camille ». Elle donne au film une énergie incroyable. Dans sa gaité, son insolence et sa façon de charmer pour ne rien faire, elle est très juste ! Je parle en connaissance de cause. J’ai la même à la maison.
 
Comment êtes-vous devenu Teddy ?
Je n’ai pratiquement rien eu à faire. Comme je vous l’ai dit plus haut, Teddy, sur le papier, c’était presque comme mon alter ego. Je n’ai eu qu’à « obéir » au texte. Tout était écrit. Sinon, je travaille à l’instinct.
 
L’acteur « stanislavskien » qui souffre et se met psychologiquement en danger, très peu pour moi. Christopher Walken dit que « quand un acteur a son costume, il a son personnage ». Je suis d’accord avec lui. J’ai besoin très vite de mon costume. En matière de « jeu », l’habit fait le moine. Si j’adore le théâtre, c’est parce qu’on répète environ un mois en costume.
 
Vous préparez-vous physiquement ?
Cela dépend du rôle. Comme pour moi l’embonpoint ou la maigreur font partie du costume, il m’arrive de me transformer. Pour jouer un voyou dans Truands de Frédéric Schoendoerffer, par exemple, j’avais perdu 7 kilos en deux mois de musculation quotidienne dans une salle de sport.
 
Comme je « bastonnais » beaucoup dans le film et que j’avais des scènes nu en slip kangourou, il fallait vraiment que j’ai la tête de l’emploi. Le personnage est venu quand je me suis senti assez costaud. À l’inverse, j’avais pris 20 kilos pour devenir un beauf infâme devenu chef de résistance…
 
Cela dit, en général, on me prend pour ce que je suis au naturel : un ancien flic devenu un ours mal léché. C’est ce qui explique que j’ai beaucoup collectionné les polars et les rôles de « durs ». À cause de mon gabarit, j’appartiens plutôt à la famille des Jean Gabin, des Bertrand Blier, des Jean-Paul Belmondo et des Lino Ventura. Et j’ai bien conscience que je ne peux pas tout jouer.
 
Auriez-vous pu échanger vos rôles avec Gérard ?
Si Philippe me l’avait demandé, je l’aurais peut-être accepté, en sachant que j’aurais un travail de composition considérable. (Rires) Mais honnêtement, en voyant le film terminé, je pense que cela aurait été une bêtise, parce qu’on est, je crois, chacun à la bonne place.


Publié le 09/03/2020 à 01:00 | Lu 2351 fois