JNM : le point sur la DMLA avec l'association DMLA

Alors que nous sommes en pleine Journées Nationales de la Macula, revenons sur la DMLA, une maladie de l’œil qui apparaît après 50 ans et atteint le centre de la rétine. Elle peut, en l’absence de traitement, évoluer vers une perte de la vision centrale. D’où l’importance du dépistage.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le Jeudi 29 Juin 2017

Qui sont les personnes exposées ?
La DMLA est la première cause de malvoyance, en France, chez les personnes âgées de plus de 50 ans : une personne sur 4 après 75 ans et 1 personne sur 2 à partir de 80 ans seraient concernées par la DMLA.

En raison du vieillissement de la population et de l'augmentation de la durée de vie, la DMLA est un enjeu majeur de santé publique. En France, un million de personnes sont atteintes par une forme plus ou moins sévère de la maladie.
 
Pourquoi la DMLA est-elle grave ?
Dans les pays industrialisés, la DMLA est la première cause de malvoyance et de cécité dite « légale » après 50 ans. S’il n’existe pour le moment aucun protocole validé de prise en charge de la DMLA dite sèche, il est en revanche possible de ralentir, à défaut de guérir, la DMLA humide… à condition d’être très réactif : « Moins d’une semaine doit s’écouler entre le début des symptômes (baisse d’acuité visuelle rapide, vision déformée ou gondolée, apparition d’une tache centrale) et la consultation d’ophtalmologie ; puis le traitement d’une DMLA exsudative doit débuter sept jours après le diagnostic », résume le Dr Oudy Semoun, ophtalmologiste au sein du Centre hospitalier intercommunal de Créteil (CHIC).
 
Comment évolue la DMLA ?
On distingue deux grandes étapes dans l'évolution de la maladie :
La forme précoce, ou maculopathie liée à l'âge (MLA)
Des signes précurseurs de la maladie peuvent être observés par l'ophtalmologiste lors de l'examen du fond d'œil, souvent même avant les premiers symptômes ressentis par le patient. A ce stade, les symptômes sont en effet souvent absents ou se limitent à une gêne visuelle ou un besoin d'éclairage plus intense. La perte d'acuité visuelle est généralement minime, voire absente. La MLA peut rester stable ou évoluer vers une DMLA.
 
Les formes avancées, ou dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA)
On distingue deux formes avancées de DMLA : la forme "sèche" et la forme "humide". Elles ont le même impact sur la vision mais présentent des vitesses d'évolution différentes.
• La DMLA atrophique, dite « sèche » : cette forme évolue en général lentement (sur une dizaine d'années, voire plus), permettant aux patients atteints de conserver longtemps une vision relativement satisfaisante, malgré une gêne pour les activités nécessitant la reconnaissance des détails.
• La forme exsudative, dite « humide » : il s’agit de la forme la plus fréquente et qui évolue le plus rapidement. Elle se caractérise par le développement de vaisseaux anormaux dans la macula. Ces vaisseaux sont fragiles et peuvent être responsables d'œdème ou d'hémorragie.
 
Quels sont les symptômes de la DMLA ?
Après une phase de progression silencieuse, des symptômes de la maladie se manifestent :
- La diminution de l'acuité visuelle : souvent rapide, elle s'accompagne d'une diminution de la capacité à percevoir les détails. Un éclairage plus puissant devient nécessaire pour lire ou accomplir des tâches qui demandent de la minutie.
- La moindre perception des contrastes.
- La déformation des lignes : les lignes droites paraissent gondolées ou ondulées.
- L'apparition d'une tache sombre centrale. A un certain stade, une tache centrale (scotome) plus ou moins foncée apparaît et empêche la vision au centre du champ visuel.
 
Quels sont les facteurs de risque de la DMLA ?
Si la première cause de la DMLA est le vieillissement, il existe d’autres facteurs de risque :
- Le sexe : la DMLA atteint plus fréquemment les femmes que les hommes et les personnes de peau claire.
- Le tabagisme : le risque de développer la maladie semble être multiplié par un facteur de 3 à 6 chez les fumeurs importants.
- La surcharge pondérale : l'obésité semble accroître sensiblement le risque d’avoir une DMLA.
- Les antécédents familiaux : le risque de développer une DMLA est multiplié par 4 dans le cas d'antécédents familiaux. Il existerait donc une prédisposition génétique.
- Une alimentation déséquilibrée : plusieurs études indiquent qu'une alimentation équilibrée et riche en légumes verts, fruits frais et poissons gras jouerait un rôle protecteur dans la DMLA.
 
