L’étrange histoire de Benjamin Button : l’homme qui vécut sa vie à l’envers… (film)

Le dernier film de David Fincher, avec Brad Pitt et Cate Blanchet en vedettes, sortira en salles le mercredi 4 février prochain. L’histoire : Benjamin Button est un homme qui naquit à 80 ans et vécut toute sa vie à l’envers, sans pouvoir arrêter le cours du temps… D’après une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald. Un beau film et un scénario pour le moins original. A voir.


En pleine promotion de son nouveau film L’étrange histoire de Benjamin Button, Brad Pitt, âgé de 45 ans, soulignait récemment à Berlin (Allemagne) : « je n’ai pas très peur de vieillir, je crains plus de voir comment cela va se dérouler ».

En attendant de voir comment la star américaine va évoluer dans les années à venir, découvrons son prochain long-métrage dans lequel il joue avec l’actrice Cate Blanchet…

« Curieux destin que le mien… » Ainsi commence l’étrange histoire de Benjamin Button, cet homme qui naquit à 80 ans et vécut sa vie à l’envers, sans pouvoir arrêter le cours du temps.

Situé à La Nouvelle-Orléans et adapté d’une nouvelle de Francis Scott Fitzgerald, le film suit ses tribulations de 1918 à nos jours. L’histoire d’un homme hors du commun. Ses rencontres et ses découvertes, ses amours, ses joies et ses drames. Et ce qui survivra toujours à l’emprise du temps.

L’étrange histoire de Benjamin Button fut d’abord une nouvelle, écrite dans les années 1920 par Francis Scott Fitzgerald, qui en avait trouvé l’inspiration dans cette pensée de Mark Twain : « La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à 80 ans et nous approchions graduellement de nos 18 ans. »

La nouvelle de Fitzgerald étant une pure fantaisie, son adaptation à l’écran sembla longtemps relever du fantasme. Le projet, jugé trop ambitieux, resta dans les limbes pendant une bonne quarantaine d’années jusqu’à ce que les producteurs Kathleen Kennedy et Frank Marshall s’en emparent. Pendant plus de dix ans, Benjamin Button passionna également le scénariste Eric Roth, le réalisateur David Fincher et l’acteur Brad Pitt.

Pour Eric Roth, Benjamin Button était l’occasion de refléter le cours entier d’une vie à travers une vaste gamme d’expériences personnelles, allant de drames planétaires, comme une guerre, à des événements aussi ordinaires qu’un simple baiser. Vivre sa vie à reculons serait pour beaucoup de gens… un rêve. « L’hypothèse a de quoi fasciner, remarque le scénariste. Ce serait une autre vie, assurément, et pourtant, le premier baiser, le premier amour resteraient aussi marquants, aussi significatifs. L’important n’est pas tellement de savoir dans quel sens vous vivez votre vie ; ce qui compte, c’est comment vous la vivez. »


La productrice Céan Chaffin se souvient que le projet parvint sous sa première forme à Fincher dès 1992 : « Il s’y attacha et continua de s’y intéresser au fil des ans. Lorsque Brad l’interrogea à ce sujet, David lui déclara : « Ça pourrait devenir un grand film.» Les scénarios vont et viennent, on les oublie parfois pour de bonnes raisons, mais David n’a jamais perdu de vue celui-là. »

La fascination du réalisateur pour cette histoire fut encore renforcée par un drame personnel. « Mon père est mort il y a cinq ans, remarque David Fincher. J’ai assisté à ses derniers moments. Ce fut une expérience bouleversante. Lorsque vous perdez quelqu’un qui a eu un rôle formateur aussi décisif vous perdez d’un coup vos repères. La personne à qui vous essayiez de plaire, ou à laquelle vous vous étiez opposé, n’est plus, et vous vous sentez vraiment seul et déboussolé. »

D'ailleurs, les premières rencontres entre Fincher, Kennedy et Marshall prirent fréquemment un tour personnel. David Fincher : « Nous commencions à discuter du scénario, et quinze minutes plus tard, nous nous retrouvions en train de parler des gens que nous aimions et qui étaient morts, de ceux que nous avions aimés et qui ne nous prêtaient aucune attention, de ceux que nous avions vainement sollicités et de ceux qui nous avaient relancés. Ce film a tout de suite eu pour nous une résonance très particulière. »

Benjamin Button ne souleva pas seulement des problèmes d’écriture, mais également des problèmes techniques. Comme le souligne Kathleen Kennedy : « Comment résumer une vie entière, avec ses hauts et ses bas, dans un seul film ? Chaque minute du scénario d’Eric suscite des émotions qui résonneront plus tard en vous. Il fallait se mettre à leur écoute pour les faire vivre à l’écran. Ce serait un travail au long cours. »

Résultat : L’étrange histoire de Benjamin Button évoque des aspects intemporels de la condition humaine : le bonheur de vivre et d’aimer, la douleur de perdre des êtres chers. Selon Eric Roth : « David et moi voulions que cette histoire puisse être notre histoire à tous –rien de plus qu’une vie d’homme. Ce qui affecte ce personnage hors du commun concerne en définitive chaque être humain. »

