Les Européens et les Américains face à leurs systèmes de santé respectifs… (sondage)

Le Groupe Europ Assistance vient de publier, la cinquième édition du « Baromètre Cercle Santé–Europ Assistance »* sur la perception qu’ont les Européens et les Américains de leurs systèmes de santé respectifs. D’une manière générale, les Européens et les Américains expriment une confiance hétérogène et limitée envers leurs systèmes de santé et expriment de fortes attentes pour la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Cette étude montre également que la consommation de soins reste impactée par la conjoncture économique dans quelques pays, dont les Etats-Unis et la France, et est durablement transformée par les nouvelles technologies.





Les Américains et les Européens sondés expriment des opinions de satisfaction hétérogènes sur leur système de santé, mais partagent la même inquiétude quant à son avenir

Les citoyens des dix pays interrogés dans le cadre du Baromètre Cercle-Santé Europ Assistance portent des regards très contrastés sur l’organisation de leur système de santé. Tandis que 86% des Autrichiens et 72% des Britanniques en ont une opinion positive, seuls 29% des Italiens et 17% des Polonais la jugent favorablement.

Les Français, avec 59% d’opinions positives, se situent dans la moyenne européenne. Ces résultats peuvent s’expliquer en partie par une perception plus inégalitaire de l’accès aux soins en Italie et en Pologne (respectivement 57% et 76% d’opinions négatives) qu’en Autriche ou en Grande-Bretagne (respectivement 50% et 40% d’opinions négatives). En France, les opinions sont très partagées puisque 49% des Français estiment que le système de santé actuel garantit l’égalité d’accès aux soins médicaux pour tous (+1 point par rapport à 2010).

Outre-Atlantique, moins d’un Américain sur deux (49%) juge favorablement l’organisation du système de santé aux États-Unis. Ce chiffre mitigé masque néanmoins un réel clivage entre les citoyens ne bénéficiant pas d’une couverture médicale (33% d’opinions positives seulement) et ceux couverts par le système d’assurance-santé Medicare (62% d’opinions positives).

Les Américains et les Européens sondés partagent néanmoins d’importantes inquiétudes concernant l’avenir de leur système de santé. Le manque de financement public est globalement identifié comme la menace la plus importante pour l’avenir de leur système de soins en particulier pour les Italiens (85%), les Britanniques (78%) et les Espagnols (75%). A l’opposé, les Allemands (50%) et les Français (53%) semblent moins inquiets.

Les inquiétudes liées à la qualité des soins sont également très prégnantes. Ainsi, 83% des Britanniques et 80% des Espagnols estiment que les risques d’infection à l’hôpital constituent une menace très importante, tandis que 88% des Polonais et 76% des Espagnols se disent inquiets des délais d’attente avant d’être soignés.

La première inquiétude des Français est, comme chaque année depuis 2006, la pénurie de médecins généralistes, 58% d’entre eux estimant qu’il s’agit d’une menace très importante.

L’impact de la conjoncture économique sur la consommation de soins s’accentue dans quelques pays européens et aux Etats-Unis : plus d’un Français sur quatre a reporté ou renoncé à des soins médicaux

La tendance au renoncement ou au report des soins pour raisons financières, particulièrement forte au cours des dernières années en raison de la crise économique est confirmée dans quelques pays européens et aux Etats-Unis.

En France, 29% des Français déclarent avoir reporté ou renoncé à des soins médicaux en raison de difficultés financières au cours de l’année écoulée ; ils étaient 23 % en 2010 et 11 % en 2009. Parmi les dix pays du baromètre, seule la Pologne, avec 36% des citoyens ayant reporté ou renoncé à des soins, présente un taux de renoncement aux soins supérieur à celui de la France.

En France, ce sont les soins dentaires et les lunettes qui sont concernés par ces reports dans trois quarts des cas. 12% des Français déclarent tout de même avoir renoncé à des soins courants pour raisons économiques. Aux États-Unis, ce sont 25% des sondés qui déclarent avoir reporté ou renoncé à des soins. Ce chiffre atteint les 66% parmi les personnes ne bénéficiant pas d’une assurance maladie. 7% des Américains vont jusqu’à repousser les soins les plus lourds (opérations, examens ou traitements coûteux).

Les sondés font confiance aux autorités de santé en matière de sécurité sanitaire dans la plupart des pays

Les personnes sondées dans la plupart des pays font confiance aux contrôles mis en place par les autorités sanitaires pour limiter les risques liés à la prise de médicaments : ainsi les Italiens, les Suédois et les Espagnols sont les plus positifs (respectivement 85%, 68% et 67% de citoyens qui déclarent avoir confiance dans les autorités sanitaires).

Avec 58% de sondés faisant confiance aux contrôles des institutions de surveillance sanitaire, la France occupe une position médiane. L’affaire du Mediator et les récentes polémiques faisant suite au retrait du marché de plusieurs médicaments ne semblent donc pas avoir marginalisé l’opinion publique française par rapport à celle des autres pays. En revanche les Allemands, les Polonais et les Tchèques sont plus de 50% à déclarer ne pas avoir confiance.

Aux Etats-Unis, la confiance envers les contrôles mis en place par les autorités sanitaires est assez équilibrée, où 50% de la population déclare faire confiance à ces autorités contre 46% n’ayant pas confiance. France et 4,1 sur 10 en Italie. 78% des Italiens expriment ainsi des craintes importantes face au risque d’erreurs médicales.

