Maladies neurodégénératives : créer pour dire que l’on est -toujours- vivant, chronique de Nancy Cattan

Ecrire, peindre, sculpter, créer avec, malgré des troubles cognitifs ou une maladie de Parkinson. Plus qu’un défi, un besoin impérieux que Paul, Anne-Marie et Françoise n’ont pas contrarié.





Est-ce l’affection qui les empêchent de bien vieillir qui les a incités à puiser dans des ressources encore épargnées par le désordre neurologique, la force de raconter, de se raconter ?

« L’art ne reproduit pas le visible, il rend visible », a dit Paul Klee. Que nous apprennent la poésie de Paul, les toiles de Françoise ou les sculptures d’Anne-Marie ? Quels messages souhaitent-ils nous faire passer, à nous qui avons encore les mots pour dire nos émotions, partager nos réflexions, confier nos joies ou désarrois ?

Et s’ils souhaitaient tout simplement nous dire que la vie les habite toujours, même si la maladie ne leur laisse plus la liberté de s’exprimer par des moues et des mots. Rester visibles aux yeux d’une société qui a tôt fait de s’apitoyer sur ses « déshérités », mais ne prend pas le temps de s’intéresser à ce qu’ils continuent d’être et de posséder, en dépit de ce qui leur a été volé.

Paul, Anne-Marie, Françoise existent. Ils sont affaiblis, les uns par la maladie de Parkinson, l’autre par la maladie d’Alzheimer, qui évoluent depuis des années. Ils ne s’expriment plus. Mais ils continuent de créer. Des toiles aux couleurs troublantes, tremblantes d’une joie que d’aucun qualifierait d’indécente. Des poésies navigant au gré des humeurs et s’amusant d’une contemporanéité souvent névrosée. Des sculptures aussi rondes que le goût des autres…

Il ne s’agit pas ici de s’arrêter sur le talent de l’un ou l’autre. De savoir comment la maladie neurodégénérative guide la main qui peint, écrit ou sculpte, si elle la leste ou au contraire la libère des contraintes que la bonne santé neurologique impose parfois.

Non, il s’agit simplement de respecter ces créations comme des témoignages d’une vie qui ne peut plus se dire, mais qui continue d’animer les cœurs et l’esprit. Des créations qui disent : « parmi vous, je suis ».

Maladies neurodégénératives : créer pour dire que l’on est -toujours- vivant, chronique de Nancy Cattan
par Nancy Cattan, journaliste santé

Article publié le 14/01/2010 à 09:15 | Lu 2413 fois