La France et les centenaires, le point selon l’Insee

Dans une récente étude, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) fait le point sur l’évolution du nombre de centenaires en France : alors qu’ils étaient 15.000 au 1er janvier 2010, dans cinquante ans, la France pourrait compter 200.000 personnes âgées de cent ans et plus, soit treize fois plus qu’actuellement ! Alors, combien sont-ils exactement ? Qui sont-ils ? Où et comment vivent-ils ? Détails.


« Grâce à Jeanne Calment, souligne le communiqué de l’Insee, on sait que l’être humain, en particulier la femme, peut vivre au moins jusqu’à 122 ans.

Mais la très grande majorité des centenaires est loin du record de la doyenne de l’humanité : en 2010 en France métropolitaine, huit sur dix sont âgés de moins de 103 ans et neuf sur dix de moins de 105 ans. Actuellement, en France, la doyenne a 114 ans et aucun homme n’a plus de 110 ans ».

En 2010, 15 000 centenaires vivent en France métropolitaine. (…) C’est treize fois plus que dans les années 1960-1970. Entre 1960 et 1975, leur nombre était stable, on en comptait 1 150 chaque année. Depuis 1975, leur effectif augmente continûment au rythme de 8 % par an. Au total, ils ne représentent que 0,02% de la population.

Toujours selon l’Insee, selon les travaux de recherches disponibles, après 110 ans, ceux que l’on appelle les « supercentenaires » sont quasiment tous des femmes. De fait, la proportion de femmes parmi les personnes âgées ne cesse d’augmenter avec l’âge : 65% des octogénaires, 77% des nonagénaires et 86% des centenaires sont des femmes. En effet, à tout âge, la mortalité des hommes est plus forte que celle des femmes. Si cela a peu de conséquences sur la parité hommes-femmes avant 65 ans, étant donné le risque « relativement » faible de mourir avant cet âge, ce n’est plus vrai par la suite.

À 100 ans, le quotient de mortalité atteint 31% pour les femmes et 37% pour les hommes. À 105 ans, il s’accroît encore : 42% pour les femmes et 46 % pour les hommes. Après 110 ans, les quotients de mortalité seraient compris entre 50 % et 60%. La probabilité pour un centenaire de devenir un « supercentenaire » reste donc très faible (moins de 0,5%) dans les conditions de mortalité actuelles.

À 100 ans, une personne sur deux vit encore à son domicile, tandis que l’autre moitié vit en institution. L’espérance de vie sans incapacité progresse, et dans ces conditions, la vie à domicile augmente : en 2007, 49% des centenaires vivent à domicile, contre 47% en 1999. La majorité de ceux qui vivent à domicile habitent seuls et ce mode de vie a augmenté pour les centenaires au cours des dernières années. Par ailleurs, 4% sont en couple en 2007, les autres (18% des centenaires) sont logés avec une autre personne que leur conjoint, la plupart du temps un de leurs enfants. Ce partage du toit avec d’autres personnes qui touchait 24% des centenaires en 1999, tend à reculer. En 2007, les centenaires vivent plus qu’avant en solo ou en couple.

Il peut sembler étonnant que la vie à domicile soit encore fréquente à 100 ans, mais seule une minorité de personnes parviennent à atteindre cet âge et ce sont, évidemment, les plus en forme et donc les plus susceptibles de résider à domicile.

Avant 100 ans, la vie à domicile est le mode de vie majoritaire : neuf octogénaires sur dix habitent encore chez eux ou chez leurs enfants et c’est encore le cas de deux tiers des nonagénaires. Pourtant, d’après l’enquête Handicap-santé, la moitié des nonagénaires, vivant à domicile ou en institution, rencontrent en 2009 beaucoup de difficultés pour exécuter seuls au moins une des tâches suivantes : se laver, s’habiller, couper sa nourriture, se servir à boire, manger ou boire. Parmi les nonagénaires évoquant ces difficultés, 44 % vivent en maison de retraite, 29% habitent à domicile en couple ou avec leurs enfants et 27 % vivent seuls. La vie à domicile est surtout le fait de personnes valides, ou alors aidées. Parmi les nonagénaires qui vivent seuls malgré des difficultés sévères d’entretien personnel, 92% reçoivent une aide professionnelle et 26% une aide de leur entourage pour réaliser ces tâches.
La France et les centenaires, le point selon l’Insee

Centenaires, les hommes résident bien plus souvent à la maison que les femmes : 68% d’entre eux, contre 46% des femmes. Les hommes centenaires sont certes plus fréquemment en couple, ce qui favorise leur maintien à domicile.

Mais même lorsqu’ils ne sont pas mariés, ils vivent davantage seuls à domicile (42% contre 27% pour les femmes) plutôt qu’en institution. À âge donné, les hommes déclarent moins de gênes physiques que les femmes. En effet, ces dernières sont davantage touchées par des maladies qui engendrent des incapacités comme des troubles mentaux ou des maladies ostéo-articulaires.

En 2060, la France pourrait compter 200 000 centenaires selon le scénario central des projections de population de l’Insee établies en 2010. C’est treize fois plus qu’aujourd’hui, mais cela ne représentera que 0,3% de la population de 2060. Le nombre de centenaires devrait augmenter de 2 000 par an entre 2010 et 2046, à l’exception d’une légère baisse entre 2015 et 2019 correspondant au déficit des naissances de la Première Guerre mondiale. En 2046, avec l’arrivée des générations issues du baby-boom, le rythme de croissance devrait s’accélérer, et passer à + 8 000 centenaires par an.

Les plus de 100 ans de 2060 seront un peu plus âgés que ceux d’aujourd’hui : 30% auront 103 ans ou plus, contre 24% en 2010. Selon le scénario central, la France métropolitaine de 2060 compterait 14 000 personnes de 106 ans et plus, soit quasiment autant que de centenaires aujourd’hui. Les « supercentenaires » de 110 ans et plus seraient 1 500, contre une dizaine en 2010. Seules quelques dizaines de personnes dépasseraient 115 ans. Enfin, en 2060, deux centenaires sur dix seraient des hommes, contre un sur dix en 2010.

L’espérance de vie à la naissance des hommes augmenterait de 8,2 ans, contre 6,6 ans pour celles des femmes. Si les conditions d’espérance de vie sont meilleures que prévu (scénario avec une espérance de vie qui augmente plus vite), 380 000 centenaires pourraient vivre en France en 2060 et 120 000 dans le cas contraire (scénario avec une espérance de vie qui augmente moins vite).

Publié le 27/10/2010 à 10:17 | Lu 5090 fois