Médecine personnalisée : le point avec le professeur Atul Pathak

Les 25èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie (SFC) ouvriront leurs portes du 14 au 17 janvier 2015 à Paris. Cette année, le thème principal portera sur « La Cardiologie sur Mesure ». Dans ce contexte, le professeur Atul Pathak de Toulouse, fait le point sur la médecine personnalisée. Détails.


La médecine personnalisée peut se décliner de manière plurielle. C’est une médecine individualisée, c’est-à-dire qu’elle adapte la prise en charge diagnostique et thérapeutique à l’individu. Dans le domaine cardiovasculaire, l’utilisation de la pharmacogénétique pour améliorer la balance bénéfice/risque des anticoagulants ou des antiagrégants plaquettaires est caricaturale. Ainsi, un génotype particulier pourrait permettre d’identifier le patient répondeur ou résistant et guider le soignant dans le choix et l’adaptation posologique d’un médicament.
 
Dans une autre dimension, cette médecine d’avenir est une médecine de la personne, du patient et de son entourage proche. Ainsi, au-delà du phénotype et du génotype, on tiendra compte de la personne dans sa globalité, avec ses croyances et perceptions, qu’elles soient rationnelles ou non. Cette approche holistique, qui est la moins technique mais la plus humaine, est associée à une amélioration significative de l’adhésion mais aussi de l’observance ou de la persistance médicamenteuse.
 
Les patients bénéficiant de cette approche ont un meilleur contrôle de leurs facteurs de risque et une survie plus importante. Cette médecine nécessite l’apprentissage de nouveaux concepts issus de domaines aussi variés que la sociologie, la psychologie ou l’anthropologie. C’est une médecine perçue à tort comme chronophage, mal évaluée mais dont la pratique est valorisante pour le couple soignant/patient.
 
Enfin, la médecine personnalisée est aussi une médecine configurée, paramétrée qui repose de plus en plus sur le recours aux technologies de l’information. Ainsi, l’accès à l’information par le biais d’internet, le développement des réseaux sociaux ou le recours à des mesures répétées de différents paramètres (fréquence cardiaque, pression sanguine artérielle, données biologiques), ce que les anglo-saxons appellent le « self quantify », sont autant de déterminants qui favorisent le développement de cette médecine personnalisée. Elle se caractérise par une technologie au service du patient et de son soignant. L’évaluation échocardiographique du patient à distance, l’analyse de l’électrocardiogramme d’un patient pour un soignant isolé, le recueil d’informations pour adapter le réglage d’un dispositif comme le défibrillateur sont autant d’exemples concrets en voie de développement qui soutiennent l’émergence d’une médecine digitale.

La médecine personnalisée ou la règle des 3P

Le futur de cette médecine personnalisée pourrait se résumer en trois points :

Prédictive, autrement dit le cumul d’informations permettra d’identifier les patients à risque, de choisir la meilleure stratégie diagnostique et thérapeutique afin d’optimiser des soins précoces.
 
Préventive plutôt que curative, afin d’éviter les complications cardiovasculaires qui grèvent la qualité de vie et le pronostic de nos patients.
 
Et de plus en plus Participative, à l’image du temps passé sur Internet par nos patients, qui changent ainsi de comportement et veulent être des acteurs de leur santé. 

Publié le 12/01/2015 à 01:03 | Lu 2624 fois