"Je m'appelle Asher Lev" au Théâtre des Béliers Parisiens : l'art est-il soluble dans la religion ?

Le roman d’origine fut écrit en 1972 par Chaïm Potok, un Américain à la fois écrivain, rabbin et peintre. Aaron Posner en tira plus tard une pièce, qui fut jouée de nombreuses fois aux États-Unis. L’adaptation française qu’en fit Hannah-Jazz Mertens fut donnée en Avignon en 2022 et 2023, où elle recueillit un vif succès. C’est cette même version qui nous est présentée actuellement aux Théâtre des Béliers de la rue Saint Isaure.


"Je m'appelle Asher Lev" de Hannah-Jazz Mertens ©Théâtre des Béliers Parisiens
« Je m’appelle Asher Lev ».  C’est par ces mots que commence et finit, la pièce qui nous est présentée...
 
Brooklyn, dans les années 60. Asher, jeune garçon juif vit chez ses parents Aryeh et Rivkeh, des hassidiques très pratiquants.
 
Très tôt, on lui découvre un réel don de dessinateur, avec un « œil » hors du commun, qualités que lui reconnait bien vite son entourage, jusqu’au rabbin du quartier.
 
Celui-ci confie le petit prodige à un artiste, juif lui aussi mais peu pratiquant, qui entreprend alors, malgré l’avis très réservé des parents de l’adolescent, son éducation artistique…
 
Peut-on être artiste et religieux orthodoxe à la fois ? Exprimer ses émotions quand on a appris à se soumettre à une règle de vie très stricte ?
 
Comment Asher arrivera-t-il à concilier ces deux univers également présents en lui-même ? Parviendra-t-il à satisfaire au parcours obligé de l’artiste peintre, en particulier à peindre des nus, représentation totalement interdite par les textes sacrés ?
 
Voilà les réflexions auxquelles nous convie, avec beaucoup d’humour, ce texte original et détonnant.
 
Martin Karmann, en alternance avec Benoît Chauvin, est Asher Lev, ce jeune garçon tout imprégné de sa culture juive. Merveilleux acteur, il ne se contente pas de dire son texte, il le vit vraiment.
 
A ses côtés, Guillaume Bouchède et Stéphanie Caillol campent plusieurs personnages de son environnement. Ses parents d’abord, qui l’aiment profondément et voudraient tant le comprendre.
 
Le peintre Jacob Kahn, qui le guidera sur un chemin l’éloignant du carcan de son éducation hassidique, la galériste Anna Schaeffer qui regardera au début avec curiosité ce jeune juif venant de Brooklyn avant de découvrir son immense talent et de l’exposer dans sa galerie de Manhattan.
 
La mise en scène de Hannah-Jazz Mertens est alerte, s’appuyant sur un décor tout simple mais très mobile, bien secondée par des éclairages superbement maîtrisés. On en ressort tout émus, heureux d’avoir approché, le temps d’une soirée, les arcanes de la création artistique.
 
Alex Kiev
 
Théâtre des Béliers Parisiens
14bis rue Sainte Isaure 75018 Paris
du mardi au samedi 19h. dimanche 17h

Publié le 22/03/2024 à 01:00 | Lu 1209 fois





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