De son côté Brad Pitt remarque : « J’aimais cette idée que Benjamin ne sortait pas indemne de ces rencontres. Nous sommes tous marqués par nos contacts. Cela ne signifie pas que nous restons passifs, que nous capitulons face aux autres. Cela veut seulement dire que nous acceptons l’idée que les gens entrent et sortent de notre vie, soit par choix, soit parce que la mort nous les enlève. Un jour vous partirez, vous aussi, c’est inévitable. Toute la question est de savoir comment s’en accommoder… Nous sommes responsables de notre propre vie, de nos succès comme de nos échecs. Nous seuls en portons la responsabilité. Nous ne pouvons les attribuer à personne d’autre. Le destin a certainement son rôle à jouer mais finalement, c’est nous qui le façonnons. »

De fait, La vie de Benjamin Button est une suite d’événements incontrôlables car, comme le lui dit et lui répète sa mère adoptive, Queenie : « Tu ne sais jamais ce qui peut t’arriver. » Il naît à La Nouvelle-Orléans en 1918, à la fin de la Grande Guerre –un bon moment pour voir le jour. Sa mère meurt en couches, et son père, horrifié par son apparence, l’abandonne devant la Maison de Retraite Nolan, dont la gardienne, Queenie, le recueille.

Taraji P. Henson qui joue le rôle de Queenie souligne que son personnage « ne se voile pas la face devant la mort, elle sait comment s’y prendre avec elle, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Elle incarne aussi l’amour dans ce qu’il a de plus inconditionnel. Être capable de s’occuper d’un enfant qui n’est pas le sien à une époque où le racisme régnait en maître, pouvoir prendre en charge et aimer un petit blanc né dans des circonstances aussi extraordinaires, être capable de tout cela… demande des qualités particulières. »

Et d’ajouter : « Ce tournage a pris pour moi une dimension très personnelle. Je venais de perdre mon père, et bien qu’il me manque cruellement, je pense que sa mort m’a aidée à devenir Queenie. J’étais à ses côtés lorsqu’il est mort parce qu’il savait que je ne flancherais pas. Ce rôle m’a aidée à surmonter ma douleur, et cette douleur a nourri mon interprétation. L’art peut être d’un grand réconfort. »

Benjamin va entrer dans l’âge adulte armé d’une sagesse que peu d’hommes possèdent. Pour David Fincher : « Il vient d’un lieu où les gens ont appris à accepter leur propre mortalité. Peu de choses l’effraient. Tous ceux qu’il croise sont « de passage », chaque moment qu’il partage avec eux pourrait être le dernier. Il est donc très tôt en phase avec les réalités fondamentales de notre existence. Chacun sait comment cela se terminera, mais nous passons notre temps à nous concentrer sur d’autres choses pour éviter de penser à l’inévitable. »

Benjamin est également élevé par plusieurs pensionnaires âgés de la Nolan House au crépuscule de leur vie. Tizzy Weathers, le grand amour de Queenie, est l’un des premiers « pères » de Benjamin : « Il sera son mentor, il lui apprendra à lire et à écrire, il lui fera découvrir Shakespeare. Mais surtout, il lui fera comprendre ce qu’est un homme », dit son interprète, Ali.

Alors que tous ceux qui l’entourent vieillissent, Benjamin, lui, ne cesse de rajeunir, ce qui le condamne à la solitude. « En vivant son existence à reculons, il prend conscience qu’on ne peut s’accrocher longtemps aux choses », observe l’acteur Mahershalalhashbaz Ali. « Il sait que celles-ci n’ont qu’un temps, et qu’il faudra un jour y renoncer. »

Au fil de sa singulière aventure, Benjamin va éprouver les émotions complexes qui sont au coeur de toute vie : « Ce film touche à des questions que nous nous posons dans notre propre existence », relève Frank Marshall. « J’ai rarement vu un film susciter autant de réactions diverses et personnelles. Un sexagénaire ou un septuagénaire le percevra certainement très différemment d’un spectateur de vingt ans. »

Pour la réalisation, David Fincher a travaillé avec l’équipe pour distiller à l’image le feeling de ces vieux albums de famille qu’on retrouve un jour dans son grenier, plein de photos de gens simples et ordinaires. « Nous avons doté chaque décor clé d’un passé et d’une histoire spécifiques, notamment la Nolan House et le Palais d’Hiver de Mourmansk », explique le décorateur de plateau Victor J. Zolfo. Chaque service de la production fut incité à travailler dans une optique réaliste qui contribuerait à la vérité humaine de l’histoire. Et le réalisateur de conclure : « Même si le film tient de la fable, j’ai préféré pécher par excès de réalisme. J’ai refusé le côté « Il était une fois ». Je ne voulais pas voir les acteurs décrocher. Ni le public. Ni le chef décorateur. Tout devait être conforme à la réalité historique : les lieux, les vêtements, les accessoires personnels…»

L’étrange histoire de Benjamin Button

Réalisé par David Fincher
Avec Brad Pitt, Cate Blanchett, Julia Ormond Plus...
Durée : 2h 35min.

Date de sortie : 04 Février 2009

Publié le 28/01/2009 à 12:12 | Lu 7709 fois