J’adore de Jean Desbordes : la vie est un long flop tranquille

C’est un auteur méconnu dont les éditions Grasset rééditent ce recueil paru en 1928. On ne l’oubliera plus jamais.


Il fut l’amant de Cocteau. Dans un texte qui lui est consacré il écrit : « (…) se battre où personne n’arrive, attirer ce qui nous est invisible, le bâtir, le fortifier, en faire une chose simple dont on n’aperçoive pas les nœuds, les raccords, la découverte immense, c’est le travail le plus céleste qui soit ».

Ce sont là aussi les préoccupations et l’ambition du jeune écrivain. Il n’a guère plus de vingt ans. Toute de fulgurance et de douceur, sa poésie bouscule.

Jean Desbordes exprime avec délicatesse, une rage à fleur de peau. Il n’est pas un poète qui nie la vie et qui se réfugie dans une rêverie éthérée. Au contraire. Il veut l’embellir. Pour lui ce qui manque à la vie c’est la vie. Et l’amour. « Le cœur n’attend jamais la permission de vivre. Oh laissez moi aimer comme on aime ! Comme on aime ! » s’exclame t-il.

Ces textes, ces poèmes en prose font l’apologie de la vie, la vraie, libérée de tout carcan. S’il s’invente une mystique légère dans le quotidien terne de la vie, c’est pour célébrer, par son chant élégiaque et anacréontique l’amour désirant, la saisie du bonheur au moment fugace de son incandescence, la tentation du sacré.

Partout, il traque la poésie. Le poète au « sperme étoilé » (l’expression revient plusieurs fois) conte dans ces textes magnifiques les espaces indéchiffrables aperçus dans sa solitude opiacée.

Sa poésie est hypersensible, lumineuse et blessée. Elle mêle la confiance au désenchantement et la torsion interne qui s’en suit autorise la hardiesse du style. Quant au texte intitulé « Les cavaliers collés », il atteint la perfection de la poésie érotique.

J’adore
Jean Desbordes
Editions Grasset (les Cahiers Rouges)
133 pages
7.40 euros
J’adore de Jean Desbordes : la vie est un long flop tranquille

Publié le 08/06/2009 à 07:27 | Lu 4348 fois





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