Montessori : méthode alternative pour les ainés atteints de troubles cognitifs

Les intérêts de la méthode Montessori adaptée aux personnes âgées présentant des troubles cognitifs (type Alzheimer) ont été étudiés dans un certain nombre de travaux scientifiques à travers le monde ces dernières années. En voici les principaux enseignements.





Initiée en 1896 par Maria Montessori (1870-1952), première femme médecin en Italie, cette pédagogie conçue pour des enfants (Aide-moi à faire seul »*) repose sur leur observation, leur éducation sensorielle et leur épanouissement par l’activité qu’ils accomplissent eux-mêmes. Il est essentiel, selon Maria Montessori, de prendre en compte leurs besoins et leurs capacités : qu’aiment-ils faire, que sont-ils capables de faire ? Et de développer l’éveil du lien aux autres. Quant à l’environnement, il doit soutenir les comportements et l’autonomie. 
 
La même démarche a depuis, été adaptée par le Pr Cameron Camp pour les personnes ayant la maladie d'Alzheimer. « Nous devons penser à ces personnes d’une manière différente, au lieu de se concentrer sur leurs problèmes et leurs déficits. Il faut aller chercher les capacités préservées » explique-t-il.

​La vision Montessori : donner le choix

L’élément central est de réattribuer à ces personnes le contrôle sur leur vie à travers notamment les notions de choix et de liberté. Comment ?  En leur redonnant le contrôle sur ce qu’elles vivent, via des choix proposés tout au long du quotidien, en s’appuyant sur leurs capacités. Chaque interaction est en réalité une occasion d’offrir des choix : qu’ont-elles envie de porter comme vêtements, quelles activités souhaitent-elles faire, qu’ont-elles envie de manger ?
 
En maison de retraite, les personnes âgées peuvent également être impliquées dans les décisions collectives sur la vie de l’institution via des comités de résidents : quelles sorties, quelles fleurs dans le jardin, ... 
 
Un exemple : comment faut-il appeler une personne âgée en maison de retraite ? 
La réponse traditionnelle : par son nom de famille, c’est une marque de respect. 
Chez Montessori : la seule marque de respect est de poser la question à la personne. Pour certains, c’est important d’être appelé par leur prénom. Le vrai respect est celui de leur choix, de leur décision.

Au fil du temps, plusieurs études scientifiques se sont penchées sur cette méthode, elles ont mis en évidence les choses suivantes.
- l’efficacité de la méthode sur l’amélioration de l’engagement et des affects positifs durant les activités, en comparaison à des activités traditionnelles
- les effets bénéfiques de cette méthode sur l’autonomie en vie quotidienne, les interactions sociales dans les activités, les problématiques de comportement, notamment une baisse des comportements d’agressivité et d’agitation
- le fait que les activités Montessori étaient plus particulièrement efficaces pour les personnes présentant des troubles cognitifs sévères et des capacités verbales réduites et donc sur la qualité de vie des personnes et de leur entourage.

Une étude publiée en 2016, par Dewitt-Hobblit et collaborateurs a évalué au sein de seize établissements accueillant des personnes présentant une « démence » l’impact d’un programme associant les principes de la méthode Montessori à un programme visant à organiser de manière adaptée des activités tout au long de la journée pour les résidents. Les résultats mettent tout d’abord en évidence une réduction marquée de la consommation de psychotropes (neuroleptiques, anxiolytiques, antidépresseurs et hypnotiques).

A noter que la consommation d’hypnotiques a baissé en moyenne de 96% dans ces établissements, ce qui s’explique aisément par le fait que les résidents étant engagés dans des activités tout au long de la journée, ils n’ont plus besoin d’un traitement pour dormir le soir.

De manière intéressante, cette baisse s’accompagne d’une réduction très significative des problématiques de déambulation et d’agitation (respectivement de 85 et 87% en moyenne), confirmant que lorsque les personnes sont engagées dans des activités porteuses de sens, elles ne présentent pas en même temps des comportements problématiques.

Ces bénéfices s’accompagnaient en outre d’une amélioration du sommeil et des résidents et d’une augmentation de leur poids. A noter que plusieurs résidents (en moyenne 10 par établissement) ont récupéré de l’autonomie dans des actes de bases de la vie quotidienne (alimentation, toilette, habillage, etc.).

Enfin, des bénéfices sur le fonctionnement des institutions furent également observés, notamment une diminution du turn-over des équipes soignantes et une augmentation du taux d’occupation des lits.

Trois études récentes ont aussi montré une amélioration de la capacité à s’alimenter de manière autonome chez des personnes atteintes de démence vivant en institution, avec un bénéfice sur toutes les mesures nutritionnelles notamment, après avoir appliqué les principes de la Méthode Montessori à cette activité particulière et en utilisant des activités Montessori comme support de rééducation. A noter que les effets de ces interventions se maintenaient au-delà de 6 mois.

*la devise de Maria Montessori

Article publié le 15/06/2016 à 03:58 | Lu 5904 fois