Ma grand-mère avait les mêmes de Philippe Delerm : l’amas de laine de Proust

On laisse une phrase, de préférence bourrée de stéréotypes du genre, « Je préfère Trouville à Deauville », « Faut arrêter ! », « y’a pas de souci », « Du coté de mon mari » -avouez que c’est phrases vous les avez déjà prononcées- et Philippe Delerm s’en saisit, déroule la pelote pour en détricoter nos délicieuses hypocrisies.


C’est un auteur que d’aucuns trouvent agaçant, que d’autres au contraire apprécient et attendent avec gourmandise à chaque nouvelle parution.

Parfois, on a l’impression que, las de se faire imiter, il se parodie lui-même. Pourtant, la magie de son écriture opère à chaque récit, à chaque notation.

Les expressions qu’il relève sont nos tics de langage. Son talent est mis au service d’une fine observation qui laisse voir la trame du non-dit, du juste suggéré, de l’inflexion qui minent nos expressions de l’intérieur, ce qui donne un petit air de famille avec Proust ou Sarraute.

Tout cela est dit sur le ton de la douceur et de la tendresse avec ce qu’il faut de notes acidulées.

Ma grand-mère avait les mêmes
Philippe Delerm
Editions Points
94 pages
11 euros

Publié le 25/05/2009 à 08:56 | Lu 2402 fois



Dans la même rubrique