Les impacts de la crise sanitaire sur les conditions de vie des ainés

Les Petits Frères des Pauvres viennent de dévoiler leur dernier rapport qui se penche sur les impacts de la pandémie sur les conditions de vie des personnes âgées et leur isolement. C’est aussi l’occasion pour l’association d’alerter sur la nécessité de changer le regard sur la vieillesse avec la mise en avant de dix « enseignements ». Détails.


En juin 2020, quelques semaines après le démarrage de la pandémie de Covid-19 et face à une crise sanitaire et sociale sans précédent, l’association française avaient consacré son 4ème rapport aux effets du premier confinement sur les personnes âgées.
 
Cette nouvelle enquête présente cette fois-ci des données complètes sur le vécu des aînés durant ces derniers mois. Comme le précise Alain Villez, président des Petits Frères des Pauvres, « ce nouveau rapport, (…) vient enrichir la compréhension du vécu des personnes âgées, leurs difficultés, leurs souffrances et les inégalités exacerbées par la crise sanitaire ».
 
Et de poursuivre : « le lien social est un lien vital. Son manque, à 20 comme à 70 ou 90 ans, est douloureux. Il est temps désormais de trouver la voie de l’apaisement et de bâtir ensemble la société de demain en mettant le maintien du lien social au cœur de nos préoccupations communes. »
 
Cette enquête dégage quatre grandes familles de personnes âgées :
1/ Les fragilisés en rupture de liens (CSP-, habitat plus modeste, isolement pré-existant, ce sont les plus impactés par la crise).
2/ Les résignés en retrait de la société (CSP- ou moyenne, isolement pré-existant, ils considèrent que la crise ne change rien).
3/ Les résilients, un lien social en construction (CSP+, tissu social dense, ils se sont adaptés à la crise).
4/ Les engagés, un lien social acquis et démultiplié (CSP+, tissu social dense, engagement associatif, pouvoir d’agir décuplé par la crise).
 
Les dix grands enseignements de cette enquête :
n°1 : Loin d’être une parenthèse, la crise aura des répercussions notables à court, moyen et long-terme.
n°2 : Les facteurs socio-économiques et les modes d’habitat ont fortement influencé le vécu de la crise.
n°3 : Une vision très négative de la vieillesse.
n°4 : La santé psychique peu prise en compte dans le parcours de soin.
n°5 : Conditions de vie, maintien du lien social et vulnérabilités ont un impact fort sur l’émergence d’une fracture intragénérationnelle articulée autour de 4 grandes familles : les fragilisés, les résignés, les résilients, les engagés.
n°6 : La crise crée un risque de fracture intergénérationnelle.
n°7 : Si les solidarités citoyennes ont été manifestes pendant le premier confinement, leur pérennité n’est pas acquise et doit être soutenue.
n°8 : La socialisation est essentielle dans le quotidien des personnes âgées.
n°9 : Le lien à distance ne peut pas remplacer le lien social dans la vie réelle.
n°10 : Un lien social déterminé par la fréquence des contacts.
 
Pour Thierry Calvat, sociologue et co-fondateur du Cercle Vulnérabilités et Société, « l’émergence de ces quatre familles, révélées à l’occasion de la crise sanitaire, nous invite à regarder différemment une population âgée qui est souvent appréhendée comme un ensemble monolithique ».
 
Et de conclure : « l’hétérogénéité, pour ne pas dire la singularité des réactions de chacune de ces familles face aux contraintes imposées doit conduire à des politiques ajustées en fonction de situations spécifiques et non uniquement de besoins. »
 
Les Petits Frères des Pauvres vont poursuivre leur analyse et publieront fin septembre 2021 leur 2e
Baromètre « Solitude et isolement, quand on a plus de 60 ans en France » afin de déterminer si la crise a engendré une augmentation des situations de « mort sociale ».
 
Enquête réalisée en collaboration avec le Cercle Vulnérabilités et Société, sur la base d’une étude qualitative auprès de 100 personnes âgées, de professionnels, d’aidants et de bénévoles.

Publié le 31/03/2021 à 09:13 | Lu 4965 fois