La prise en charge de la dépendance est encore mal perçue : de fortes attentes pour améliorer le maintien à domicile et une préférence en France pour la création d’un nouvel organisme de financement

La prise en charge des personnes âgées dépendantes est majoritairement mal perçue dans la plupart des pays sondés par le Baromètre. C’est en Pologne (85%), en Italie (77%) et en France (64%) que le taux d’insatisfaction est le plus élevé. L’Autriche, l’Espagne et les États-Unis sont les trois seuls pays à avoir une image positive de cette prise en charge (respectivement, 65%, 61% et 53% d’opinions positives). Pour la grande majorité des sondés, les pouvoirs publics n’ont pas pris la pleine mesure du défi de la dépendance (88% des Polonais, 87% des Tchèques, 80% des Suédois).

En France, le sondage – réalisé avant l’annonce du report de la réforme de la dépendance – fait apparaître une opinion moins négative, où 58% des citoyens considérent que les pouvoirs publics n’ont pas pris la pleine mesure du défi de la dépendance.

Pour faire face aux problèmes posés par l’allongement de la durée de vie et l’augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes, l’ensemble des sondés plébiscite le maintien à domicile (83% des Américains et 82% de Britanniques). Néanmoins, dans tous les pays sauf les États-Unis, on observe une diminution significative par rapport à l’année précédente du nombre de personnes satisfaites de l’aide publique pour le maintien à domicile des personnes âgées et dépendantes, y compris en France où l’on passe de 50% à 44% d’opinions positives.

Pour prolonger le maintien à domicile, de fortes attentes sont exprimées en Europe et aux États-Unis en ce qui concerne le développement des emplois d’aide à domicile (prioritaire pour plus 9 personnes sur 10 dans l’ensemble des pays interrogés) et de la télésurveillance qui permet de sécuriser la vie à domicile (autour de 8 personnes sur 10 et jusqu’à 94% des Britanniques). La robotique, qui permet de réaliser des tâches quotidiennes, est plutôt bien perçue par les Européens et les Américains (63% d’opinions favorables en France par exemple).

Pour assurer la prise en charge de la dépendance, plus de la moitié des sondés dans tous les pays (sauf en Suède et en Espagne) est favorable à un financement mixte combinant financement public et contribution personnelle. Concernant la partie publique de ce financement, Européens et Américains considèrent majoritairement qu’elle est à intégrer dans les dépenses de santé.

Un Français sur deux se prononce néanmoins en faveur de la création d’un nouvel organisme de financement, solution plébiscitée seulement par 7% des Italiens et 18% des Suédois.

L’usage des nouvelles technologies pour la santé s’installe durablement en Europe et aux États-Unis

La Suède est le pays où la consultation d’informations santé sur Internet est la plus répandue (72% des Suédois), devant les États-Unis (71%) et l’Autriche (58%).

L’Allemagne, l’Italie, la France, la République Tchèque et l’Espagne sont les pays les moins utilisateurs, avec moins d’un citoyen sur deux consultant des informations de santé sur Internet. Mais l’utilisation d’Internet pour la recherche d’informations sur la santé progresse dans la quasi-totalité des pays depuis 2006. Le pourcentage de Suédois consultant des informations santé sur Internet est ainsi passé en cinq ans de 46% à 72%. De même, la majorité des sondés est plutôt en faveur du développement de moyens de surveillance médicale continue par téléphone mobile (par exemple relevé quotidien du taux de glycémie, prise de la tension et du rythme cardiaque, etc.) : 79% des Espagnols, 63% des Britanniques et 55% des Français sont pour.

L’utilisation des nouvelles technologies se conçoit toutefois avant tout comme un complément à la relation traditionnelle avec le médecin. Ainsi, 88% des Polonais et 87% des Américains souhaitent que le médecin complète les informations trouvées sur Internet, tandis que 78% des Français et des Italiens attendent du médecin qu’il explicite ces informations.

Preuve de cet attachement à la relation patient-médecin, si l’utilisation d’Internet entre praticiens pour permettre d’analyser à distance le dossier d’un patient est relativement bien acceptée (82% des Suédois et 62% des Polonais sont favorables), les résistances demeurent importantes en ce qui concerne les consultations médicales à distance avec un médecin généraliste par Internet et avec webcam : la population reste très majoritairement défavorable à ce mode de consultation dans tous les pays, à commencer par les Français (82%) et les Italiens (80%). Les Espagnols (39%), les Américains (38%) et les Polonais (35%) se montrent néanmoins plus ouverts que les autres sondés à cette possibilité.

*Réalisé par l’Institut CSA à la demande du Groupe Europ Assistance, en association avec le Cercle Santé Société, le « Baromètre Cercle Santé – Europ Assistance » a pour vocation de fournir des éléments de compréhension sur les pratiques, attentes et préoccupations en matière de santé des citoyens de neuf pays européens (Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Suède, Pologne et Autriche, auxquels s’ajoutent pour la première fois cette année l’Espagne et la République Tchèque) et des États-Unis. Il mesure et suit depuis cinq ans l’état de l’opinion publique sur les grands débats de santé.

Ce baromètre a été réalisé sur un échantillon de 5 500 individus représentatifs de la population des 18 ans et plus, répartis sur les dix pays, aux mois de mai et juin 2011.

Article publié le 04/10/2011 à 09:58 | Lu 1582 fois