La grippe, c’est mieux quand on l’évite : l’Assurance maladie veut renforcer la vaccination

Chaque année, l’Assurance Maladie invite plus de 9 millions de personnes à se faire vacciner gratuitement contre la grippe. L’hiver dernier, 400.000 personnes supplémentaires se sont fait vacciner. Néanmoins, avec 59 %, le taux de couverture reste insuffisant, surtout chez les 65-69 ans et les personnes souffrant de certaines maladies chroniques. C’est pourquoi, l’Assurance Maladie se mobilise et renforce son dispositif d’incitation à la vaccination auprès des publics concernés. Nouveauté cette année : les assurés qui se sont fait vacciner l’hiver dernier peuvent se faire délivrer directement leur vaccin par leur pharmacien et se faire vacciner par une infirmière, sans prescription médicale préalable.





Chaque hiver, la grippe réapparaît et touche des millions de personnes en France. Maladie contagieuse, soit par contact direct soit par l’intermédiaire de surfaces contaminées, elle se transmet par la toux, les éternuements et la salive. Il est donc indispensable de s’en protéger. Pourtant, de nombreuses personnes ne se font pas vacciner car elles sous-estiment la gravité de cette maladie.

« En effet, si le taux de vaccination des 70 ans et plus atteint 68%, il demeure encore insuffisant chez les 65-69 ans, avec seulement 53%, alors que l’objectif de santé publique est d’atteindre un taux de couverture de 75% à fin 2009 » estime l’Assurance maladie dans son communiqué. Par ailleurs, chez les personnes souffrant de certaines maladies chroniques, le taux n’atteint que 48%.

Afin d’augmenter significativement le taux de couverture vaccinale, l’Assurance Maladie a décidé de réorienter son dispositif de communication. Parmi les mesures « grand public » :

Des courriers personnalisés afin d’inciter chaque assuré à se faire vacciner
La personnalisation des courriers tient compte de trois critères : la situation médicale, l’âge de la personne et son statut vaccinal. De cette façon, le message est adapté à chaque situation.

- Pour les personnes ayant bénéficié de la prise en charge en 2007 : le courrier propose un bon pour la délivrance gratuite du vaccin antigrippal directement par le pharmacien et une injection réalisée par une infirmière, sans prescription médicale préalable.
- Pour les personnes n’ayant pas bénéficié de la prise en charge en 2007 : le courrier les incite à se rendre chez leur médecin traitant pour se faire prescrire le vaccin antigrippal ; ce dernier sera ensuite délivré gratuitement par le pharmacien. Ce courrier est accompagné d’un dépliant informatif sur l’efficacité et l’innocuité du vaccin antigrippal afin de rassurer les assurés.

A mi-campagne (début décembre), l’Assurance Maladie a décidé de faire un effort particulier vers les personnes âgées de 65 à 69 ans en relançant ceux d’entre eux qui n’auront pas encore été vaccinés à cette date.

Avec en moyenne 2,5 millions de personnes touchées chaque année, la grippe demeure un problème de santé publique majeur. Elle peut entraîner des complications sévères chez les sujets les plus fragiles. Elle est même la première cause de mortalité par maladie infectieuse chez les personnes âgées. C’est pourquoi l’Assurance Maladie propose une prise en charge à 100% du vaccin contre la grippe à 9 millions de personnes : les assurés âgés de 65 ans et plus et ceux qui souffrent de certaines maladies chroniques.

La loi de santé publique fixe un objectif à fin 2009 de 75% pour le taux de couverture vaccinale antigrippale pour l’ensemble de ces populations fragilisées. Le taux de participation est en hausse, mais beaucoup reste à faire. .../...

La grippe : une maladie trop souvent sous-estimée
La grippe est souvent considérée comme une infection saisonnière banale mais c’est en réalité une maladie infectieuse, causée par les virus influenza, qui peut faire encourir des risques sérieux à des millions de personnes.

En effet, la grippe est une maladie hautement contagieuse. Elle se transmet très facilement d’une personne à une autre par l’air ambiant, lorsqu’un malade éternue ou tousse, mais aussi par les mains lors d’un contact avec une surface contaminée (poignée de main, poignée de porte, etc.). La grippe est une affection générale, loin d’être un simple rhume. Elle peut causer une très forte fièvre et entraîner fatigue et toux pendant plusieurs semaines après l’épisode grippal. Il est donc indispensable de s’en protéger.

