La santé vaginale tout au long de la vie

En raison de l’allongement de leur espérance de vie, les femmes occidentales passent désormais un tiers de leur vie en période de post ménopause. Durant cette période, les ovaires ne produisent plus d’estradiol, ce qui va avoir des conséquences non seulement au niveau sexuel mais aussi physiologique…


La ménopause survient en moyenne vers 51-52 ans chez les femmes en Europe. Elle signe l’arrêt du fonctionnement ovarien. Cette baisse, voire l’arrêt, de ces productions hormonales est à l’origine de perturbations d’ordre général à l’origine d’un ensemble de signes dits climatériques : bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, fatigue...
 
Mais la ménopause est également responsable de perturbations locales survenant notamment au niveau de la sphère génito-urinaire. Elles correspondent au syndrome génito-urinaire de la ménopause, dont la sécheresse vaginale fait partie et sont citées fréquemment, chez environ 8 femmes sur 105.

Symptômes et prise en charge de la sécheresse vaginale avec le Docteur Brigitte Letombe, Gynécologue au CHRU de Lille.

Qu’appelle-t-on le syndrome génito-urinaire et comment pose-t-on le diagnostic ?
 
L’arrêt de la sécrétion estrogénique à la ménopause, associé au vieillissement des tissus, est responsable de la symptomatologie climatérique comprenant des modifications de la sphère uro-génitale altérant la qualité de vie des femmes. La carence estrogénique est responsable, sur le plan vaginal d’une sécheresse des muqueuses, d’inconfort, de sensations de brulures, d’irritation vulvo vaginale, de dyspareunie (douleurs lors des rapports sexuels). Elle a aussi des répercussions sur le plan urinaire telles que le développement d’infections ou d’incontinence pouvant constituer un véritable handicap social.
 
Ces événements bouleversent la flore et la rendent plus fragile et vulnérable. Cette symptomatologie est loin d’être rare et elle nécessite d’être recherchée lors de la consultation médicale, soit à l’interrogatoire, soit à l’examen clinique, car elle n’est pas systématiquement évoquée par les femmes. Les femmes concernées rapportent principalement des problèmes de sécheresse vaginale, de douleurs pendant les rapports sexuels et de gênes urinaires.

 
L’atrophie vaginale semble être une des perturbations majeures de ce syndrome, pouvez-vous nous en dire davantage à ce propos ?

L’atrophie vaginale est une évolution de la muqueuse vulvovaginale qui devient très fine, ce qui entraîne un déséquilibre de la flore vaginale. Ce phénomène se retrouve chez la plupart des femmes ménopausées (chez 84% des femmes, six ans après le diagnostic de ménopause), contrairement aux autres symptômes qui eux ne sont pas systématiquement présents. Par ailleurs, l’atrophie vaginale est l’un des principaux déterminants de la fonction sexuelle des femmes. Sa survenue peut provoquer des modifications de leurs sensations génitales qui peuvent elles-mêmes être à l’origine de douleurs (dyspareunie), d’une difficulté de la survenue de l’excitation, d’une perte du plaisir sexuel qui engendrent par conséquent une baisse du désir et de la libido.
 
Toutes les femmes sont-elles touchées ?

Environ six femmes sur dix sont touchées par l’atrophie vaginale mais c’est un sujet assez difficile à aborder et par conséquent, certaines d’entre-elles, environ quatre femmes sur dix, reconnaissent ne jamais en avoir parlé. Effectivement, les patientes de 25 ans n’hésitent pas à évoquer leurs problèmes de désir et parlent facilement de sexualité, mais pour les femmes en période ménopausique, parler de problèmes urinaires ou de difficultés sexuelles est encore vécu comme honteux. C’est pour cette raison qu’il est important que le médecin interroge sa patiente sur la présence éventuelle de ces symptômes.
 
Quel est l’impact sur la santé de ces femmes, et sur leur qualité de vie ?

La sécheresse vaginale est trop souvent sous-diagnostiquée et sous-traitée, alors qu’elle engendre des impacts importants sur la santé : troubles et fuites urinaires, douleurs, brûlures, démangeaisons. Quant à la qualité de vie, effectivement cela se traduit notamment par des conséquences directes sur leur vie sexuelle. Dans une étude menée sur 1 000 femmes âgées de 55 à 65 ans, cet inconfort les mène, dans 58 % des cas, à éviter toute relation intime.
 
Pour le partenaire également, qui se sent responsable de l’arrêt des relations intimes dans 78% des cas, d’une absence de libido dans 52% des cas et de rapports douloureux dans 59% des cas.Dans une autre étude réalisée sur 4.264 femmes de 55 à 65 ans, 17% d’entre elles estiment que cette pathologie a un impact négatif direct sur leur estime de soi, 13% sur leur vie relationnelle et 7% sur leur vie sociale. Enfin, 32% d’entre-elles estiment que cette pathologie les font se sentir plus vieille. Il y a une véritable altération de la qualité de vie et une forme de résignation, alors qu’il y a des solutions pour traiter le problème.

Publié le 04/07/2016 à 01:00 | Lu 2546 fois