Le bon cholestérol serait encore meilleur après un infarctus !

Les HDL, ces transporteurs de cholestérol composés de lipides et de protéines ont des atouts insoupçonnés : non seulement ils protègent contre le risque d’ischémie mais, en cas d’infarctus du myocarde, un remodelage de leur structure accroit cet effet. Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles pistes thérapeutiques. Le point avec l’Inserm.





Le HDL-cholestérol (HDL-c) est communément appelé le bon cholestérol, par opposition au LDL-cholestérol (qui lui, est le « mauvais »). Il s’agit en fait de particules composées de lipides et de protéines qui transportent le cholestérol vers le foie où il sera éliminé.
 
Le bon cholestérol présente par ailleurs une activité anti-thrombotique, c’est-à-dire qu’il réduit le risque d’agrégation plaquettaire qui conduit à la formation d’un thrombus susceptible d’obstruer une artère. Il possède également d’autres propriétés intéressantes comme une activité anti-apoptotique qui protège les cellules de la paroi vasculaire (les cellules endothéliales) ou encore une activité anti-inflammatoire.
 
Bref, augmenter la concentration de bon cholestérol dans le sang parait une évidence pour lutter contre les accidents ischémiques et améliorer la santé vasculaire. Sauf que, si les statines qui réduisent le LDL-c se sont révélées efficaces en la matière, l’utilisation de molécules permettant d’augmenter le taux de HDL-c échoue systématiquement à améliorer la santé des sujets à risque.
 
« Aucun essai destiné à augmenter la concentration totale de HDL-c n’a permis de réduire le risque de thrombose, constate Cécile Vindis*. Je pense cependant qu’il ne faut pas remettre en cause cette approche, mais la travailler beaucoup plus, l’affiner. Il existe différentes fractions de HLD-c possédant des structures et probablement des fonctions différentes. Nous devons repartir de là et comprendre comment chacune d’entre elles fonctionnent pour mieux les cibler ».
 
Le bon cholestérol forme en effet une population hétérogène de particules HDL2, plus riches en lipides, et HDL3, plus riches en protéines, elles-mêmes divisées en plusieurs sous-groupes. Pour en savoir plus sur les propriétés anti-thrombotiques de ces différentes particules, Cécile Vindis et ses collègues ont étudié des fractions HDL2 et HDL3 de patients ayant fait un infarctus du myocarde (IDM) et de sujets à risque cardiovasculaire (atteints d’hypertension, de diabète, de dyslipidémie ou encore tabagiques) indemnes de cet événement.
 
In vitro, après avoir mis ces fractions en contact avec des plaquettes de sujets sains, ils ont eu la surprise de constater que la fraction HDL2 des individus en post IDM présentait la plus forte activité anti-thrombotique : elle était supérieure à celle de leurs propres HDL3, elle-même supérieure à celle des deux populations d’HDL issues de la cohorte des sujets à risque cardiovasculaire mais indemnes d’IDM.
 
Les chercheurs ont alors poussé plus loin leurs investigations, analysant les voies de signalisation impliquées dans la formation du thrombus et la composition de ces différentes fractions de HDL. Ils ont ainsi constaté que les HDL2 provenant de personnes en post IDM étaient particulièrement riches en phospholipides oxydés par rapport aux autres fractions d’HDL. Or, ces derniers portent à eux seuls un effet anti-thrombotique : en effet, isolés et mis au contact de plaquettes, cette catégorie de lipides suffit à diminuer l’agrégation.
 
« Nos résultats suggèrent que les HDL2 subissent un véritable remodelage à l’occasion d’un accident thrombotique, conduisant à une augmentation de leur efficacité et à une diminution des risques de récidive. Mais les mécanismes associés à ce remodelage restent à découvrir », précise Cécile Vindis.
 
En attendant, les chercheurs travaillent déjà sur ces différents phospholipides oxydés, afin d’identifier les plus efficaces et de tester leur potentiel anti-inflammatoire. Pour cela, les auteurs vont construire des particules HDL enrichies avec certains de ces phospholipides oxydés, en modifiant les mélanges et les concentrations. « A terme, l’idée serait de pouvoir administrer aux patients des HDL synthétiques présentant une très grande efficacité anti-thrombotique, pour limiter le risque de récidive après un premier accident ischémique », conclut Cécile Vindis.
 
*unité 1048 Inserm/UT3 Paul Sabatier, équipe Lipides, Peroxydation, Signalisation dans les pathologies vasculaires, en collaboration avec l’équipe Production et fonction plaquettaire, signalisation et phosphoinositides, Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires, Toulouse

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Article publié le 18/05/2018 à 01:00 | Lu 1086 fois