Grippe et maladie chronique ne font pas bon ménage
Si la grippe touche tout le monde sans exception, elle a des conséquences plus graves pour les personnes souffrant de certaines maladies chroniques. En effet, pour ces personnes, déjà fragilisées, la grippe peut déséquilibrer l’état de santé avec un risque d’aggravation brutale de la maladie.

Le Pr. Floret, président du Comité Technique des vaccinations fait tomber les préjugés les plus tenaces : il part en guerre contre nos idées reçues les plus tenaces.

Idée reçue n°1
« Je me suis déjà fait vacciner l’an dernier et j’ai quand même attrapé la grippe ! »
Pr. D.Floret : « Ce n’est pas certain : fièvre élevée, malaise, toux sèche, courbatures, frissons, douleurs diffuses… La plupart des virus responsables d'infections respiratoires peuvent créer des symptômes de ce type. Il est courant de dire qu'on a la grippe alors qu'il s'agit d'une autre infection ! Les grippes qui surviennent chez les personnes vaccinées sont plutôt des grippes a minima et rarement des grippes compliquées. »

Idée reçue n°2
« Le vaccin de la grippe n’est pas efficace : la preuve, il faut le refaire tous les ans ! »
Pr. D.Floret : « Il faut en effet refaire le vaccin annuellement car le virus de la grippe mute. En fait, les anticorps produits grâce au vaccin persistent au-delà d’un an : ils pourraient donc procurer une certaine protection si la nouvelle souche circulante n'était pas trop différente de celle de l’année précédente. »

Idée reçue n°3
« Le vaccin antigrippal ne peut être fiable puisqu’on ne sait jamais d’avance quelles souches vont circuler ! »
Pr. D.Floret : « C’est inexact : il est vrai qu'il existe plusieurs souches de virus et que toutes ne circulent pas en même temps et dans tous les pays. De fait, les vaccins de l'hémisphère nord sont différents de ceux de l'hémisphère sud. Mais il existe des réseaux de surveillance partout dans le monde et leur rôle est justement de déterminer l’évolution de ces différentes souches et prévoir celles qui circuleront la saison prochaine. Vers février, l'OMS réunit des experts internationaux de la grippe (virologues) pour décider de la composition du vaccin de l’automne à venir. Une fois ce choix validé par la Communauté Européenne, puis par chacun des pays de la Communauté, la production des vaccins peut débuter. »

Idée reçue n°4
« Le vaccin peut donner la grippe, si on fait une mauvaise réaction »
Pr. D.Floret : « C’est faux : le vaccin préparé à partir de virus tués ne peut pas donner la grippe. Ce qui est classique, comme avec tout vaccin, c’est une petite douleur et une rougeur au point d’injection et/ou une légère fièvre. Ces manifestations surviennent le lendemain de l’injection, disparaissent sous 24-48h et restent très modérées comparativement aux symptômes d’une vraie grippe ! »

Idée reçue n°5
« Si l’on pèse le pour et le contre, les effets secondaires sont supérieurs aux avantages »
Pr. D.Floret : « C’est le contraire ! La grippe peut mettre au lit des millions de Français. A l'inverse, les réactions sévères dues au vaccin, sont très rares et surviennent chez des sujets allergiques aux protéines de l'œuf ou à la néomycine, produits utilisés pour la préparation des vaccins et qui s'y retrouvent à l'état de traces. Aussi, la balance entre le bénéfice et le risque est nettement favorable au vaccin, notamment chez les personnes à risque de grippe compliquée, qui doivent en bénéficier en priorité. »

Idée reçue n°6
« Il sera toujours temps de penser au vaccin en cas d’épidémie dans ma ville ! »
Pr. D.Floret : « Ce sera trop tard : on parle d’épidémie lorsque le seuil de 121 malades pour 100 000 habitants est dépassé. Or, la contagion du virus de la grippe est très forte : il suffit d’inhaler de fines gouttelettes projetées dans l’air par un passant infecté qui parle, tousse ou éternue à proximité ou encore, toucher une poignée contaminée par un malade quelques minutes plus tôt, pour être à son tour, infecté. Comme il faut au moins 2 semaines après le vaccin pour être armé contre ce virus (le temps que vos anticorps se fabriquent), vous faire vacciner quand la ville regorge déjà de malades, est une mesure trop tardive. C’est avant qu’il fallait y penser ! »

