Mexique 1900-1950 : belle expo au Grand Palais à Paris

Ne manquez pas cette exposition qui au-delà des figures emblématiques de l'art mexicain va vous permettre de découvrir de réels talents et un mélange des cultures des plus intéressants. De Diego Rivera à Frida Khalo en passant par José Clemente Orozco ou encore Maria Izquierdo. A voir au Grand Palais jusqu’au 23 janvier 2017.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 15/12/2016

Mexique 1900-1950 : belle expo au Grand Palais à Paris
Au début du 20ème siècle, plusieurs artistes mexicains boursiers de leur gouvernement se sont rendus en Europe pour y découvrir les avant-gardes postimpressionnistes et se mesurer au futurisme et au cubisme. Après de nombreuses années passées en France, des artistes comme Diego Rivera, Zarraga et Montenegro se sont fait connaitre et reconnaitre au sein des avant-gardistes parisiens.
 
Mais la révolution mexicaine qui éclate alors dans leur pays les amène à réfléchir sur leur engagement politique et esthétique et à retourner au Mexique. D'autres au contraire décidèrent de rester en Europe. La révolution mexicaine joua  un rôle essentiel dans leur histoire, dans la mesure où la société en sortit très modifiée tant d'un point de vue politique, historique que culturel.
 
Le muralisme élaboré à partir des récits de la Révolution reste sans aucun doute la forme la plus élaborée d'une expression artistique ancrée dans le nationalisme. Trois grands artistes, Diego Rivera, José Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros constituent les représentants les plus célèbres de ce courant pictural. De fait, à l’époque, la peinture murale fut énormément encouragée par les autorités qui voyaient là, un formidable outil de propagande des idéaux de la Révolution !

José Clemente Orozco (1883-1949) est connu plus particulièrement pour ses œuvres murales comme de chevalet d'où se dégage une très grande violence. La Révolution apparaît ici pleine de contradictions et de doutes : une vision pessimiste et terriblement triste du peuple et de son avenir. Ses sculptures et ses photos sont là aussi pour illustrer cette même réflexion.
 
David Alfaro Siqueiros (1896-1974) quant à lui, fut probablement l'artiste le plus engagé. Son but: créer un art public accessible à tous. La peinture murale devient alors son mode d'expression et d'engagement de la lutte ouvrière. Le machinisme et les progrès techniques sont pour lui aussi, une source d'inspiration. La lutte des classes va toujours de pair avec l'Art, considéré comme un outil politique dans Fresques du plafond de l'hospice Cabanas de Guadalajara, fin des années 30. Cet hôpital dont la chapelle a été décorée par Orozco est inscrit au patrimoine de l'Unesco depuis 1997.
 
Diego Rivera (1886-1957) bien qu'au contact des avant-gardes européennes jusqu'en 1921 n'eut pour objectif que la valorisation des arts mexicains et de l'histoire de son pays sous plusieurs formes. Son art fut cependant essentiellement figuratif, mettant en scène le peuple indien et métis artisan de sa propre grandeur. Cf.  L'Homme contrôleur de l'univers en 1934 ou bien l'Héritage de l'Indépendance ou encore le Mexique pré-hispanique et colonial dans les années 1930. 

Mexique 1900-1950 : belle expo au Grand Palais à Paris
Diego et Frida (1907-1954), couple mythique
Un jour, alors que Diego est en train de peindre une fresque, une jeune fille de 15 ans l'observe, se fait remarquer et se promet d'être sa femme. Mais c'est six ans plus tard que la véritable rencontre se produira chez l'artiste Tina Modotti, personnage emblématique du moment ! Entre temps, Frida a été victime d'un horrible accident dans un bus qui l'a laissera handicapée à vie.
 
C’est pendant sa longue convalescence qu’elle découvre la peinture : en effet, sa mère lui fit fabriquer au-dessus de son lit à baldaquin, une sorte de chevalet mobile avec un système qui lui permettait de dessiner allongée grâce à un miroir dans lequel elle pouvait se voir. « Je suis heureuse de ma vie tant que je puis peindre » disait-elle ; Diego et Frida se marient le 21 août 1929.
 
Divorces et remariages vont alors se succéder. Les disputes violentes et les provocations sexuelles se poursuivent. Frida peint des natures-mortes, des portraits et des autoportraits ; ses sources d'inspiration sont multiples et ses combats aussi : pour l'égalité et pour le Communisme. Cf. en 1939, Les Deux Frida ; en 1951, Nature morte ; en 1938, le Cadre (autoportrait) ; en 1944, Double Portrait, Diego et Moi. Elle meurt le 2 juillet 1954. Ses cendres reposent chez elle à la Casa Azul sur le fameux lit à baldaquin, dans une urne qui a la forme de son visage.
 
Maria Izquierdo ; L'enfant indifférente (1947)
On sait que la Révolution mexicaine eut un fort impact sur la société civile et tout particulièrement sur les femmes qui se virent obligées d'assumer de nouveaux rôles, tout d'abord dans la lutte armée, puis ensuite dans la culture et l'éducation. A découvrir, « Les soldaderas », ces femmes qui suivaient les troupes révolutionnaires que l'on comparait aux « femmes fortes » de la Bible. Dans le domaine artistique, leurs recherches ne sont pas négligeables : Cf. Dolores Olmedo (1908-2002) ou Maria Izquierdo (1902-1955) ou Nahui Olin (1894-1978) etc.

Cette école mexicaine symbolisée par « les Trois Grands » fut très importante, cependant, il convient de mentionner un autre mouvement également très intéressant à l’époque : le Stridentisme, influencé par le futurisme italien, le dadaïsme et l'ultraïsme, il revendique la supériorité de la ville, de la technique et de l'industrie. Des artistes comme Ramon Alva de la Canal, German Cueto et Fermin Revueltas développèrent ce mouvement qui concernait la peinture, mais aussi la gravure et la photographie.
 
Rappelons enfin qu’entre la fin de la Révolution et le début de la Seconde guerre mondiale, le Mexique fut aussi une terre d'accueil pour les artistes nord-américains et européens qui fuyaient les persécutions politiques. Les plus célèbres furent Antonin Artaud et André Breton.
 
Marie-Hélène Boutillon

​Infos pratiques

Mexique 1900-1950
Du 5 octobre 2016 au 23 janvier 2017
Nocturne le mercredi jusqu’à 22h au Grand Palais










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