Le bien-vieillir, c'est d'abord être en lien avec les vivants !

Face à l’isolement des plus âgés ou devant les nécessités de rendre la vie en maison de retraite médicalisée ou dans les résidences collectives plus agréable, les « modernes » évoquent souvent les robots sociaux. Ces petites merveilles technologiques peuvent favoriser un réel bien-être chez certains aînés et contribuer à animer le quotidien. Certes.





Reste que les animaux de compagnie, et d’abord les chats et les chiens, sont des êtres vivants à ne surtout pas oublier lorsque l’on s’intéresse à la qualité de vie des seniors.
 
Ils sont moins « dans le coup » que les robots et peuvent nécessiter beaucoup d’attention et quelques désagréments au quotidien, mais leur cout de revient reste bien moindre et ils présentent bien des avantages.
 
Il ne s’agit pas d’opposer les solutions technologiques aux approches centrées sur les animaux mais de penser le vivant. Dans un récent ouvrage, le philosophe Achille Mbembe permet de penser combien la démocratie et le lien est l’affaire de tous les vivants.
 
Globalement, ce sont des compagnons de vie formidables aussi bien pour les seniors qui vivent à domicile que pour les aînés accueillis en établissements. D’abord, les animaux font tout simplement du bien par leur présence et leur compagnie, y compris auprès des plus fragiles et de ceux touchées par des bouleversements neurologiques.
 
Il faut voir les sourires et les mines apaisées des résidents en maison de retraite quand le chien fait son apparition. On évoque d’ailleurs, la zoothérapie pour dire combien l’animal domestique peut être un soin.
 
Il importe, bien évidemment, que les personnes soient formées et que les animaux concernés soient préparés ! A partir de là, des petits miracles se produisent à foison.
 
De fait, de plus en plus de lieux d’accueil s’ouvrent aux animaux domestiques. C’est une bonne chose et il faudrait certainement encourager cela. Pourquoi priver un nouveau résident, un peu perdu quand il arrive, de son animal domestique, si ce dernier est bien élevé ?
 
Mais cela va bien au-delà. Ainsi, se promener avec un animal favorise les rencontres et les échanges avec les passants, les enfants, d’autres personnes âgées… On le sait et on le voit au quotidien, rien de tel qu’un animal pour créer l’échange, prendre le temps de se parler et casser les barrières.
 
Et puis, cheminer avec un animal, c’est aussi sans s’en rendre compte faire de l’activité physique… Marcher tranquillement c’est déjà de l’activité physique, l’occasion de faire travailler presque tous les muscles, son équilibre et son souffle.
 
On sait combien pour les retraités populaires, une visite chez le vétérinaire peut être onéreuse, sans doute serait-il opportun de réfléchir à la gratuité ou à la réduction de la charge pour une partie de ces seniors.
 
Au regard des apports pour le bien vieillir et des effets sur le moral et la qualité de vie, la collectivité ne serait pas perdante… Les animaux de compagnie c’est du plaisir ! Le bien vieillir c’est d’abord être en lien avec les vivants.
 

Serge Guerin, professeur à l’INSEEC GE. Vient de publier « La silver économie pour les nuls » aux Éditions First

Article publié le 19/05/2023 à 16:05 | Lu 5932 fois