Insuffisance cardiaque : une campagne d’information du grand public à partir du 7 mai 2010

À l’occasion de la Journée Européenne de l’Insuffisance Cardiaque, le vendredi 7 mai 2010, la Société Française de Cardiologie (SFC) lance un dispositif d’information auprès du grand public sur cette pathologie qui représente en Europe 10% des patients hospitalisés. En France, l’insuffisance cardiaque touche 600.000 personnes avec plus de 100 000 nouveaux cas par an. Elle est caractérisée par une lourde mortalité : plus de la moitié des personnes décèdent ans après l’apparition des premiers symptômes. Cependant, la prise en charge de l’insuffisance cardiaque a progressé ces dernières années notamment grâce à la découverte de nouveaux traitements, à l’éducation des patients et de leurs proches et à un suivi pluridisciplinaire. Détails.





Insuffisance cardiaque : une maladie grave et invalidante encore trop souvent sous-estimée

L’insuffisance cardiaque est une maladie grave où le coeur ne pompe pas suffisamment bien le sang. La circulation sanguine se fait mal et de ce fait l’ensemble du corps ne reçoit pas assez d’oxygène et d’éléments nutritifs pour lui permettre de fonctionner normalement.

Par ailleurs, le rein fonctionne au ralenti et n’arrive pas à éliminer correctement les déchets, ceci entraîne une rétention de liquide (généralement dans les jambes et l'abdomen) et une congestion dans les poumons.

Dans un premier temps, le corps s’adapte pour tenter de compenser l'inefficacité du coeur. Cependant, ces adaptations ne peuvent pallier cette insuffisance que pendant un temps réduit. Ce phénomène d’adaptation finit par affaiblir encore davantage le coeur et entraîne une progression de la maladie.

L’insuffisance cardiaque est caractérisée par une lourde mortalité (50% à cinq ans à partir de l’apparition des premiers symptômes), un handicap majeur dans la vie quotidienne (essoufflement, fatigue…) et des hospitalisations prolongées et récurrentes.

Les cas d'insuffisance cardiaque sont en hausse dans la population. Une des priorité de la Loi de santé publique 2004 est de diminuer la mortalité et la fréquence des décompensations aiguës des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque. La gravité de cette pathologie chronique et les enjeux de santé publique qu’elle représente en raison de son incidence croissante ont amené les cardiologues à modifier profondément les modalités de traitement en proposant une prise en charge éducative du patient ainsi qu’une approche multidisciplinaire et multi professionnelle.

« Et si c’était mon coeur ? » : reconnaître les symptômes et les profils de personnes à risque
Grâce à des modifications du style de vie et l’observance des traitements, il est tout à fait possible pour une personne atteinte d’insuffisance cardiaque de continuer à vivre une vie saine et active, et d’éviter les hospitalisations. L’éducation thérapeutique du patient, son implication et la coordination des soins entre les différents professionnels de santé (médecin généraliste, cardiologue et infirmières spécialisées) sont primordiales pour assurer une prise en charge efficace. Cependant, pour que les patients puissent en bénéficier, il est impératif aujourd’hui d’aider les médecins à mieux identifier les personnes à risque et à alerter le grand public sur les signes qui doivent déclencher la consultation.

Quelles sont les personnes à risque ?

L’insuffisance cardiaque est la conséquence de l’évolution des différentes maladies cardiaques : elle survient fréquemment après une crise cardiaque, en cas d’atteinte des coronaires ou en cas d’hypertension artérielle. Elle peut également survenir chez les personnes ayant des antécédents familiaux ou une consommation excessive de tabac, d’alcool ou de drogues. D’autres affections, telles que le diabète et l’obésité, peuvent aggraver l’insuffisance cardiaque. Les patients insuffisants cardiaques représentent environ 12% des patients de plus de 60 ans suivis en médecine générale.

Quels sont les principaux symptômes ?

