L'âgisme doit être combattu au même titre que toutes les autres formes de discrimination

En 2050, la France comptera une personne sur trois âgée de plus de 60 ans et elles seront deux milliards dans le monde contre 600 millions actuellement… Peu importe les mots qu'on utilise pour les désigner : les vieux, les seniors, la génération silver, les aînés, une réalité persiste… Le regard que notre société porte sur ces personnes est au mieux bienveillant, au pire négatif, mais jamais ou très rarement positif. Tribune de Sébastien Cogez, directeur délégué APEF





Considérer que toutes les personnes âgées sont identiques, c'est l'âgisme
Ce phénomène porte un nom : l'âgisme, un comportement largement répandu en occident. Cette notion considère que tous les membres d'un groupe donné, ici les personnes âgées, sont identiques.
 
Elles auraient donc toutes les mêmes envies, modes de vie, habitudes et façons de penser. Ainsi, passé la cinquantaine, les salariés seraient moins performants, incapables de s'adapter au changement, démotivés.
 
Lorsque nous atteignons 70 ans, nous serions forcément confus, lents, déprimés, passéistes ou encore gentils. Perclue de stéréotypes, notre vision de la vieillesse est aux antipodes de ce que les individus de plus de 55 ans vivent au quotidien.
 
Parce qu'elle nous rapproche chaque jour un peu plus de la mort, nous cherchons par tous les moyens à occulter cette partie de notre vie. Dans les publicités, on traque les rides, perçues comme anormales. L'injonction qui nous est donnée est de « bien vieillir » ou à défaut, de contrôler ce processus par tous les moyens possibles.
 
L'âgisme ouvre la voie à la discrimination de nos aînés
Représenter la vieillesse à l'aune de ces fausses croyances n'est pas sans conséquence et ouvre la voie à la discrimination de nos aînés. Elle participe également à entretenir la pénurie d'aidants et de soignants qui redoutent de se mettre à leur service.
 
Par ailleurs, des études scientifiques ont prouvé que l'âgisme accélérait le développement des stéréotypes d'isolement social, d'affaiblissement physique ou encore, de déclin cognitif. Il est donc grand temps de rappeler que les plus de 55 ans sont avant tout des personnes responsables, ayant chacune leur individualité propre et l'envie de vivre pleinement les années qui leur restent.
 
Lutter contre l'âgisme c'est contribuer à casser ces stéréotypes. C'est admettre qu'il existe une très grande diversité de personnes âgées et de situations de vie.
 
Comme le disait le conférencier américain Les Brown: « Personne n'est trop vieux pour se fixer un nouvel objectif ou réaliser de nouveaux rêves ».

Article publié le 17/06/2020 à 10:17 | Lu 7148 fois