La maison de la culture du Japon toujours active : nouvelle expo, "Les êtres lieux"

Jusqu’au 1er octobre 2022, les amateurs d’art contemporain découvriront quatre artistes qui partagent tous un point commun : le Japon. Quatre artistes et quatre formes d’expression pour exprimer leurs préoccupations artistiques : la photographie avec la Japonaise Tazuko Masuyama et son manifeste, des compositions abstraites pour Yukihisa Isobe, une installation vidéo avec Amie Barouh ainsi qu’un travail associant la céramique et le langage de Sara Ouhaddou.


Des approches radicalement différentes qui illustrent le lien entre les différentes formes artistiques.
Le travail photographique de Tazuko Masuyama s’est déroulé sur une période de trente ans et raconte l’histoire d’un petit village de 1.500 habitants voué à disparaître sous les eaux d’un barrage hydroélectrique en construction.
 
Dès l’ouverture du projet en 1957, Tazuko fait l’acquisition d’un Konica et commence les premières images de ce qui deviendra un travail de documentation extraordinaire sur la vie rurale du Japon dans les années cinquante.
 
De ses soixante à quatre-vingt dix ans sous le soleil de l’été et les neiges de l’hiver, elle a documenté la vie du village de Tokuyama avant sa disparition. A la manière d’un Walker Evans, elle a créé des archives riches de plus de 100.000 tirages photographiques couleurs.
 
Des enfants, des vieillards, des voisins, tous sont photographiés en pied et toujours de bonne humeur, les vallées de sa région sont également très documentées, notamment l’un de ses arbres favori qu’elle célébrait toujours à l’époque d’Hanami. Celui qu’elle appelait son « ami l’arbre » a fini par mourir de vieillesse avant la disparition de cette vallée isolée sous les eaux du réservoir.

A travers ces images c’est la vie d’un village, d’une vallée, de ses rizières jusqu’à sa destruction par le feu et son engloutissement. Pendant trente ans, Tatsuko Masuyama a été la spectatrice de sa vie, aujourd’hui nous découvrons ce travail de passeur.
 
Avec l’oeuvre de Yukihisa Isobe, nous découvrons une démarche originale qui associe sa pratique artistique à son travail lié aux enjeux environnementaux dans sa vie professionnelle. Très tôt, dans les années soixante, il a associé l’art et l’écologie. Une notion encore peu répandue.
 
En 1965, il se retire de la vie artistique japonaise pour étudier les sciences naturelles aux Etats Unis où il rencontre l’architecte Ian McHarg le précurseur du mouvement de la planification écologique. Docteur en sciences de l’environnement dès 1972, il consacre sa carrière à l’écologie.
 
Après un retour au Japon en 1976 comme spécialiste de la planification urbaine, il faut attendre 1996 pour que, de nouveau, il renoue avec la création artistique avec une série baptisée Ecological Context.
L’œuvre présentée ici fait partie de cette série.
 
Il s’agit d’un collage entremêlant des flèches et des symboles visuels dans un langage artistique qui associe l’environnement et l’activité humaine.
 
Dans le cadre de cette exposition, Sara Ouhaddou qui n’est pas Japonaise mais a été en résidence au Japon associe sa culture nord-africaine avec celle du Japon à travers les origines du langage et les premières formes d’écriture pictographique.
 
A partir de ce travail, elle associe les communautés Amazigh du Maroc et l’ère Jomon au Japon. Des communautés qui pratiquaient la gravure, le tissage et la poterie. Une réflexion sur ces pratiques a donné naissance à une installation qui figure une cabane fabriquée d’éléments de récupération baptisée Atlas.
 
Le lien avec le Japon se fait par l’intermédiaire d’emoji et de signes provenant de la région Aomori que l’on retrouve brodés sur les pièces de tissus de la cabane.
 
Les Etres lieux, Maison de la culture du Japon à Paris.
Du 23 juin 2022 au 1er octobre 2022.

Publié le 08/07/2022 à 01:00 | Lu 2268 fois





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