Les symptômes principaux de l’insuffisance cardiaque sont causés par la rétention de liquide ou par la congestion et la mauvaise circulation du sang dans le corps. Il est important de reconnaître le risque d'insuffisance cardiaque et de discuter de ces symptômes avec son médecin : l’essoufflement, la toux, la respiration sifflante, la prise inexpliquée de poids sur une période courte, le gonflement des chevilles, la fatigue/lassitude, le vertige, le rythme cardiaque rapide, la perte d’appétit. En plus des symptômes physiques de l'insuffisance cardiaque, certaines personnes peuvent être affectées par la gravité et la sévérité de la maladie et peuvent éprouver des symptômes d'ordre émotionnel, tels que la dépression et l'anxiété.

Insuffisance cardiaque : les fausses idées, les vraies réponses

« L’insuffisance cardiaque signifie que le coeur s’est arrêté de battre »
Faux. L’insuffisance cardiaque ne signifie pas que le coeur s’est arrêté de battre. L’insuffisance cardiaque se produit lorsque le muscle ou les valves cardiaques ont été endommagés et que par conséquent, le coeur n’est pas capable de pomper le sang dans le corps aussi efficacement qu’il le devrait.

« L’insuffisance cardiaque est peu fréquente »
Faux. Actuellement, près de 14 millions de personnes en Europe souffrent d'insuffisance cardiaque et ce chiffre ne cesse d'augmenter.

« L’insuffisance cardiaque ne peut être traitée »
Faux. Il existe plusieurs traitements disponibles pour l’insuffisance cardiaque. Ils sont efficaces pour diminuer les symptômes et retarder la progression de la maladie. En collaborant avec le médecin et les infirmières, les patients peuvent obtenir des traitements efficaces et changer leur mode de vie, pour prolonger leur espérance de
vie.

« Lorsque l’on souffre d’insuffisance cardiaque, on ne devrait pas faire d’exercice physique »
Faux. Il est très important pour les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque de pratiquer des activités physiques. Les activités physiques adaptées peuvent contribuer à améliorer le flux sanguin et soulager certains de vos symptômes.

« L’insuffisance cardiaque est une conséquence normale du vieillissement »
Faux. Bien que la plupart des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque soient âgées, l’insuffisance cardiaque ne fait pas nécessairement partie du processus de vieillissement. Il s’agit d’une affection cardiovasculaire très grave pouvant être évitée et grandement améliorée par les traitements actuellement disponibles.

« L’insuffisance cardiaque est due à un excès de stress ou de travail au cours de la vie active »
Faux. L’insuffisance cardiaque complique (parfois des années après) un infarctus ou une hypertension artérielle insuffisamment traitée ou encore un problème de valves. Elle peut être due à une maladie du muscle cardiaque ; l'excès d'alcool ou un facteur génétique sont alors souvent évoqués.

« N'ayant jamais fumé, ne buvant pas et n'ayant jamais fait d'infarctus, je ne suis pas à risque d’insuffisance cardiaque »
Faux. Le risque est effectivement moindre mais de nombreuses autres causes peuvent être responsables d’insuffisance cardiaque : diabète, tension artérielle élevée…

« L'oedème pulmonaire n’est pas une manifestation de l’insuffisance cardiaque »
Faux. Un oedème pulmonaire est souvent le mode de révélation d'une insuffisance cardiaque ou une complication de l’insuffisance cardiaque chronique quand s'associe un autre problème : arythmie, infection, arrêt inopiné du traitement... Il existe alors un "engorgement" plus ou moins brutal des poumons. Dans la terminologie, œdème pulmonaire et insuffisance cardiaque sont souvent synonymes.

« Le régime sans sel strict est indispensable dans l’insuffisance cardiaque »
Faux. Un régime sans sel est nécessaire mais il s’agit d’un régime simplement peu salé ou hyposodé dans la grande majorité des cas, ce qui est suffisant et beaucoup plus réaliste.

« L’évolution de la maladie est imprévisible »
Faux. Il s’agit d’une maladie chronique évolutive qui doit être surveillée régulièrement (poids, oedèmes, pression artérielle, prise de sang) à la fois par le patient et par son ou ses médecins afin de dépister précocement une aggravation et de pouvoir l’enrayer en adaptant le traitement.

