Les sirènes d’Alexandrie de François Weerts : secrets de famille

A travers les tribulations d'un jeune journaliste bruxellois encombré d'un héritage peu habituel -un hôtel de passe !- Les Sirènes d'Alexandrie de François Weerts (édité chez Babel Noir) met à jour les heures noires de la collaboration belge mais aussi les dissensions qui opposent aujourd'hui Flamands et Wallons. Un premier roman noir où secrets de famille se mêlent aux bourrasques de l'Histoire.


1984, Bruxelles est en pleine mutation architecturale. Dans le quartier où des filles s’exposent en vitrine, Antoine Daillez vient d’hériter de L’Alexandrie, lieu de plaisir dont les pintes de bière ne sont pas les seules responsables…

Mais drames et incidents se multiplient autour d’une maison (de passe) qui suscite bien des convoitises. La vieille Mémé Tartine, qui aidait les travailleuses du quartier, est retrouvée assassinée. Des skinheads s’attaquent à l’établissement, tandis que le caïd du quartier offre sa protection au jeune Daillez…

Pour comprendre ce curieux héritage, Antoine devra fouiller dans la jeunesse de son grand-père. Secrets et nostalgies remontent alors au temps de l’Occupation, théâtre d’un jeu trouble dont l’un des acteurs n’était qu’un homme ordinaire, avec ses raisons, ses faiblesses et ses failles.

Les Sirènes d’Alexandrie, souligne l’éditeur, « s’inscrit dans la meilleure tradition du roman noir, celle qui sait mettre en scène un destin personnel sur fond social urbain où misères et espoirs, qu’ils soient communs ou individuels, sont balayés par le grand vent de l’Histoire ».
Les sirènes d’Alexandrie de François Weerts : secrets de famille

Extrait de Les sirènes d’Alexandrie

Dans la nuit de ce samedi, les phares caressent les femmes de leur lumière blanche, les auréolent de la projection du désir bouillonnant des mâles en maraude. Depuis 20 heures, le cortège des voitures ne cesse d'enfler. Les automobilistes se faufilent dans la ronde en quittant les boulevards place Rogier. Ils longent la tour Martini, effleurent l'embouchure de la rue du Progrès et s'infiltrent à gauche dans une étroite venelle, la rue des Croisades, surplombée par le building du Sheraton. Une mise en jambes seulement, avec une ou deux vitrines ternes, à l'éclairage discret. Puis c'est à droite qu'il faut tourner, rue du Marché. Une cascade de néons et, tout de suite, la procession adopte une allure de piéton, entrecoupée de fréquentes haltes. Plus loin, les badauds motorisés virent encore à droite dans la rue Mathéus. Ils ralentissent à nouveau pour ne pas perdre une miette du spectacle. Un couple se bécote à pleine bouche dans une encoignure. Une délurée ose un strip-tease sur la table d'un café. Un soiffard vomit dans le caniveau. Trois types tentent de forcer une fille affolée à accepter leur abordage collectif. Des groupes de jeunes, étudiants ou ouvriers, se croisent, chope à la main. En riant à pleine gorge, ils s'attroupent devant une sirène. Se hèlent d'un trottoir à l'autre. Se hurlent des encouragements virils pour s'enhardir à culbuter la belle.


L'auteur :
François Weerts, est un journaliste belge installé à Waterloo. Né en 1960 à Addis-Abeba, il a reçu pour ce premier roman, le prix Saga Café (Liège).

Les Sirènes d’Alexandrie de François Weerts
Babel Noir
320 pages
ISBN 978-2-7427-9465-2
Prix indicatif : 8,50 euros

Publié le 27/02/2011 à 01:08 | Lu 2723 fois





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