Le cœur cousu de Carole Martinez : les contes de l’amère loi

Carole Martinez propose un conte où il est question de boîte magique, d’enfant-lumière, d’homme-coq. Les enfants y croisent même un ogre. Dans la famille de Soledad, la narratrice, on se transmet de génération en génération les dons de mage et un peu de sorcellerie.


Sa mère, Frasquita Carasco, qui est le personnage principal, est couturière. Chaque pièce de tissu qui passe entre ses mains (drap, robe, drapeau, éventail,…) absorbe une partie de ses pouvoirs merveilleux.

Soledad retrace sa vie en de multiples péripéties qui sont l’occasion de camper des personnages pittoresques en quelques traits saisis à des moments brefs pour en faire vivre leurs identités profondes.

Cette fine observation combine le tragique à une sorte d’espièglerie, l’émotion à l’humour et donne au conte, tissé de révoltes rentrées, de douleurs tues, de violences étouffées, une vision du monde éblouissante et abjecte.

En fait, ce n’est rien de tout cela, mais tout cela aussi. C’est là que s’opère la magie de l’auteur. L’écriture transmue l’âpreté d’une vie en destin merveilleux. C’est une histoire intemporelle sur la folie des hommes dans leur rage à aimer, d’être aimé et aussi à haïr.

Alors, il appartient à Frasquita de « recoudre les bords du monde, empêcher qu’il ne s’effilochât, qu’il ne se défît », sur un ton merveilleusement acidulé.

Le cœur cousu
Carole Martinez
Editions Gallimard
428 pages
23 euros
Le cœur cousu de Carole Martinez : les contes de l’amère loi

Publié le 08/12/2008 à 09:18 | Lu 3008 fois