La laparoscopie : une technique chirurgicale moins invasive dans le traitement du cancer colorectal

A l’occasion des « matinées médicales de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) » qui se sont tenues le 9 janvier dernier à Paris, qui portaient sur la « chirurgie d’aujourd’hui et de demain », des médecins sont venus présenter des techniques d’interventions de moins en moins invasives. Parmi elles, la laparoscopie, un geste moins agressif utilisé dans le cas des cancers colorectaux. Présentation par le professeur Yves Panis, chef de service de chirurgie digestive colorectale à l’Hôpital Beaujon de Paris.


L’évolution de l’imagerie médicale, qui englobe aujourd’hui des techniques diverses et complexes d’exploration du corps humain, a conduit à l’avènement d’une nouvelle approche chirurgicale : l’imagerie interventionnelle.

C’est ainsi qu’est née la « chirurgie mini-invasive » (mini invasive surgery), intervention qui permet d’intervenir à l’intérieur du corps sans pour autant pratiquer de grandes ouvertures et opérer à ciel ouvert.

Ce geste repose sur l’utilisation d’un endoscope, introduit dans l’organisme par une toute petite incision, voire même glissé par les voies naturelles. De petit diamètre, le tube laisse passer les instruments chirurgicaux miniaturisés nécessaires à l’intervention, ainsi que le matériel vidéo.

Grâce à une fibre optique reliée à une caméra, les chirurgiens peuvent ainsi surveiller le déroulé de l’intervention sur un écran. Ils opèrent avec une meilleure vision du champ opératoire, dont l’image leur apparaît grossie (multipliée par 15) par rapport à la chirurgie classique, à ciel ouvert.

Le confort du patient est fortement amélioré. Les grandes ouvertures, lésant les muscles et les nerfs, et les longues cicatrices sont oubliées. Trois toutes petites incisions suffisent. L’intervention dure nettement moins longtemps. Le patient souffre moins et court moins de risques de complications post-opératoires, ce qui permet de raccourcir les hospitalisations nécessaires.

La réduction de la durée des interventions et, par conséquent, des anesthésies peuvent conduire, dans certains cas, à réaliser les interventions mini-invasives en ambulatoire.
Le patient arrive le matin à l’hôpital et rentre, le soir même, à son domicile.

La laparoscopie : un geste moins agressif, dans le cancer colorectal, pour un des cancers les plus fréquents

Par le professeur Yves Panis, chef de service de Chirurgie digestive colorectale – Hôpital Beaujon

La laparoscopie, intervention mini-invasive faite sous coelioscopie, a constitué un progrès majeur en chirurgie. Et cette technique a clairement montré son bénéfice dans l’un des cancers les plus fréquents : le cancer colorectal.

Le cancer colorectal est la troisième maladie cancéreuse, tout sexe confondu. Son incidence est estimée à 36 000 personnes touchées chaque année en France, ce qui a conduit l’Institut national du cancer (INCa) à mettre en avant des mesures de prévention au sein du plan Cancer.

Une chirurgie allégée qui présente moins de complications et plus de confort pour les malades

La laparoscopie évite les grandes cicatrices abdominales qu’impose la chirurgie conventionnelle par laparotomie. L’agressivité du geste chirurgical est ainsi minimisée et l’intervention devient moins traumatisante.

Le patient souffre moins et la reprise du transit s’effectue plus rapidement. La morbidité post-opératoire est réduite, avec moins d’occlusions et moins de complications (abcès de parois…) Enfin, les opérés, hospitalisés moins longtemps, reprennent plus rapidement leur rythme de vie. En pratique, un patient qui entre à l’hôpital le lundi matin, subit quelques examens, est opéré le mardi et sort 5 à 7 jours après son admission, dans le cas d’un cancer colique droit ou gauche contre 7 à 10 jours après une chirurgie conventionnelle par laparotomie.

Cet allégement des suites opératoires après laparoscopie a nettement été démontré par toutes les études randomisées et une méta-analyse ( ) comparant l’intervention mini-invasive sous coelioscopie à la chirurgie.

La chirurgie par laparoscopie a établi son efficacité dans le cancer du côlon et du haut rectum

Dans le traitement du cancer du côlon ou du haut rectum, la chirurgie mini-invasive a aujourd’hui fait ses preuves en termes d’efficacité.

Plusieurs études randomisées ont permis de valider l’approche laparoscopique. Elles montrent que les résultats carcinologiques de la laparoscopie sont équivalents à ceux de la laparotomie ( ), voire légèrement supérieurs ( ). Pour les cancers du bas et du moyen rectum, il existe en revanche peu d’études et elles ne se sont pas montrées à l’avantage de la laparoscopie.

Un essai randomisé montre néanmoins un taux de récidive locale identique avec la laparoscopie et la laparotomie. Ces données constituent peut-être une avancée vers la validation de la chirurgie mini-invasive dans ce type de cancers ( ).

Le traitement du cancer colorectal par laparoscopie se développe

Si le bénéfice de la laparoscopie est manifeste, cette technique est encore loin d’être la règle dans le traitement des cancers colorectaux. Le taux de laparoscopie dans cette indication, insuffisante, va de 17-19 % à près de 50 % dans les équipes les mieux formées à cette technique (3 à 4 % de laparoscopie aux USA).

Cependant, le recours à la technique se développe un peu partout en France. Et l’on observe la même évolution favorable à l’AP-HP, qui poursuit sa stratégie de modernisation.

Au sein des hôpitaux de l’AP-HP, de plus en plus de chirurgiens et d’équipes sont formés à la chirurgie laparoscopique, de plus en plus de services la mettent en pratique et tous les jours, davantage de malades bénéficient de cette technique moins traumatisante que la laparotomie.

L’APHP compte des équipes parmi les plus expérimentées dans la pratique de la laparoscopie dans le traitement du cancer colorectal

Consciente du caractère essentiel de cet abord chirurgical, l’AP-HP s’est ouverte, dès le début à cette technique et a ainsi compté parmi les précurseurs dans ce domaine. Pour intensifier progressivement le recours à la laparoscopie, elle a développé la formation des jeunes générations. L’apprentissage et l’expérience des chirurgiens et des équipes chirurgicales est en effet un préalable indispensable à l’évolution de la laparoscopie. L’AP-HP a investi dans les équipements nécessaires à l’utilisation de cette technique, qui constitue incontestablement une voie d’avenir

Aujourd’hui, ces efforts de formations et d’investissement placent l’AP-HP dans la moyenne nationale et même nettement au-delà dans quelques centres de référence, qui incarnent le dynamisme et l’expérience de l’AP. Quelques services prennent en effet en charge plus de la moitié des cancers colorectaux par laparoscopie dont l’équipe de l’hôpital Beaujon.

Publié le 14/01/2009 à 11:54 | Lu 9689 fois