L’accueil familial social : une solution gagnant/gagnant encore trop méconnue

La Mutuelle Sociale Agricole (MSA) a pris l’initiative d’organiser une journée de promotion et d’échanges consacrée à l’accueil familial social d’adultes en perte d’autonomie, le 18 mars dernier à Bagnolet, pour encourager un mode d’accompagnement et d’hébergement encore trop méconnu et qui ne connaît pas de véritable développement. Pour tenter d’inverser cette tendance, nous vous proposons de découvrir les spécificités de ce mode d’accueil qui apporte une réponse individualisée et personnalisée aux personnes âgées ou en situation de handicap. Détails.





Définition et atouts de l’accueil familial social d’adultes handicapés et âgés

L’accueil familial est une alternative à dimension humaine qui combine les caractéristiques du domicile et de l’institution d’hébergement. Il allie en effet la logique du domicile puisque la personne âgée ou handicapée réside dans un logement mais aussi les services de l’institution, en particulier la continuité de l’accueil, la protection de la santé, la sécurité et le suivi social.

En 2006, d’après les chiffres de la Direction générale de l’action sociale on comptait : 9.200 accueillants familiaux agréés ; plus de 13.800 personnes accueillies dont près de 6.200 personnes âgées et plus de 7.600 personnes handicapées.

Au plan législatif, la loi de modernisation sociale du 18 janvier 2002 (article 51) a fait évoluer, de façon importante, le statut de l’accueillant familial sur les principaux points suivants :
• les modalités de rémunération sont, pour leur montant minimum fixées par décret (et non plus laissées à la seule appréciation des conseils généraux) et auront pour référence le SMIC (et non plus le SMIG),
• le droit aux congés payés et au remplacement est établi,
• les conditions d’ouverture des droits en matière de protection sociale sont améliorées,
• le contrat d’accueil-type sera défini par une réglementation de portée nationale (et non au plan départemental).

Enfin, la loi DALO du 5 février 2007 permet aux organismes privés et publics d’embaucher des accueillants familiaux. Cela est susceptible d’ouvrir des perspectives aux MARPA, ainsi qu’aux associations d’aide à domicile, en terme de réseau ou de palette de services. .../...
L’accueil familial social : une solution gagnant/gagnant encore trop méconnue

Les atouts de l’accueil familial sont nombreux compte tenu du compromis qu’il offre entre autonomie totale dans son logement et prise en charge globale par une institution :

- l’accueil familial est avant tout une solution individualisée et personnalisée. La personne accueillie n’entre pas dans un établissement mais dans une famille qui partage avec elle son logement, sa table, ses loisirs. Dans tous les cas, l’accueillant familial et sa famille apportent un cadre stable et chaleureux tout en préservant un minimum d’intimité aux trois personnes maximum accueillies.
- l’accueil familial c’est vivre entouré, ne plus être isolé, sans avoir à se plier aux rythmes de la vie en collectivité.
- l’accueil familial c’est encore le moyen d’agir sur le développement et l’aménagement des territoires ruraux. Il permet en effet de ralentir la désertification des campagnes (départ des personnes âgées), d’offrir un revenu de complément aux ruraux plus jeunes et de participer à l’économie locale par les emplois qu’il créé ou qu’il conforte. L’investissement sur le bâti (aménagement pour accueillir décemment les personnes) est un autre des effets sur l’aménagement du territoire.

Au crédit de l’accueil familial, il convient encore de souligner sa souplesse et son adaptabilité.

L’accueil peut s’envisager de manière temporaire ou permanente, à temps complet ou partiel. D’ailleurs, dans un cas sur cinq, la personne accueillie retourne à domicile.

Les conditions de mise en œuvre de l’accueil familial social
L’accueil familial est un vrai métier, une prestation de services où la relation client/prestataire doit s’effacer derrière la relation accueillant/accueilli.

• La dimension familiale doit rester la base de l’accueil.
Le législateur impose que la personne « accueille habituellement à son domicile ». Il convient de veiller aux dérives qui organisent l’accueil familial en prestation marchande. La famille n’accueille plus à son domicile et sous prétexte de confort va aménager un faux domicile familial : chambres dans un bâtiment annexe, salle de séjour et parfois même cuisine de l’accueil familial différentes de celles du domicile de la famille… L’accueil familial n’est pas un micro établissement mais une maison que l’on partage.

• L’accueil familial est cependant un vrai métier.
En effet le public accueilli qui est le plus souvent en perte d’autonomie ou en convalescence, nécessite une prise en charge adaptée sur deux plans :
- Le cadre physique qui passe par l’organisation de l’espace de vie de la personne et des parties communes, mais surtout au quotidien par l’aide aux gestes de la vie ordinaire (manutention, toilette, repas…).
- La compétence qui permet à l’accueillant familial de ne pas être totalement désarçonné en matière de comportement et de rythme de la personne accueillie, de troubles liés au vieillissement ou au handicap…

• L’accueil familial ne se pratique pas seul.
La dimension personnelle de l’engagement dans l’accueil familial doit l’emporter sur toute autre. Cependant chaque accueillant familial ne peut être que le maillon d’une chaîne organisée et entretenue au quotidien. L’obligation d’assurer « la continuité de l’accueil » ne peut s’envisager seul. Ni physiquement, ni psychiquement.

Il convient donc que chaque accueillant familial puisse s’appuyer sur un réseau de proximité tant personnel que professionnel, qui le soutienne dans des moments délicats, lui permette d’échanger sur son métier, puisse l’aider à souffler en prenant le relais pour des périodes de vacances.

Les conditions de réussite de l’accueil familial social
• Accueillir dans sa famille :
- Organiser l’accueil familial dans son domicile, sans subterfuges.
- Faire partager le projet d’accueil familial par toutes les personnes vivant régulièrement dans le logement.
- Faire en sorte que la personne accueillie trouve naturellement sa place dans la famille qu’elle a choisie ou vers laquelle les services sociaux l’ont orientée.
- S’informer et se former sur les particularités et les besoins de la vie des personnes âgées ou handicapées.
- Accepter de n’être pas la famille en lieu et place de la famille naturelle avec laquelle la personne accueillie souhaite conserver des relations.

• Consolider la chaîne des accueillants :
- S’intégrer dans les réseaux de suivi et de soutien et dans les instances représentatives des accueillants familiaux.
- Participer aux formations offertes.

• Contractualiser :
- S’engager à offrir une chambre privative, et si possible un cabinet de toilette, en bon état que la personne pourra s’approprier, et disposer d’espaces communs (intérieur et extérieurs) d’usage commode.
- Respecter les conditions du contrat type national.
- S’engager en toute connaissance de cause, en particulier sur les plans financiers (rémunération, déclaration …), fiscaux (taxe d’habitation, revenus locatifs, régime d’imposition de l’accueil …), sociaux (régime d’affiliation, couverture, assurances).

Article publié le 21/03/2008 à 12:26 | Lu 8927 fois