L’horizon chimérique de Jean de La Ville de Mirmont : les noces barbantes


L’horizon chimérique de Jean de La Ville de Mirmont : les noces barbantes
Jean de La Ville de Mirmont appartient à cette catégorie d’auteurs qui érigent leurs personnages en archétypes d’antihéros.

On pense à G.Duhamel, à E. Bove ou à H. Calet. Avec eux il partage, en dehors de la contemporanéité (ils sont tous nés un peu avant 1900) un goût pour les créatures falotes, sans ambitions, velléitaire, se délectant avec ennui de leur ennui. Ces auteurs élève à la grandeur la platitude, le moins que rien, le pas grand-chose. Jean Dézert est de ceux-là.

Tout entier résumé dans cette très belle première phrase qui en dit toute la médiocrité : « Ce jeune homme, appelons-le Jean Dézert ».

Puis, suit ce portrait : « (…) Jean Dézert a fait sienne une grande vertu : il sait attendre. Toute la semaine, il attend le dimanche. A son ministère, il attend de l’avancement, en attendant la retraite. Une fois retraité, il attendra la mort. Il considère la vie comme une salle d’attente pour voyageurs de troisième classe ».

La grande et belle aventure de ce fonctionnaire est la rencontre suivit de fiançailles avec la jeune Elvire qui « gardait sur son visage l’air attractif des petites filles qui ne pensent à rien ».

Et Jean Dézert de penser : « Qui est-elle et que dois-je préjuger de ce hasard ? (…). Mais quel guide devant mon ennui, que le balancement de ses hanches de femme ! Tout cela élargit ma manière de voir et détourne mes idées de leurs cours habituels, en leur ouvrant des aperçus nouveaux ».

Au lecteur de découvrir toutes les péripéties de cette aventure amoureuse.

Le recueil commence par les poèmes qui composent « l’illusion chimérique », au parfum baudelairien. Le rêve brisé, la pusillanimité exprimés dans les textes de Jean de La Ville de Mirmont sont dans ces vers s’adressant aux vaisseaux partis sur la mer : « Je suis de ceux dont les désirs sont sur la terre./ Le souffle qui vous grise emplit mon cœur d’effroi,/ Mais votre appel, au fond des soirs, me désespère,/ Car j’ai de grands départs inassouvis en moi » l’ennui chez cet auteur ne même pas au désespoir, mais à la lucidité, l’autre forme du bonheur.

Il dit : « Que m’importe, à présent, que la terre soit ronde/ Et que l’homme y demeure à jamais sans espoir ?/ Oui, j’ai compris pourquoi l’on a crée le monde ; / C’était pour mon plaisir exubérant d’un soir ! » l’œuvre de Jean de La Ville de Mirmont toute en errance immobile séduit par sa mélancolie et son désenchantement retenu.

Est-ce parce qu’elle est subversive et anticonformiste, mettant en pièces les clichés de la vie sentimentale et sociale qu’elle est d’une étonnante modernité ?

L’horizon chimérique
Jean de La Ville de Mirmont
Editions Grasset
204 pages
8.40 euros

Publié le 20/08/2008 à 12:02 | Lu 6140 fois





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