Éducation thérapeutique du patient et suivi pluridisciplinaire :

Deux conditions indispensables pour améliorer la survie des patients atteints d’insuffisance cardiaque

L’insuffisance cardiaque relève d’une approche multidisciplinaire

À la fin des années 1990, les études montraient que 40% des insuffisants cardiaques étaient réhospitalisés en raison d’une mauvaise observance de leur traitement et d’une méconnaissance des signes d’alerte d’une décompensation. Les cardiologues et les soignants comprirent que dans le contexte d’une telle maladie chronique, il fallait que les patients et leur entourage deviennent acteurs de leur prise en charge.

Des expériences de prise en charge multidisciplinaire et d’éducation des patients ont été mises en place en Europe, aux Etats-Unis ainsi qu’en France où des expériences de réseau ville-hôpital, ont été menées à en particulier à Nantes, à La Roche-sur-Yon, à Lorient pour éviter les récidives et la récurrence des séjours à l’hôpital en délivrant aux patients une éducation thérapeutique et un suivi pluridisciplinaire. Les résultats de cette expérience à Nantes ont été très encourageants : le taux d’hospitalisation a été divisé par trois avec une amélioration de la survie chez les patients inclus dans ce programme.

Appliqués dans la vie réelle, les bénéfices de cette prise en charge sont également économiques : une recherche clinique médico-économique menée des patients issus du réseau nantais suivis pendant un an permettait une économie de 1 900 000 euros (le coût du réseau est de 350 000 euros par an)6. Aujourd’hui, le réseau ville-hôpital sur l’insuffisance cardiaque se poursuit dans les villes pionnières comme Paris, Nantes et Lorient et s’est étendu dans une dizaine de villes comme Grenoble, Limoges, Saintes, Poitiers où à l’échelle d’une région comme en Lorraine. Une des composantes du succès de ce réseau est l’éducation thérapeutique des patients et la
formation du personnel de santé à cette approche.

Favoriser, développer et évaluer l’éducation thérapeutique des patients

Le programme I-CARE et l’Observatoire Odin Le programme I-CARE a vu le jour en 2003. Il permet l'expansion de l'éducation thérapeutique dans l'insuffisance cardiaque afin d'améliorer la prise en charge multidisciplinaire de cette pathologie en formant d’une part les professionnels de santé (un cardiologue et une infirmière au minimum), et en créant d’autre part des outils et des séances adaptés aux patients. Les patients reçoivent des séances de formation à l'éducation thérapeutique dans 5 domaines : diagnostic éducatif, connaissance de la maladie, diététique, activité physique et vie quotidienne, et traitement.

Ces séances sont interactives et permettent d’adapter la prise en charge de la pathologie en prenant en compte la vie des patients. Aujourd’hui 200 centres (CHU, CHG, cliniques privés, centres de réadaptation) ont été formés et sont aptes à délivrer une éducation thérapeutique aux patients souffrant d’une insuffisance cardiaque.

Journée européenne de l’insuffisance cardiaque le 7 mai 2010

Présentation du dispositif d’information pour le grand public et les professionnels de santé : Une affiche interpellant le public « Et si c’était mon coeur ? » sera diffusée auprès des professionnels de santé et dans les hôpitaux.

Pour en savoir plus sur l’insuffisance cardiaque, les médecins généralistes, les infirmières et les patients peuvent se rendre sur le lien internet « insuffisance-cardiaque.fr ». Ce site permet d’avoir une bonne connaissance des traitements possibles ainsi que le témoignage d’autres patients. Des animations –destinées aux utilisateurs de tout âge– expliquent d’une manière très didactique le fonctionnement du coeur et ce qu’il se produit lorsqu’une personne souffre d’insuffisance cardiaque. Ce site web permet de favoriser une auto prise en charge des patients et les aider à mieux identifier les signes d’alerte afin qu’ils préviennent leur médecin le plus tôt possible.

Une conférence-débat grand public organisée au Centre Européen Georges Pompidou le 7 mai à 17h00, auditorium : « Que Savez-vous de l’insuffisance cardiaque ? » en présence d’experts impliqués dans la prise en charge de cette maladie.

Article publié le 29/04/2010 à 13:54 | Lu 4685 fois