Le point sur la thrombose… Et comment la traiter…

Suite à l'atelier d'information qui s'est tenu le 3 mai 2012 sur le thème « Phlébites et Prévention des AVC : apports des anticoagulants dans la prise en charge » où intervenaient les professeurs Grégoire Le Gal, médecine interne au CHU de Brest et Jean-Yves Le Heuzet, chef du service de cardiologie à l'HEGP, voici un point détaillé sur la thrombose, caillot sanguin, qui peut obstruer une veine ou une artère et entrainer des conséquences désastreuses…


Qu'est-ce que la thrombose ?

Le terme de thrombose désigne la formation d'un caillot dans un vaisseau sanguin, ce qui obstrue une veine (thrombose veineuse) ou une artère (thrombose artérielle).

Les caillots sanguins se forment physiologiquement afin d'empêcher les saignements consécutifs à une lésion d'un vaisseau sanguin. Ils jouent le rôle de « bouchon » là où le vaisseau sanguin a été touché1.

Cependant, si la cascade de coagulation n'est pas activée à bon escient, cela peut aboutir à la formation anarchique de caillots sanguins potentiellement mortels.

Une thromboembolie se produit lorsqu’une partie du caillot sanguin (embole) se détache et est emmené par le flux sanguin. Plus loin dans le système circulatoire, cet embole finit par obstruer un vaisseau empêchant ainsi la circulation sanguine.

Pourquoi la thrombose représente-t-elle un danger ?

La thrombose peut aboutir à différents types de pathologies thromboemboliques veineuses ou artérielles (ou VAT) qui touchent des millions de gens dans le monde.

- La thromboembolie veineuse (TEV) englobe deux pathologies sérieuses : la thrombose veineuse profonde (TVP) et l'embolie pulmonaire (EP). La thrombose veineuse profonde (TVP) désigne la présence d’un caillot sanguin (thrombus) dans une veine profonde, généralement située dans la jambe, et qui bloque partiellement ou totalement la circulation sanguine.

Si un morceau ou l'ensemble du thrombus se détache, il peut migrer vers les poumons via le flux sanguin et l'artère pulmonaire. Là, il obstrue l'un des vaisseaux sanguins qui amènent le sang aux poumons. Cette pathologie très grave s'appelle une embolie pulmonaire (EP). Souvent, le premier et dernier symptôme évocateur d'une thromboembolie veineuse (TEV) est l’embolie pulmonaire (EP) soudaine et fatale.

- La thromboembolie artérielle correspond aux accidents vasculaires cérébraux (AVC), aux cardiopathies ischémiques et aux maladies du système vasculaire périphérique. Elle peut également entraîner un syndrome coronarien aigu (SCA), un terme qui recouvre l'angor instable et les crises cardiaques, également appelés « infarctus du myocarde »

Qui est exposé au risque de thrombose ?

Parmi les populations exposées au risque de thrombose, on trouve :

- Thromboembolie veineuse (TEV) : Les patients subissant une intervention chirurgicale, comme une intervention d'orthopédie majeure (de type arthroplastie de la hanche ou du genou) ou une intervention majeure liée à un cancer, ainsi que ceux admis en milieu hospitalier en raison d'un état de santé préoccupant.

De plus, parmi les facteurs de risque liés au patient ou prédisposants, on compte la thrombophilie héréditaire, l’âge, l'obésité, les antécédents de TEV et les varices2.

- Thromboembolie artérielle : Les patients présentant une fibrillation atriale (FA) et ceux ayant survécu à un syndrome coronarien aigu (SCA), ce qui inclut les patients admis aux urgences et présentant une douleur thoracique ou tout autre symptôme évocateur d'un SCA.

Est-ce qu’il s’agit d’une pathologie fréquente ? Quelles sont les conséquences ?

