Les attentes sanitaires et sociales des locataires en HLM

L’Agence des médecines complémentaires et alternatives (A-MCA) et la Fédération des Entreprises sociales pour l’habitat (ESH) ont mené un sondage visant à mieux comprendre les attentes, les usages et les priorités des locataires en HLM en matière de santé, notamment des seniors. En voici les principaux enseignements.





Effectué dans le cadre d’un partenariat entre l’A-MCA et la Fédération des ESH, ce sondage « Santé et habitat social : prévention, santé, qualité de vie et accompagnement », a permis d’interroger 2.005 personnes de plus de 18 ans, entre le 25 mars et le 4 avril 2022, soit 1 006 locataires en logements privés et 999 locataires en logements sociaux.
 
Parmi elles, des personnes âgées, parfois fragilisées, et de ce fait très concernées par les sujets de santé.
 
« Face aux difficultés multiples que peuvent rencontrer les personnes âgées telles que l’isolement social, les maladies ou encore les difficultés financières, la prévention en santé et le bien-être des seniors à domicile est un enjeu majeur », explique Véronique Suissa, directrice de l’A-MCA.
 
Et d’ajouter : « Il était important d’explorer les attentes des citoyens dans leur diversité, jeunes et moins jeunes, vivant en parc privé ou HLM, afin de prendre la mesure de leur vécu, de considérer et comparer leurs attentes et ainsi proposer des mesures préventives adaptées. »
 
Bien-être et logement
Pour les deux catégories de répondants, les deux points fondamentaux que doit présenter leur logement pour qu’ils s’y sentent bien sont la luminosité (79% privés et 81% sociaux) et la superficie (76% pour les deux). 
 
Pour la majorité des locataires privés comme sociaux, le sentiment que leur logement est adapté à leur santé est acquis (84% privés et 78% sociaux). Il en est de même pour leurs besoins du quotidien (87% et 80%) puis, le mode de vie (86 et 79%).
 
Pour les deux groupes, le logement a plus d’impacts positifs que négatifs sur la santé. Toutefois, si les impacts positifs sur la santé morale, la vie sociale et la santé physique sont acquis pour plus de 50% des locataires privés (57%, 52% et 51%), ce n’est le cas que pour 43%, 40% et 41% des locataires des parcs sociaux. Ces derniers affichent comme première attente de disposer d’un logement plus adapté à leurs besoins (34%) et d’une envie de s’y sentir davantage en sécurité.
 
Santé, prévention et mode de vie
Le sondage révèle par ailleurs que seulement 56% des locataires privés et 46% des locataires en logements sociaux se sentent en bonne santé.
 
Parmi les raisons d’une mauvaise santé : le stress (33% privés, 37% sociaux), la fragilité (22% et 29%) et la dépression (15% et 19%). De même qu’au cours des deux dernières années, environ 70% des participants au sondage ou l’un des habitants de leur logement, ont dû faire face à au moins une difficulté : souffrances psychologiques (39% privés, 44% sociaux), difficultés hors Covid-19 (34%, 40%) puis, difficultés liées à la Covid-19 (36%, 39%).
 
Si la majorité s’estime bien accompagnée lors d’un problème de santé (75%, 67%), seulement 20% d’entre eux s’estiment tout à fait bien accompagnés, contre environ 50% plutôt bien accompagnés.
 
Pour la majorité des locataires, la prévention en santé s’avère ainsi être un enjeu de santé publique majeur (87%, 88%). D’ailleurs, le sentiment que le mode de vie agit sur la santé est globalement acté (77% et 69%). Ils sont 50% à ressentir le besoin d’être informés ou conseillés sur la prévention et les modes de vie en santé (diététique, sport, hygiène de vie, sommeil, postures, etc.).
 
La connaissance des MCA
Autre sujet abordé lors du sondage : les médecines complémentaires et alternatives (MCA). Un peu moins de la moitié des habitants (45% privés et 38% parcs sociaux) ont déjà entendu le terme de MCA.
 
Environ la moitié des participants pensent que les MCA contribuent à la prévention et au bien-être (51% privés et 45% sociaux). Parmi les usagers, les principales MCA utilisées sont l’ostéopathie (32% privés, 30% sociaux), l’homéopathie (21% et 19%), l’acupuncture (13% et 14%), l’hypnose (13% pour les deux groupes) suivie de la phytothérapie (11% et 12%).
 
Les fréquences d’utilisation sont majoritairement occasionnelles, soit « tous les trimestres ou plus » (47% privés et 44% sociaux), suivies d’utilisations régulières, soit « 1 fois par mois ou plus » (29% et 35%) puis, d’utilisations exceptionnelles, à savoir « 1 fois par an » (24% et 21%).
 
La principale raison d’utilisation a pour but de réduire un ou plusieurs symptômes tels que la fatigue ou la douleur (78% pour les deux groupes). L’utilisation en vue du bien-être ou du plaisir oscille entre 40% et 46%.
 
Enfin, l’utilisation en prévention arrive en troisième position (29% et 35%). Le non-recours se justifie principalement par le manque d’accès aux pratiques, celui-ci à cause d’un manque d’information, du coût élevé des pratiques ou encore de l’éloignement par rapport aux praticiens. Plus de 70% des locataires souhaiteraient que les MCA soient remboursées ou mieux remboursées par leur mutuelle.
 
Des pistes d’actions
Grâce aux différentes observations issues du sondage, l’A-MCA suggère différentes pistes de réflexion et de travail. Parmi elles, la mise en place de rencontres de quartiers, au minimum, trimestrielles, incluant des professionnels de santé locaux ainsi que des praticiens diplômés de MCA, permettant de favoriser les échanges avec les citoyens.
 
Les actions à mener devraient permettre d’appuyer l’importance de la prévention en santé pour tous, jeunes et moins jeunes ; d’établir un lien plus marqué entre le mode de vie et la qualité de vie perçue ; de démocratiser le sujet des MCA ; de diffuser les connaissances actuelles sur chacune d’entre elles ; et de communiquer davantage sur le lien entre les MCA et la prévention en santé.
 
D’après l’A-MCA, différentes actions pourraient être proposées telles que des ateliers de prévention, (atelier diététique, sport adapté, relaxation, sophrologie, etc.) ; des conférences à thématiques sur la prévention en santé (bien manger, bien bouger, MCA et prévention) ou encore, des outils clairs d’information sur la prévention et les MCA, facilement accessibles (fiches pratiques, ouvrages grand public, guide, articles à thématiques, etc.).
 
« Autant de mesures qui permettraient de favoriser le bien-être des citoyens, d’organiser des activités réunissant les générations, et de créer du lien social en particulier pour les personnes âgées isolées et fragilisées », conclut Véronique Suissa.

Article publié le 13/09/2022 à 10:20 | Lu 3769 fois