A noter que la DMLA est typiquement bilatérale ; l’atteinte du 2e œil intervient en général dans un second temps (le risque de bilatéralisation augmente d’environ 10 % par an).
 
Quand se faire dépister ?
La vigilance s'impose à partir de 55 ans, ou de 50 ans chez les personnes dont les parents proches sont touchés : une consultation annuelle chez l'ophtalmologiste permettra de vérifier la vision et l'état de la macula.
 
Quels sont les examens de dépistage ?
Un examen du fond d’œil par une méthode validée permet de repérer des individus qui souffrent déjà d’une DMLA sans le savoir, ou dont le risque de développer la maladie est élevé. Si les examens de dépistage révèlent des signes de DMLA, un bilan plus approfondi est programmé pour confirmer ou non ce diagnostic, via différents examens :
- L’OCT (acronyme de Optical Coherence Tomography ou, en français, tomographie par cohérence optique) : cet examen indolore, inoffensif et sans contact, reposant sur la réfraction de rayons Laser, permet de visualiser des structures anatomiques en coupe, avec une précision de l’ordre de 5 à 10 μm. Cette technique permet donc d’obtenir des images précises de l’étendue et de la localisation des atteintes de l’œil en cas de DMLA par exemple.
- L’angiographie à la fluorescéine qui consiste à prendre des photographies du fond d'œil après avoir injecté un colorant fluorescent (la fluorescéine, le vert d'indocyanine) dans une veine, en général au pli du coude (c'est-à-dire comme pour une prise sang). C'est un moyen irremplaçable pour connaître l'état des vaisseaux du fond d'œil et principalement de la rétine.
- L’angiographie OCT est une nouvelle technique qui combine les avantages des deux examens précités : offrir le confort de l'OCT (pas d'injection) et la qualité de visualisation des vaisseaux de l'angiographie. L’angiographie OCT permet ainsi une visualisation en 3D des vaisseaux via une coloration différente en fonction de leur profondeur. La surface des vaisseaux est calculée automatiquement par la machine et peut être suivie d'une consultation à l'autre, soulignant d'éventuelles récidives. Cependant, s’agissant d’une technologie très récente, peu de centres ophtalmologiques la maîtrisent et en sont équipés.
 
Quels sont les traitements ?
DMLA exsudative (humide)
S’il n’est aujourd’hui pas possible de guérir la DMLA, il est possible, dans la plupart des cas de DMLA exsudatives, d’en ralentir l’évolution. A ce jour, seules les DMLA exsudatives peuvent bénéficier de traitements actifs, qui doivent démarrer, dans la mesure du possible, moins de 10 jours après le diagnostic. Les traitements sont adaptés au cas par cas et dépendent notamment du type et de la sévérité de la DMLA.
 
Il peut s’agir :
- d’injections de médicaments « anti-VEGF » dans le vitré de l’œil pour freiner la prolifération des néo-vaisseaux ;
- de traitements combinés (ex. : injection de vertéporphine par voie intraveineuse puis laser).
Dans le cas où un traitement ne serait pas possible ou suffisamment efficace, la rééducation basse vision peut être une solution pour compenser la chute de la vision centrale. Elle apprend au patient à développer la vision périphérique et à bien choisir et utiliser les aides visuelles (loupes, filtres, éclairage…) pour lui permettre de conserver la meilleure autonomie et qualité de vie possibles.
 
DMLA atrophie (sèche)
Si la DMLA atrophique ne bénéficiait jusqu’à présent pas de traitement actif, une étude récente menée par une équipe américano-grecque est porteuse d’espoir pour les patients atteints. En effet, dans le cadre de cette étude, la prise à forte dose d’un médicament qui agit sur le cholestérol, l’atorvastatine, a permis de freiner la maladie. Dans l’hypothèse où ces premiers résultats encourageants seraient confortés par d’autres études menées sur un nombre de patients plus important, ce traitement préventif permettrait, dans certains cas, de ralentir la maladie avant même l’apparition de troubles visuels.










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