Le cure-dent de Jean-Yves Lacroix : le malheur du soufi

« Touchant la vie d’Omar Khayyam, les sources anciennes sont minces. Elles se recoupent très rarement et se contredisent souvent ». Dans Le cure-dent, Jean-Yves Lacroix en fait une biographie sommaire et éclairante.





Le poète persan du 11ème siècle fut d’abord un touche à tout émérite des sciences : mathématiques, médecine, physique, philosophie et astronomie. C’est lui qui conçut un calendrier dans lequel est introduit une année bissextile tous les quatre ans ; « c’est, précise l’auteur, la computation du temps la plus fine jamais élaborée et promulguée ».

Agé d’un peu plus de trente ans, il a la révélation de la complaisance de la science asservie au pouvoir. Il cesse alors toute activité scientifique et se consacre à l’alcool, à la poésie et au blasphème avec un égal talent pour ces trois disciplines.

« Dans un nombre important de ses quatrains*, il présente les dogmes de la religion islamique en des sophismes qui concluent invariablement à l’impotence de Dieu ». « Nous ne sommes parfaitement ni avec Dieu ni sans Dieu » est sa foi.

Il élève le quatrain à la perfection. Dans la société alcoolique qu’il fréquente cette forme de poésie est la plus « adaptée à la capacité de concentration générale ».

Il est indispensable de souligner tout le talent de Jean-Yves Lacroix. Son style au lyrisme épuré, non dénué d’humour et même d’ironie sert à merveille ce portrait subjectif d’Omar Khayyam.

*réédités par Allia (2008)

Le cure-dent
Jean-Yves Lacroix
Editions Allia
92 pages
6.10 euros
Le cure-dent de Jean-Yves Lacroix : le malheur du soufi

Article publié le 19/01/2009 à 09:28 | Lu 4107 fois