Les Français et le cholestérol : entre prise de conscience et idées reçues

Alors qu’a lieu actuellement la Tournée nationale de prévention et d’information contre le cholestérol (depuis le 2 jusqu’au 14 mai 2011) revenons plus en détail sur les chiffres extraits de l’étude Ifop / Fruit d’Or pro-activ « Les Français et le cholestérol » : un Français sur deux n’a jamais effectué de dépistage du cholestérol sanguin ou l’a fait il y a longtemps. Lorsqu’on leur demande s’ils ont du cholestérol, 72% déclarent ne pas en avoir et 11% ne savent pas s’ils en ont. Pourtant 21% d’entre eux affirment ne jamais avoir dépisté leur cholestérol et 28% l’avoir dépisté il y a longtemps…


Un paradoxe peut-être lié à une idée reçue : les trois-quarts (74%) des Français pensent qu’il existe des signes avant-coureurs indiquant un excès de mauvais cholestérol ou ignorent s’ils existent alors que le plus souvent, aucun symptôme évident ne permet de le déceler.

Pourtant un excès de mauvais cholestérol peut engendrer des maladies cardiovasculaires, comme l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral, qui représentent la première cause de mortalité dans le monde et font près de 17 millions de victimes chaque année. Une bonne raison de se préoccuper de son cholestérol !

Mais les Français se sentent-ils concernés par leur cholestérol ? Parmi les profils les plus susceptibles d’avoir un excès de mauvais cholestérol : 40% des Français citent les personnes dont un membre de la famille a déjà un excès de cholestérol et un quart (24%) cite les plus de 40 ans

S’il est vrai que, dans des cas extrêmes, l’excès de cholestérol peut être héréditaire -on parle alors d’hypercholestérolémie familiale- et que le taux de cholestérol a tendance à s’élever avec le temps, on peut néanmoins avoir moins de 40 ans, n’avoir aucun antécédent familial et avoir du mauvais cholestérol en excès !

En effet, le mode de vie et l’alimentation jouent eux aussi un rôle important dans l’excès de cholestérol, la sédentarité et le surpoids faisant baisser le bon cholestérol et favorisant l’augmentation du mauvais cholestérol sanguin. Ainsi, 73% des moins de 35 ans n’ont jamais effectué de dépistage du cholestérol ou l’ont fait il y a longtemps et 18% des moins de 35 ans ne savent pas s’ils ont un excès de cholestérol sanguin. Mais la prise de conscience des Français autour du cholestérol augmente avec l’âge puisque 59% des Français de plus de 35 ans ont effectué récemment un dépistage du cholestérol sanguin.

Des risques bien identifiés par les Français…

95% des Français connaissent l’existence d’un « bon » et d’un « mauvais » cholestérol. Ils identifient également bien les risques cardiovasculaires qui sont liés à un excès de mauvais cholestérol : 91% d’entre eux identifient l’infarctus du myocarde comme une conséquence de cet excès et 85% d’entre eux, l’accident vasculaire cérébral.

Les personnes qui ont déjà effectué un dépistage du cholestérol semblent mieux informées sur les risques qui y sont liés que celles qui n’en ont jamais effectué. En effet, elles sont plus nombreuses à considérer l’accident vasculaire cérébral comme l’une des conséquences possibles d’un excès de cholestérol1 (à 87% contre 77% pour les personnes n’ayant jamais effectué de dépistage).

Des chiffres qui rappellent l’importance de la prévention et le rôle du médecin traitant dans la prise en charge et le suivi de l’hypercholestérolémie, principale responsable de l’athérosclérose à l’origine de la plupart des maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité au monde.