Thromboembolie veineuse (TEV) :
- La thromboembolie veineuse (TEV) tue une personne toutes les 37 secondes, ce qui représente plus de 843 000 décès par an, l'Europe en comptabilisant plus de 540 000 à elle seule. Au sein de l'UE, la TEV est responsable de plus de deux fois plus de décès que le cancer du sein, le cancer de la prostate, le SIDA et les accidents de la route réunis.
- 10 à 25% des embolies pulmonaires (EP) sont rapidement fatales, en général dans les 2 heures qui suivent l'apparition des symptômes.

Thromboembolie artérielle :
- Les patients présentant une fibrillation atriale (FA) sont 5 fois plus exposés au risque d’un accident vasculaire cérébral (AVC), les AVC liés à la fibrillation atriale (FA) étant plus graves que ceux qui surviennent en dehors de cette pathologie. Pour les patients ayant subi un AVC lié à une fibrillation atriale (FA), le risque de décès est augmenté de 50% au cours de l'année qui suit cet incident8.
- Les maladies coronariennes provoquent environ 7,2 millions de décès dans le monde chaque année, dont une grande partie peut être attribuée au syndrome coronarien aigu (SCA).

Comment prévenir et traiter la thrombose ?

Les anticoagulants sont utilisés depuis plus de 70 ans pour prévenir et traiter les caillots sanguins potentiellement mortels. Cependant, les traitements classiques les plus couramment utilisés sont associés à des inconvénients non négligeables.

Thromboembolie veineuse (TEV) :

- Les « héparines », classe d’anticoagulants administrés par voie injectable, constituent le traitement classique de référence destiné à prévenir la thromboembolie veineuse (TEV) associée à la chirurgie orthopédique. À l'heure actuelle, la référence en matière de traitement et de prévention de la thromboembolie veineuse (TEV) récidivante consiste en une approche basée sur deux médicaments: l'héparine administrée de façon concomitante avec un AVK pendant 10 jours en moyenne puis un relais avec un antagoniste de la vitamine K (AVK) seul, tel que la warfarine.

Thromboembolie artérielle :

- Aujourd'hui, le traitement de référence en matière de prévention des accidents vasculaires cérébraux (AVC) liés à la fibrillation atriale (FA) consiste à administrer des antagonistes de la vitamine K (AVK).

- Le traitement de référence pour empêcher la formation de nouveaux caillots chez les patients présentant un syndrome coronarien aigu (SCA) consiste en une bithérapie antiplaquettaire associant l'aspirine et une classe de médicaments appelés « thiénopyridines ».

Les inconvénients des traitements actuels peuvent aboutir à une sous-utilisation, ce qui peut s'avérer contraignant pour les patients et continuer à les exposer au risque.

- Les héparines doivent être administrées sous forme d'injection, ce qui peut présenter des inconvénients et provoquer une gêne. De plus, certains patients mis sous héparine peuvent subir une réaction rare mais grave connue sous le nom de TIH (thrombocytopénie induite par l'héparine), ce qui peut provoquer ou aggraver une thrombose.

- Les antagonistes de la vitamine K (AVK) présentent une fenêtre thérapeutique étroite (ce qui signifie que la marge de manoeuvre entre la dose provoquant une anticoagulation efficace, la dose pouvant accentuer les risques d'épisodes hémorragiques et celle qui peut augmenter le taux de caillots sanguins, est étroite). Il est donc nécessaire d'adapter fréquemment la posologie et de pratiquer une surveillance étroite de la coagulation. De plus, les AVK mettent du temps avant d'agir et présentent de nombreuses interactions médicamenteuses et alimentaires.

- Même si la bithérapie associant aspirine et thiénopyridines s'avère efficace, le taux d'incidents cardiaques consécutifs à un épisode lié au syndrome coronarien aigu reste élevé.

Les nouveaux anticoagulants par voie orale semblent être prometteurs en proposant une simplification majeure de la prise en charge tant pour les prescripteurs que les patients.

- Parmi les avantages des nouveaux anticoagulants par voie orale, on trouve des niveaux de coagulation prévisibles ne nécessitant ni surveillance régulière de la coagulation ni adaptation posologique, un risque atténué d'interactions médicamenteuses et aucune restriction alimentaire.

Publié le 10/05/2012 à 12:32 | Lu 2259 fois