Malentendance : des Français mal informés et peu équipés (partie 3)

Si d’une manière générale, quand on voit mal on s’achète des lunettes, en revanche, quand on entend mal, on a souvent tendance à ne pas s’équiper… Pourquoi ? Quelles sont les raisons qui font que les Français et notamment les seniors laisse ce sens de côté ? Le point avec la société Sonalto, spécialiste des assistants d’écoute.


Récemment arrivé sur le marché, l’assistant d’écoute est une aide auditive spécifiquement préréglée et conçue pour répondre gênes auditives légères à modérées, liées à l’âge (presbyacousie), avec une amplification limitée à 20dB. Prenant la même forme qu’une prothèse auditive traditionnelle, cet appareil assure un niveau de discrétion et de confort identique.
 
Parce qu’il intègre les dernières technologies numériques et qu’il est proposé à un prix public conseillé de 299 euros TTC, ce dispositif médical prêt à l’emploi est une alternative à la fois performante et abordable aux prothèses auditives dans les cas de presbyacousie modérée. La délivrance de ces assistants d’écoute est assurée par des pharmaciens spécialement formés qui offrent à leurs patients intéressés la possibilité de les essayer gratuitement.
 
Les assistants d’écoute ont fait, à leur arrivée sur le marché, l’objet de réticences importantes de la part des audioprothésistes. Dans un climat de grande tension, ces derniers ont saisi les autorités et lancé de multiples procédures (au civil et au pénal) à l’encontre de certains fabricants et distributeurs d’assistants d’écoute.
 
Bien que cette mobilisation ait un temps menacé l’accessibilité des assistants d’écoute en France alors même qu’ils étaient plébiscités par les utilisateurs, le Ministère de la Santé puis le Conseil d’Etat, ont finalement décidé d’autoriser leur commercialisation en pharmacie. Il résulte de cette décision que les assistants d’écoute ont été reconnus comme des solutions sûres, performantes et incontournables permettant d’améliorer la prise en charge de la presbyacousie en France.
 
Depuis cette décision, il est à souligner qu’un certain nombre d’audioprothésistes ont finalement décidé de commercialiser aux côtés des prothèses auditives, des assistants d’écoute.
 
Si la France a fait office de pionnier en autorisant dès 2014 la vente des assistants d’écoute en pharmacie elle n’est bien sûr pas la seule à s’engager dans cette voie. Très récemment, les USA ont suivi le même chemin en autorisant la vente d’assistants d’écoute en dehors du réseau d’audioprothésistes dans le but d’améliorer le taux d’équipement de leurs malentendants. D’autres pays comme la Grande Bretagne ou la Suisse se sont eux aussi engagés dans cette direction depuis plus longtemps.
 
Interrogés sur les raisons principales les ayant conduits à faire l’acquisition d’un assistant d’écoute dans le cadre d’une étude URGO, les Français malentendants invoquent son prix moins élevé que les audioprothèses (78,7%) mais aussi son accessibilité comparativement aux magasins d’audioprothèses (54%) et l’absence de délai d’attente (46%).
 
Le fait que la délivrance des audioprothèses soit conditionnée à une prescription médicale et qu’elle s’assortisse nécessairement de l’intervention d’un audioprothésiste rend en effet ces dispositifs difficilement accessibles en zones rurales, frappées par la désertification médicale. A contrario, le mode de distribution des assistants d’écoute, qui s’appuie sur le vaste réseau d’officines français, met ces dispositifs médicaux à portée de main de l’ensemble de la population. Tout Français est ainsi assuré de trouver l’une des 21.241 pharmacies implantées sur le territoire à moins de 10 mn de son lieu de résidence. 
 
En décidant de légitimer l’intervention des pharmaciens dans la prise en charge de la presbyacousie, le Conseil d’Etat a permis aux six millions de personnes malentendantes en France de bénéficier d’une information de proximité fiable, tout en leur offrant la possibilité d’essayer ce dispositif médical gratuitement afin d’évaluer son adéquation avec leurs besoins.
 
Pour 84% des répondants de l’étude OpinionWay « La perte de l’audition : un enjeu de société largement sous-estimé », la perte d’audition, même légère, est associable à un handicap, et près de 40% sont d’accord pour dire que « Porter une prothèse auditive fait vieux » . Les réticences psychologiques associées à cette perception négative des équipements auditifs sont d’ailleurs désignées par les deux-tiers d’entre eux comme l’une des raisons principales du non-appareillage des personnes malentendantes, juste après le prix.
 
Cette même étude montre que 70% des sondés déclarent avoir globalement une bonne audition alors même que parmi eux, 47% éprouvent au moins deux gênes auditives. Un paradoxe qui illustre l’existence d’un déni des presbyacousiques envers leur perte auditive.
 
Le fréquent déni de la personne presbyacousique vis-à-vis de son atteinte complique ses rapports avec un entourage qui finit par s’agacer d’avoir à répéter pour être bien compris. Pour autant, et de manière assez paradoxale, l’entourage immédiat n’exhorte pas son proche presbyacousique à consulter, considérant généralement la perte d’audition à partir d’un certain âge comme étant constitutive d’un parcours de vie ordinaire.
 
L’enjeu est pourtant d’importance : face aux réticences de la personne presbyacousique à se faire diagnostiquer et plus encore à s’équiper, l’attitude de l’entourage tient un rôle capital pour sa santé présente et à venir. En veillant à désamorcer les situations de repli du proche presbyacousique, en l’incitant à consulter et à s’équiper d’une aide auditive rapidement, les proches peuvent agir très efficacement sur l’évolution du trouble.
 
Parce qu’il est difficile de briser le tabou de leurs problèmes d’audition avec des proches presbyacousiques, la médiation du pharmacien qui proposera à la personne presbyacousique d’essayer un assistant d’écoute, peut concourir à l’instauration d’un dialogue propre à lever les freins à l’équipement. 

Publié le 13/10/2017 à 01:00 | Lu 2018 fois