Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin

Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, ou MICI, affectent le quotidien d'une personne sur 1 000 en France. Ces maladies invalidantes posent un véritable problème de santé publique car à ce jour, on ne sait pas guérir une MICI, la prise en charge étant uniquement destinée à soulager les symptômes. Néanmoins, les scientifiques progressent tous les jours dans la connaissance des mécanismes complexes en jeu : terrain génétique, défenses immunitaires, flore intestinale, facteurs environnementaux. Des avancées nécessaires pour développer des traitements.


Sous le terme de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin, ou MICI, sont regroupées essentiellement deux pathologies : la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH).

Elles sont plus fréquentes dans les pays occidentaux, probablement à cause de notre mode de vie. Leur origine est mal connue. Cinq nouveaux cas pour 100 000 habitants sont diagnostiqués chaque année en France pour chacune des deux maladies.

Les MICI se caractérisent par des zones d'inflammation chronique de la paroi digestive. Des phases d'activité d'intensité variable, appelées poussées, alternent avec des périodes de rémission.

Dans la maladie de Crohn, n'importe quel segment du tube digestif, depuis la bouche à l'anus, peut être touché. Le plus souvent, l'inflammation est cantonnée à la partie terminale de l'intestin grêle et du côlon (gros intestin). Les symptômes diffèrent selon la localisation des lésions : douleurs abdominales, diarrhée avec ou sans émission de sang, atteinte de la région anale (fissure, abcès).

Une altération de l'état général accompagne souvent les poussées : fatigue, manque d'appétit, amaigrissement, fièvre. Il peut aussi y avoir d'autres manifestations : articulaires, cutanées ou oculaires. Les lésions inflammatoires sont profondes et peuvent être à l'origine d'occlusion ou de perforation.

Dans la rectocolite hémorragique (RCH), l'atteinte ne concerne que le rectum et le côlon. Les lésions sont plus superficielles. Elles provoquent des hémorragies qui se traduisent par la présence de sang dans les selles. Le risque de développer un cancer colorectal est augmenté, en cas de MICI, notamment lorsque les lésions sont présentes au niveau du côlon.

Des causes qui restent à identifier

L'origine des MICI est mal connue, et les chercheurs pensent que plusieurs facteurs entrent en jeu dans leur apparition. Elles pourraient être dues à une réponse anormale des défenses immunitaires de l'intestin vis-à-vis de la flore bactérienne chez des individus génétiquement prédisposés.

La recherche concernant le rôle de la flore bactérienne intestinale est en pleine effervescence actuellement.
De nombreuses pistes mènent à l'implication des bactéries qui colonisent naturellement notre tube digestif dans les MICI. Mais leur rôle est mal connu dans l'apparition de l'inflammation.

Par ailleurs, les études génétiques ont mis au jour de nombreux gènes de susceptibilité. Elles ont aussi permis de mieux comprendre les voies immunitaires et inflammatoires impliquées dans ces maladies.

Des traitements uniquement symptomatiques

Les symptômes sont traités de manière similaire à d'autres maladies inflammatoires chroniques (polyarthrite rhumatoïde, sclérose en plaques). Lors des poussées, des anti-inflammatoires plus ou moins forts sont prescrits, comme les 5-aminosalicylés ou les corticoïdes (anti-inflammatoires puissants). Si cela n'est pas efficace ou si un traitement de fond est nécessaire, les médecins optent pour un immunosuppresseur (qui supprime les défenses immunitaires).

Les MICI bénéficient aussi des récentes avancées dans le domaine des biothérapies, disponibles depuis une dizaine d'années. Ces traitements bloquent spécifiquement un facteur qui intervient dans l'inflammation, le TNF-alpha.

Une intervention chirurgicale est parfois nécessaire pour supprimer la partie de l'intestin atteinte, en cas de complication ou lorsque la maladie ne répond plus au traitement.

Des solutions thérapeutiques innovantes devraient voir le jour dans les prochaines années, basées sur une meilleure connaissance des mécanismes cellulaires et moléculaires dans ces maladies. La mobilisation des chercheurs en est la garantie.

Publié le 21/02/2013 à 04:00 | Lu 1357 fois