Les effets de l’âge sur le cœur et les vaisseaux (partie 2)

La 23ème édition des Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie aura lieu du 16 au 19 janvier 2013 au Palais des Congrès de Paris. Cette année, le fil conducteur de ce congrès sera « Les effets de l’âge sur le coeur et les vaisseaux ». Ce thème transversal est d’actualité, d’une part en raison du vieillissement de la population, mais aussi parce que de nombreuses maladies cardiaques ne sont que l’aboutissement d’un processus de détérioration accéléré, artériel et cardiaque.





Age et maladies cardiovasculaires

L’amélioration de l’espérance de vie à la naissance (78 ans chez l’homme, 85 ans chez la femme) révèle un bon état de santé de la population française.

Elle s’explique par :

- l’amélioration globale du niveau socio-économique,
- un dépistage plus efficace,
- une meilleure prise en charge des maladies cardiovasculaires.

A ce jour, un homme de 60 ans peut espérer vivre encore 23 ans et une femme 27 ans. Grâce aux efforts conjugués de la prévention et du traitement curatif, les maladies cardiovasculaires se décalent progressivement vers des âges plus avancés où la thérapeutique est loin d’être simple. En France, les maladies cardiovasculaires représentent (pour les sujets > 65 ans) : 65% des motifs de consultation chez les hommes et 59% des motifs de consultation chez les femmes.

Principales causes de décès en France

Les cancers demeurent la première cause de mortalité en France (30% des décès) suivis de près par les maladies cardiovasculaires (27% des décès). Ces chiffres sont le reflet de l’amélioration récente de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaire. Cependant, après 85 ans, les causes de mortalité se répartissent de manière différente puisque les cancers représentent seulement 18% des causes de mortalité contre 35% pour les maladies cardiovasculaires.

Le tabagisme : faut-il arrêter le tabac quand on est « vieux » ?

Dans les études en prévention secondaire dans lesquelles les sujets âgés sont bien représentés, les patients qui ont arrêté de fumer ont, tous âges confondus : une réduction de mortalité totale de 36% et une réduction de risque d’un nouvel événement coronaire de 32%.

Une récente série d’études portant sur les sujets de plus de 60 ans, confirme que le sevrage tabagique reste largement bénéfique. Ainsi, les sujets anciens fumeurs ont une réduction relative de risque de décès de 27%. Celle-ci est présente pour toutes les tranches d’âge, avec une réduction relative de : 21% pour les 60-69 ans, 27% pour les 70-79 ans et 24% pour les sujets de 80 ans et plus. Elle augmente de façon graduelle avec l’ancienneté du sevrage, d’où l’importance d’un sevrage le plus précoce possible.

Les conséquences du tabagisme : quelques chiffres

Chaque année, en France, le tabagisme est responsable : de 73 000 morts, de plus de 1 décès sur 10, de 33% des cancers et de 40 % des décès cardiovasculaires (chez les hommes < 70 ans). Le tabagisme est un facteur de risque essentiel et très souvent isolé des infarctus du myocarde des sujets les plus jeunes (< 50 ans) avec 70 à 80% de sujets fumeurs, tant chez les femmes que chez les hommes. Le tabagisme représente également la première cause des décès prématurés et des décès cardiovasculaires évitables. Il est à noter que 70% des décès attribuables au tabagisme surviennent chez des sujets de plus de 60 ans.

La responsabilité du tabac diminue ensuite avec l’âge, l’effet étant dilué par la présence d’autres facteurs de risque. Il faut également tenir compte que de nombreux fumeurs sont déjà décédés. Cependant, le risque persiste dans toutes les tranches d’âge, y compris au delà de 80 ans.

Ainsi, par rapport aux non fumeurs, le risque de décès est augmenté de : 83% chez les fumeurs de plus de 60 ans et de 66% chez les fumeurs de plus de 80 ans.

Hypertension artérielle, cholestérol et syndrome coronaire aigu chez le sujet âgé

Hypertension artérielle

D’après l'Organisation Mondiale de la Santé (rapport des statistiques sanitaires mondiales publié le 16 mai 2012), un tiers des adultes serait hypertendu dans la population générale. Avec l’âge, la prévalence de l'hypertension artérielle devient nettement plus élevée.

Ainsi, après 65 ans, la proportion des malades (hypertendus) surpasse celle des biens portants (normotendus). Pour traiter l'hypertension artérielle, des médicaments antihypertenseurs sont administrés aux patients et permettent de rétablir une tension artérielle normale. Cette prise en charge thérapeutique s'accompagne d'un bénéfice cardiovasculaire tout à fait indiscutable en termes de réduction de la mortalité.

Le cholestérol

Chez le sujet âgé, le traitement permettant de lutter contre l’excès de cholestérol doit être envisagé dans deux situations bien distinctes… Si le patient présente un antécédent avéré de maladies cardiovasculaire, la prise en charge thérapeutique se fait à l’aide de traitements hypolipémiants par statine. La situation est moins évidente si le patient n’a jamais eu de maladies cardiovasculaires. En effet, les données concernant le bénéfice cardiovasculaire chez les sujets âgés de plus de 75-80 ans sont limitées. Les indications des traitements hypolipémiants chez les sujets âgés sont donc centrées sur les sujets à très haut risque cardiovasculaire, essentiellement ceux ayant déjà un antécédent de maladie cardiovasculaire avérée.

Syndrome coronaire aigu

Le vieillissement reste un déterminant essentiel :
- du développement de l’athérosclérose,
- de ses conséquences vasculaires, cérébrales ou coronaires.

Chez plus de la moitié des personnes âgées de plus de 70 ans, les études autopsiques ont révélé la présence de lésions coronaires significatives. Les résultats obtenus grâce aux traitements pharmacologiques ou interventionnels permettent d’observer une plus grande réduction des évènements secondaires (décès, ré-infarctus, insuffisance cardiaque chronique, ré-hospitalisations) et un bon pronostic au regard de l’évolution de la maladie.

Article publié le 10/01/2013 à 10:04 | Lu 1177 fois