Malentendance : des Français mal informés et peu équipés (partie 2)

Si d’une manière générale, quand on voit mal on s’achète des lunettes, en revanche, quand on entend mal, on a souvent tendance à ne pas s’équiper… Pourquoi ? Quelles sont les raisons qui font que les Français et notamment les seniors laisse ce sens de côté ? Le point avec la société Sonalto, spécialiste des assistants d’écoute.


Actuellement, il faut le savoir, il est nécessaire de s’acquitter personnellement d’une facture de 1.550 euros par oreille pour pouvoir s’équiper de prothèses auditives, avec un reste à charge d’environ 1.100 euros soit plus de 2.200 euros pour un appareillage bilatéral.
 
Ce coût, bien trop élevé pour un grand nombre de Français, explique le très faible taux d’équipement de ces derniers. Sur les six millions de malentendants que compte en effet la France, moins du quart est appareillé, soit un taux d’équipement près de trois fois moins élevé qu’en Allemagne ou qu’en Angleterre. Ou c’est moins cher.
 
Sans trop de surprise, les Français sont 92% à juger que le prix est le premier frein à l’appareillage. Ils sont tout aussi nombreux à l’estimer injustifié. Questionnés dans le cadre d’une autre étude Opinion Way sur les améliorations possibles qu’il conviendrait d’apporter aux prothèses auditives, 97% estiment que les prothèses auditives devraient en priorité être « moins chères » quand ils ne sont que 15% à estimer qu’elles devraient être plus discrètes.
 
Ainsi, loin devant les réticences psychologiques et la complexité du parcours de soin, c’est bien le prix des appareils auditifs qui semble être le frein principal à un meilleur taux d’équipement des malentendants. 
 
Jusqu’à présent le prix élevé des appareils auditifs s’expliquait par l’existence d’un monopole de distribution accordé aux audioprothésistes, peu propices à une saine concurrence et limitant l’offre aux seuls appareils adaptés sur-mesure.
 
Dans son rapport de février 2016, l’autorité de la concurrence recommande d’ailleurs, afin d’améliorer la transparence du marché, que les devis d’appareils auditifs permettent de dissocier le prix de l’appareil lui-même de la phase d’adaptation et de réglages sur-mesure qui peuvent intervenir tout au long de la vie de l’appareil.
 
Une mesure qui permettrait de faire baisser les coûts et qui aurait en outre la vertu de permettre une prise en charge plus en adéquation avec la réalité des besoins, la presbyacousie ordinaire ne nécessitant pas nécessairement le recours à des réglages sur-mesure.
 
Le renoncement à l’appareillage et ses conséquences médico-économiques
Une perte auditive légère provoque une baisse des performances cognitives (aggravée par les six ans qui s’écoulent entre le diagnostic et l’équipement d’un malentendant) équivalente à celle d’une personne plus âgée de 6,8 ans.
 
Par ailleurs, des travaux de recherche américains menés par le professeur Frank R. Lin du centre Johns Hopkins de Baltimore, publiés en 2013 dans le Journal of The American Medical Association (JAMA) Neurology, ont relevé pour la première fois que le degré de perte auditive aurait un impact direct sur le risque de développement d’une démence ou de la maladie d’Alzheimer chez la personne âgée.
 
Parce que la baisse des performances cognitives, quelle qu’en soit la cause, entraine pour les sujets une fragilisation pouvant mener à une perte d’autonomie partielle ou totale, la question de l’appareillage des personnes malentendantes est un véritable enjeu de santé publique.
 
Chaque année, en France, l’accompagnement de la perte d’autonomie coûte 28 milliards d’euros, dont les trois-quarts sont pris en charge par la solidarité nationale pour un coût moyen d’accompagnement d’une personne en perte d’autonomie de 1.800 euros par mois à domicile et de 2.500 euros par mois en établissement.

Publié le 12/10/2017 à 01:00 | Lu 1546 fois