Les Rivaux à l'Artistic Théâtre : une comédie rondement menée

De Richard Brinsley Sheridan, dramaturge anglais du 18ème siècle, on ne connaît guère que L’Ecole de la Médisance, comédie jouée il y a quelques années sur une scène parisienne. Anne-Marie Lazarini, qui aime bien les créations, a eu la bonne idée de ressortir des oubliettes où elle dormait, la première pièce de cet auteur, « Les Rivaux ». Le résultat est à la hauteur de nos espérances… Rivaux, mais pas trop…


Sheridan met en scène une partie de sa vie, lui qui à 19 ans seulement enleva une jeune fille pour l’épouser dans le plus grand secret. La scène se passe à Bath, charmante station thermale au sud-ouest de Londres, très à la mode dans l’Angleterre du 18ème siècle.
 
Résumer l’intrigue serait fastidieux et sans doute inutile. Disons simplement qu’il s’agit d’une histoire d’amour contrariée par la supercherie d’un des protagonistes. Des personnages secondaires, impliqués indirectement dans l’intrigue, compliquent la situation, jusqu’à la décision d’en venir aux mains, ou plutôt à l’épée et au pistolet.
 
Le duel, finalement, n’aura pas lieu et tout finira pour le mieux, en tout cas dans la bonne humeur.
 
Les cinq actes de la pièce sont donnés d’un trait, ce qui contribue à la légèreté de la mise en scène. Trois rangs de fins rideaux, tirés et rentrés au fil de l’action, suggèrent l’élégance de cette station thermale, en particulier son emblématique architecture.
 
Des costumes d’époque Directoire, légèrement postérieure à la création, prêtés par l’Opéra de Paris, apportent un vent de fraicheur sur le plateau.
 
Tous les acteurs se donnent à fond pour soutenir le rythme qui mènera jusqu’à son terme cette histoire rocambolesque.
 
Thomas Le Douarec, dont on apprécie la carrure imposante et la parfaite diction, est décidément très à l’aise dans ces rôles d’aristocrate anglais.
 
Catherine Salviat est une Mrs Malaprop délicieuse, à la fois Précieuse et Ridicule, avec ses liaisons mal-t-à propos et ses inversions de syllabes. On a plaisir à retrouver Marc Schapira, qu’on a déjà vu sur cette scène. Il apporte à sa composition de Lord Lucius toute l’élégance et le cocasse qu’on lui connait.
 
Sylvie Pascaud campe une Lucy pétillante, qui n’est pas sans nous rappeler les servantes effrontées de Molière ou de Da Ponte.
 
Une comédie rondement menée, qui nous enchante par ces temps de grisaille.

Alex Kiev
 
Artistic Théâtre
45bis rue Richard-Lenoir
75011 Paris
 
Mardi 20h   mercredi et jeudi 19h vendredi 20h30 samedi 16h30 et 20h30 dimanche 16h

Publié le 12/03/2019 à 01:00 | Lu 2408 fois





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