Idée reçue n°7
« Se faire vacciner contre une affection aussi bénigne, ça habitue nos défenses immunitaires à ne rien faire ! »
Pr. D.Floret : « Faux : au contraire un vaccin stimule les défenses immunitaires et les pousse à fabriquer des anticorps. Il ne se substitue pas à nos défenses, mais les met en état d’alerte pour réagir plus vite en cas de besoin. C’est important, car en cas de grippe, vous ne pourrez pas compter sur les antibiotiques pour accélérer la guérison (ces médicaments n’ont aucune action sur les virus). Or, une grippe dure en moyenne 8 jours et peut entraîner une fatigue persistant 3 ou 4 semaines. Qui a dit que la grippe était anodine ? »

Idée reçue n°8
« Les vaccins favorisent la maladie d’Alzheimer… »
Pr. D.Floret : « Il n’y a strictement aucun lien établi entre ce vaccin et la maladie d’Alzheimer ou n’importe quelle autre affection neurologique. Le seul composé pour lequel persiste un doute minime sur une éventuelle neurotoxicité, est le mercure. Parfois utilisé comme conservateur, il n’entre pas dans la composition du vaccin de la grippe, en France. »

Idée reçue n°9
« A côté de mon diabète, une grippe, ce n’est rien ! »
Pr. D.Floret : « Justement, la grippe est préoccupante chez les personnes fragilisées par une affection de longue durée (insuffisance cardiaque ou respiratoire, asthme, diabète). C’est même la raison pour laquelle elles ont droit à un vaccin gratuit. Faute de quoi, elles encourent le risque de décompenser une maladie chronique jusqu'alors bien équilibrée. Comparativement à un senior vacciné, celui qui ne l’est pas voit son risque d’hospitalisation pour une complication, augmenter de 30 %. Celui de faire un accident cardiovasculaire, de 20 %. Et celui de décéder, multiplié par deux. A méditer… »

La vaccination, mode d’emploi

Qui est concerné par la prise en charge à 100% du vaccin ?
Les populations les plus fragiles sont exposées aux complications de la grippe et aux risques de déstabilisation de maladies chroniques. Pour elles, le vaccin est recommandé et pris en charge à 100% par l’Assurance Maladie. Il constitue, en effet, le moyen le plus efficace de se protéger contre la grippe.

Quand doit-on se faire vacciner ?
Il faut compter environ 15 jours entre le moment de la vaccination et le moment où l’on est protégé contre la grippe. C’est le temps nécessaire pour que le système immunitaire réagisse au vaccin. Comme il est possible d’attraper la grippe dans cet intervalle, il est recommandé de se faire vacciner avant l’arrivée du virus4, dès que le vaccin est disponible.

Les sujets à risque (personnes âgées de 65 ans et plus / personnes souffrant de certaines maladies chroniques) bénéficient du vaccin gratuit jusqu’au 31 janvier 2009. En France, le virus sévit habituellement entre les mois d’octobre et mars.

Le vaccin antigrippal sera disponible en pharmacie dès le 10 octobre 2008

Un vaccin 100% nouveau
Le ou les virus grippaux qui circulent sont très différents d’une année sur l’autre. La composition du vaccin change donc chaque année. C’est pourquoi, la vaccination doit être renouvelée annuellement pour être efficace. Le réseau mondial de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour la surveillance de la grippe contrôle les virus en circulation chez l’homme et identifie rapidement les nouvelles souches. Chaque année, la composition du nouveau vaccin antigrippal pour l’hémisphère nord est définie par l’Agence Européenne d’Evaluation Médicale, sur les recommandations de l’OMS. Cette composition tient compte des 3 souches les plus virulentes en circulation.

Pour la saison 2008/2009, le vaccin antigrippal recommandé pour l’hémisphère nord est composé de 3 nouvelles souches :
une souche analogue à A/Brisbane/59/2007 (H1N1)
une souche analogue à A/Brisbane/10/2007 (H3N2)
une souche analogue à B/Florida/4/2006 ou B/Brisbane/3/2007

Article publié le 24/09/2008 à 16:07 | Lu 7985 fois