Le point sur la prise en charge des personnes âgées en Europe et au Canada (partie 2)

Alors que la FNAAFP/CSF (Fédération de l’aide à domicile) vient de présenter son plaidoyer portant sur « une réponse adaptée aux besoins des personnes vieillissantes », cette institution a également réalisé un intéressant tour d’horizon de la prise en charge des personnes âgées dans quelques pays de l’Union européenne et au Canada. Détails.


En Suède, la prise en charge des dépendances, service public dont l’Etat est responsable, s’inscrit dans le système de protection sociale. Des dispositifs de protection contre la perte d’autonomie furent mis en place dès 1964, alors qu’en France, il fallut attendre 1997 pour que soit délivrée la prestation dépendance.
 
En Suède, le soutien aux personnes âgées dépendantes est universel, alloué en fonction des besoins et non des moyens et financé par la solidarité publique (impôt).
 
L’action de l’Etat ne se limite pas à l’attribution de subventions : des politiques de prévention sont mises en œuvre tout au long de la vie. Par ailleurs, la structure familiale joue un rôle crucial, car beaucoup de personnes âgées ont encore la possibilité de s’appuyer sur leurs proches.
 
Mais ce sont les communes qui sont la véritable pierre angulaire du système. Elles délivrent les prestations et coopèrent avec le secteur privé. Elles sont chargées du secteur médicosocial (personnes âgées, handicapés, personnes souffrant de troubles mentaux de longue durée), mais aussi des maisons de retraite et des cures médicales.
 
La prise en charge des personnes dépendantes par les communes est majoritairement financée par la solidarité publique : 80% des efforts sont assurés par les impôts locaux, 16% le sont par des subventions de l’Etat, les 4% restants étant à la charge des usagers. Les dépenses publiques liées à la dépendance représentent en Suède 3% du PIB, alors que les autres pays européens y consacrent 0,5 à 1,5% de leur PIB. La Suède a donc admis que la prise en charge de la dépendance ne peut être assurée avec succès que si elle constitue un engagement public conséquent, complété par les prestations des entreprises privées.
 
L’aide à domicile représente aujourd’hui la première étape de l’assistance concrète aux personnes âgées. Rares sont ceux qui sont admis dans un établissement spécialisé sans avoir reçu auparavant une aide à domicile. Le nombre d’heures d’aide à domicile par bénéficiaire n’est pas limité et la Suède est le seul pays à avoir inscrit dans la loi le droit au maintien à domicile avec une aide appropriée, indépendamment de l’importance des besoins.
 
La Finlande, comme les autres pays scandinaves, est réputée pour son offre extensive de services sociaux. Les services sociaux, les services sanitaires et de logement ont connu une croissance continue dès la période d’après-guerre.
 
Les taux de prise en charge des personnes âgées, que ce soit dans des institutions de soins de longue durée ou par des services non résidentiels, ont toujours été élevés dans les pays nordiques. On peut repérer de nombreuses similitudes entre la Finlande, la Suède, la Norvège et le Danemark de ce point de vue.
 
Premièrement, les services de prise en charge sociale sont largement disponibles dans les pays nordiques (à l’exception de l’Islande). Deuxièmement, les classes moyennes et supérieures font partie des bénéficiaires des services publics, ce qui est lié au fait que l’ensemble du système de services tient compte des intérêts des femmes. Troisièmement, les municipalités ont la responsabilité de la production de services. Elles ont le pouvoir de lever des impôts tout en bénéficiant du soutien de l’État.
 
Afin de comprendre le régime scandinave de « Social Care », il est important de souligner le fait que les municipalités sont les principales responsables de l’organisation des services sociaux. L’État fixe le cadre législatif, mais il ne contrôle pas le détail des activités locales. Les municipalités s’autogouvernent, dans le sens où leurs représentants sont élus et où elles disposent du droit de lever l’impôt.
 
Elles sont responsables de l’organisation de services tels que l’éducation, la santé et les politiques sociales (Welfare). Dans la mise en oeuvre de ces missions, elles sont soutenues par des subventions de l’État. De nombreuses réformes concernant les relations entre l’État et les gouvernements locaux ont eu lieu, mais les années 1980 et 1990 ont été favorables à une plus grande autonomie des municipalités.
 
En Finlande, il existe une nette différence entre le statut du système de garde d’enfant et celui de la prise en charge des personnes âgées. Le premier est un service fortement universel, avec un droit subjectif des parents à des services de garde municipaux. Dans le domaine des personnes âgées, la modernisation de la législation a été un processus lent.
 
En conséquence, les droits des citoyens et les devoirs des autorités locales ne sont pas inscrits dans la loi aussi clairement que dans la législation concernant la garde d’enfant, et le droit d’appel est rarement utilisé. L’accès aux services de prise en charge dépend d’une évaluation professionnelle et d’importantes variations existent entre les différentes municipalités. La prise en charge des personnes âgées est encore principalement considérée comme une obligation familiale ; la contribution des organisations formelles étant perçue comme complémentaire aux soutiens informels.
 
Le Canada dispose, depuis le début des années 1970, d’un système de santé public qui garantit à tous les canadiens un accès universel à des services hospitaliers et médicaux gratuits.
 
En 2006, le gouvernement du Canada a mis sur pied le cabinet de la ministre d'État (Aînés) au sein d'Emploi et Développement social Canada (EDSC). Son mandat consiste notamment à travailler en collaboration avec les nombreux ministres, ministères et organismes participant à l'élaboration des politiques et des programmes qui touchent les aînés canadiens.
 
EDSC préside un comité interministériel qui rassemble ces ministères et organismes fédéraux et qui est un point de convergence pour une vaste gamme de domaines concernés par les questions touchant les aînés. Bénéficiant de cette analyse provenant de tous les secteurs de l'administration fédérale, la ministre d'État (Aînés) fournit au Cabinet une perspective ciblée sur divers dossiers liés aux aînés.
 
Conscient de l’inexorable vieillissement de sa population (25% de la population aura plus de 65 ans en 2031) le gouvernement Canadien a mis en place un plan d’action intitulé « Vieillir et Vivre Ensemble ». Cette politique comprend un ensemble de 74 actions et mesures et vise à maintenir au maximum les personnes âgées dans la vie active. D’un autre côté, le plan se concentre sur l’aide à domicile pour les personnes en perte d’autonomie et sur les structures d’accueil des seniors.

Publié le 30/03/2018 à 01:00 | Lu 12258 fois