La télécardiologie : comment ça marche ? Et pour qui ?

Depuis 2006, l'Institut de cardiologie du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière-Charles-Foix (AP-HP) propose aux porteurs de prothèses cardiaques implantables (plus connus sous les noms de pacemaker et défibrillateur) un système de suivi à distance : la télésurveillance. Actuellement, près de 300 patients du GH en bénéficient. Comment ça fonctionne ? Détails.





Le principe est simple : un dispositif de télécommunication permet au patient d'envoyer les données de la prothèse (état de l'appareil et du patient) directement au médecin.

Les anomalies techniques et médicales peuvent ainsi être détectées plus précocement. « On peut donc réagir rapidement et au mieux », explique le Dr Caroline Himbert de l'unité de rythmologie de l'Institut de cardiologie du GH Pitié-Salpêtrière - Charles-Foix.

Le pacemaker doit être contrôlé tous les six mois et le défibrillateur tous les trois mois. « Vu le débit de consultations et le nombre de médecins, ces rendez-vous sont difficiles à mettre en place. Avec la télésurveillance, ce contrôle régulier est possible », précise encore le Dr Caroline Himbert.

De plus, la télésurveillance permet d'alléger le suivi en ne maintenant que les rendez-vous utiles, de libérer du temps de consultation pour les nouveaux patients implantés et de limiter les déplacements et le temps d'attente pour les patients.

Rappelons que les stimulateurs cardiaques concernent les personnes souffrant de maladies pouvant occasionner des troubles du rythme cardiaque ou ceux souffrant d'insuffisance cardiaque. Pour ces derniers, les défibrillateurs peuvent être indiqués. Ils ont la capacité d'envoyer des chocs pour traiter les troubles du rythme, contrairement au pacemaker. « J'insiste tout particulièrement pour l'intérêt de la télécardiologie concernant les défibrillateurs, car les conséquences sont plus graves en cas de défaillance technique », commente le Dr Caroline Himbert.

Plus concrètement, les patients bénéficiaires du système de télésurveillance disposent d'un communicateur ou « cardiomessenger » qui communique grâce à un système wifi avec la prothèse. Les données du stimulateur sont ensuite transmises vers un site sécurisé par une ligne téléphonique fixe ou un réseau GSM. L'appareil doit être branché à proximité du patient pour que la transmission puisse se faire, le plus souvent de façon automatique et sans gêne pour le patient. Ainsi, selon un calendrier préétabli, le médecin est informé de l'état de l'appareil et du rythme cardiaque du patient. En cas d'événements anormaux (malaise, arythmie, alerte « matériel »...), des transmissions ponctuelles sont possibles. Néanmoins, ce dispositif n'est en aucun cas un système d'urgence.

En complément de ce suivi à distance, une consultation annuelle est maintenue pour un contrôle complet voire une reprogrammation des paramètres de la prothèse qui ne peut être faite à distance. Un premier bilan est effectué, six mois plus tôt, lors d'une téléconsultation (par écran interposé).

Bien que la télécardiologie ne soit toujours pas reconnue comme un acte médical, elle est désormais proposée de façon quasi systématique aux patients qui disposent d'appareils compatibles. « Certains n'en veulent pas, car ils sont attachés à l'aspect relationnel lié aux consultations, mais les patients sont satisfaits, ils se sentent privilégiés avec ce système de suivi », assure le Dr Caroline Himbert. Néanmoins, « la télécardiologie justifie une évolution des mentalités et une optimisation des moyens (personnel, logistique des communications, prise en charge des alertes...) en amont pour la mettre en oeuvre de façon efficace », conclut le Dr Caroline Himbert.

Article publié le 28/03/2012 à 08:38 | Lu 3803 fois