Manoel de Oliveira : disparition du doyen des cinéastes à l'âge de 106 ans

Le cinéaste portugais Manoel de Oliveira est décédé le 2 avril dernier à l’âge de 106 ans a annoncé son producteur à l’AFP. Le doyen des cinéastes, le dernier des géants, qui avait commencé sa carrière au temps du cinéma muet, nous a donc quittés. Un grand artiste disparait.


Si l’on évoque aujourd’hui la disparition de ce grand homme du 7ème art, c’est qu’il était le doyen des cinéastes encore en activité. Malgré son âge, il a continué à tourner même après ses cent ans ! Jusqu’au bout même. Il a vécu toute sa vie par et pour le cinéma, sa passion. Comme il le répétait souvent : « cesser de travailler, c'est mourir. Si on m'enlève le cinéma, je meurs ».  On lui a donc enlevé. Et il est parti.
 
Manoel de Oliveira était né le 11 décembre 1908. Il était originaire de Porto. Il avait présenté son tout dernier court-métrage « O Velho do Restelo » (19 minutes, tourné au printemps 2014), en décembre dernier à l’occasion de son anniversaire. Ce sera donc sa dernière œuvre.
 
L’homme avait une formation d’acteur ; il avait joué dans La chanson de Lisbonne, le tout premier film parlant tourné au Portugal. Mais c’est bien sûr comme réalisateur que Manoel de Oliveira s’était fait reconnaître dans le monde entier comme l’un des très grands noms du septième art. Son tout premier long-métrage est sorti en 1931, au temps du cinéma muet. En tout, il aura  tourné une cinquantaine de films (fictions et documentaires).
 
Si son oeuvre est profondément marquée par la littérature et le théâtre de son pays, Oliveira nous a offert aussi une magnifique adaptation, véritable tour de force du chef-d’oeuvre de Claudel, Le Soulier de satin. C’est encore une adaptation d’un autre grand texte français, Madame Bovary, qui lui vaudra de s’imposer au-delà de son Portugal natal et avec La Lettre inspirée de La princesse de Clèves qu’il décrochera le Prix du jury au Festival de Cannes en 1999. Rappelons qu’il a reçu sa toute première Palme d’Or en 2008 ; il avait cent ans.
 
Comme l'a immédiatement tweeté Gilles Jacob, président d'honneur du Festival de Cannes : « tous les cinéphiles sont aujourd'hui orphelins ». Comme le rappelle de son côté Fleur Pellerin, ministre de la Culture : « le grand âge fut pour lui celui de la moisson, continuant à récolter les fruits de toute une vie de méditation et de contemplation, une vie vécue en poète ».

Publié le 03/04/2015 à 03:58 | Lu 671 fois





Dans la même rubrique
< >