Lorsqu’il y a trop de mauvais cholestérol dans le sang, il forme des dépôts graisseux ressemblant à des lignes blanchâtres appelées « stries lipidiques ». Sans conséquence pour la santé, ces dépôts s’épaississent au fur et à mesure, formant ce qu’on appelle une plaque d’athérome. Si on découpe l’artère, on aperçoit, contrastant avec la paroi lisse et jaune, la « plaque » typique, comme une saillie blanchâtre très dure. Plus elle grossit, plus la plaque attire d’autres dépôts graisseux. Un vrai cercle vicieux ! Le dépôt rétrécit les vaisseaux, empêchant le sang de bien circuler et entraînant une mauvaise irrigation des tissus. Un beau jour, la plaque peut se rompre, un caillot de sang se forme et bouche complètement l’artère (thrombose). D’autres facteurs comme l’hypertension artérielle, le diabète ou encore le tabac se surajoutent au facteur alimentaire. Sans oublier le rôle-clé de l’âge : avec le temps, les artères perdent de leur souplesse et s’épaississent. Ce durcissement des artères aggrave les dommages liés à la plaque d’athérome.

… mais des causes et solutions souvent méconnues !

Si les Français sont relativement bien informés sur les conséquences d’un excès de cholestérol, ils s’avèrent beaucoup moins au fait des causes de cet excès et des solutions pour y remédier. Ainsi 74% des Français pensent que les personnes qui mangent très gras sont plus susceptibles d’avoir du « mauvais » cholestérol en excès ; 62% associent régime anticholestérol à suppression des graisses et un tiers (32%) pense que régime anticholestérol rime avec contraintes.

Des certitudes qui mettent en lumière une confusion entre aliments riches en gras et mauvaises graisses, rééquilibrage alimentaire et privation... Une privation plus souvent évoquée par les hommes, à 36% contre 29% pour les femmes, ces dernières ayant plutôt tendance à croire qu’il faut supprimer les graisses (à 66% contre 58% pour les hommes).

Néanmoins, 90% des Français citent le régime adapté parmi les solutions dont ils ont déjà entendu parler pour faire baisser et maîtriser le taux de cholestérol. Un chiffre qui montre qu’ils font bien le lien entre alimentation et cholestérol, à 92% pour les femmes contre 88% pour les hommes.

En effet, si 70% du cholestérol de notre organisme est fabriqué dans le foie, 30% provient de notre alimentation. La limitation du cholestérol alimentaire fait partie des cinq mesures principales émises par les organismes officiels français, (AFSSAPS - Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de santé) dans la prise en charge globale d’une hypercholestérolémie, mesures auxquelles il faut ajouter :

- une limitation de l’apport en acides gras saturés (graisses animales) au profit des acides gras mono ou polyinsaturés (huiles, margarines)
- une augmentation de la consommation en acides gras polyinsaturés oméga 3 (poissons)
- une augmentation de la consommation de fibres et de micronutriments (fruits, légumes, produits céréaliers)
- la pratique d’une activité physique régulière (par exemple : 30 min par jour de marche active)
- l’utilisation d’aliments enrichis en stérols végétaux (margarine, yaourts, etc.)

Des mesures connues par seulement 65% des Français pour la pratique d’un sport (70% des hommes contre 60% des femmes) et 51% des Français pour la consommation d’aliments enrichis en stérols végétaux. Pourtant, la pratique d’une activité physique modérée et régulière peut aider à maîtriser le taux de mauvais cholestérol, de même que la consommation d’aliments en stérols végétaux. En effet, l’action des stérols végétaux sur la baisse du cholestérol LDL est connue depuis les années 50 et a été confirmée par l’EFSA (Autorité Européenne de sécurité des aliments) en 2008.

Il a été prouvé scientifiquement que consommer 1,5 à 2,4 g de stérols végétaux par jour permet de réduire de 7 à 10 % le taux de « mauvais cholestérol » (LDL) dans le cadre d’un régime et d’un mode de vie adaptés, en 2 à 3 semaines. Les stérols végétaux, qui ressemblent au cholestérol, diminuent l’absorption intestinale du cholestérol. Ils limitent ainsi le passage du cholestérol dans le sang, ce qui permet de réduire de manière significative le taux de cholestérol.

Si les modifications du régime alimentaire et la reprise d’une activité physique modérée ne suffisent pas à faire baisser le cholestérol, le médecin traitant peut choisir de prescrire des médicaments hypocholestérolémiants, connus comme une solution possible par 56% des Français.

Publié le 11/05/2011 à 10:55 | Lu 3344 fois