La vieillesse n’est pas un naufrage, chronique de Nancy Cattan

Non, la vieillesse n’est pas un naufrage. Oui, on peut vieillir en bonne santé, autonome, avec toutes ses facultés mentales, et une mémoire quasi intacte… C’est même le cas de la grande majorité d’entre nous, comme en témoignent toutes les études menées sur le sujet.


Selon Claudine Badey-Rodriguez, psychogérontologue (1), cette peur devenue si commune de vieillir trouve son ancrage dans ces références quasi permanentes à la dépendance, au déclin des fonctions cognitives, à la maladie d’Alzheimer, en clair aux personnes âgées en souffrance.

Comme s’il n’y avait pas d’autre vieillesse possible. Les chiffres témoignent pourtant d’une réalité bien différente : 70 % des plus de 80 ans sont autonomes pour les actes de la vie quotidienne, 88 % des hommes de plus de 90 ans et 76 % des femmes de la même tranche d’âge ne sont pas affectés par la maladie d’Alzheimer.

Ces idées reçues sur la vieillesse ont pour effet de nous précipiter dans un déni dangereux de nous-mêmes. « Avec des accroches aussi inacceptables qu’« il est interdit de vieillir », que l’on peut lire sur certains cosmétiques, on voit des jeunes femmes qui dès 30 ans sont toutes entières mobilisées dans une lutte acharnée contre les signes du temps; elles passent la moitié de la journée à s'enduire le visage d'antirides, n’osent plus quitter leurs grandes lunettes de soleil par peur des méfaits du soleil… », ironise la psychologue.

Le problème avec ce type de comportement, selon Claudine Badey-Rodriguez, c’est que l’on n’est jamais « dans le temps ». Et à le fuir en permanence, on se retrouve incapable de se trouver. « Il y a quarante ans, le sexe constituait le plus grand tabou, aujourd’hui, c’est la vieillesse, et tout ce qui nous est proposé en la matière va dans le sens du refus, jamais dans celui de l’acceptation ».

N’en déplaise pourtant aux militants du jeunisme à tout prix, l’avancée en âge n’est pas une simple addition de ces « moins » sans cesse mis en exergue. « En vieillissant, s’opèrent des modifications comme c’est d’ailleurs le cas tout au long de la vie… Mais, parmi ces modifications, il existe aussi des biens à acquérir et à recueillir ; on manifeste souvent une plus grande intelligence des situations, notamment relationnelles, on a une meilleure analyse et compréhension des choses, beaucoup développent leur humour… ».

Un humour dont il vaut mieux que nos aînés ne se déparent pas, pour mieux supporter tous les poncifs qu’on leur inflige.

(1) Elle est l’auteur de « J’ai décidé de bien vieillir » Albin Michel, 2009
La vieillesse n’est pas un naufrage, chronique de Nancy Cattan

La vieillesse n’est pas un naufrage, chronique de Nancy Cattan
par Nancy Cattan, journaliste santé

Publié le 08/12/2009 à 08:01 | Lu 4800 fois