Insuffisance cardiaque : les choses à savoir et à retenir à propos de cette maladie

Alors qu’a lieu aujourd’hui (vendredi 6 mai 2011), la Journée Européenne de l’Insuffisance Cardiaque, maladie qui touche en France un million de personnes, notamment après 55 ans, revenons plus en détails sur les points « clef » à retenir à propos de cette pathologie.


Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ?

L’insuffisance cardiaque est une maladie chronique, qui est due à une faiblesse et/ou à une trop grande rigidité de la pompe cardiaque. Le cœur ne pompe pas suffisamment bien le sang ou alors avec une augmentation de la pression sanguine dans le coeur, puis la circulation sanguine diminue et l’ensemble du corps ne reçoit pas assez d’oxygène et d’éléments nutritifs pour lui permettre de fonctionner normalement.

Les organes insuffisamment perfusés fonctionnent alors au ralenti ce qui explique les symptômes : l’essoufflement, la toux, la respiration sifflante, la rétention d’eau, le gonflement des chevilles, la fatigue/lassitude, les vertiges, les palpitations rythme cardiaque rapide, la perte d’appétit, le besoin d’uriner la nuit. En plus des symptômes physiques de l'insuffisance cardiaque, certaines personnes peuvent être affectées par la gravité et la sévérité de la maladie et peuvent éprouver des symptômes d'ordre émotionnel, tels que la dépression et l'anxiété.

Quelles sont les causes de cette pathologie ?

L’insuffisance cardiaque est la conséquence de nombreuses maladies cardiovasculaires, particulièrement l'hypertension artérielle, le diabète, l’obstruction des artères coronaires (infarctus) et les anomalies valvulaires, mais est elle aussi parfois due à une maladie du muscle cardiaque d’origine génétique, toxique (alcool ou certaines chimiothérapies), infectieuse (virus), ou de cause encore inconnue ce qui est assez fréquent. Ces nombreuses causes différentes expliquent que cette maladie peut concerner des personnes très différentes (hommes ou femmes, personnes âgées mais aussi parfois très jeunes, mauvaises habitudes de vie ou non, etc.

Combien de personnes sont touchées ?

C’est une maladie grave, invalidante et fréquente qui touche un million de personnes en France et quinze millions en Europe. Les cas d'insuffisance cardiaque sont en hausse dans la population. Cette pathologie est la cause la plus fréquente d’hospitalisation pour les patients âgés de plus de 65 ans. Elle est caractérisée par une lourde mortalité (50% à cinq ans à partir de l’apparition des premiers symptômes), un handicap majeur dans la vie quotidienne et des hospitalisations prolongées et récurrentes. Une des priorités de la Loi de santé publique 2004 est de diminuer la mortalité et la fréquence des décompensations aiguës des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque.

Peut-on guérir de l’insuffisance cardiaque ?

Au cours des quinze dernières années des traitements efficaces ont été trouvés grâce à la recherche et permettent aux patients de continuer à vivre une vie saine et active autorisant voyages, sorties et vie professionnelle.

Peut-on poursuivre une activité physique avec une insuffisance cardiaque ?

Autrefois contre-indiquée dans l’insuffisance cardiaque (IC), l’activité physique est devenue aujourd’hui un des piliers de la prise en charge du patient IC. On sait maintenant que l’activité physique joue un rôle majeur sur le bon fonctionnement des muscles, des vaisseaux et du cœur. L’insuffisance cardiaque entraine une fatigue et un essoufflement qui vont de fait entrainer une diminution de l’activité physique du patient. Via divers phénomènes physiopathologiques le manque d’activité physique va retentir sur tout le système cardiovasculaire et musculaire du patient.

C’est ce qu’on appelle le déconditionnement qui ne fait qu’aggraver la fatigue et l’essoufflement que ressent le patient lors d’une activité. La reprise d’une activité physique adaptée progressivement croissante va améliorer le système cardiovasculaire et musculaire. Ce reconditionnement permet une amélioration majeure de l’état du patient. Les symptômes tels que l’essoufflement et la fatigue diminuent nettement et permettent une amélioration de la qualité de vie, une « normalisation » de l’activité sociale voire professionnelle. Une activité physique adaptée peut être effectuée à tout âge. Les modalités sont diverses en fonction des patients, de leur mobilité, de leur lieu d’habitation... Il est possible d’effectuer un réentrainement à l’effort dans le cadre de structures spécialisées tels que les Centres de Réadaptation Cardiaque. En l’absence de structure spécialisée, l’aide d’un kinésithérapeute à domicile peut aider à une remise en condition.

Dans tous les cas, le patient doit devenir autonome pour effectuer son activité physique qui doit être poursuivie à long terme. L’arrêt de l’activité physique entraine une perte des bénéfices obtenus au bout de quelques semaines seulement. L’activité physique est un traitement à part entière : il n’a d’efficacité que si on le suit régulièrement…

Quels sont les conseils à donner à une personne atteinte d’insuffisance cardiaque ?

- Suivre son traitement : aux bonnes doses, avec une bonne observance, sous surveillance régulière.

- Adapter sa consommation de sel/ses diurétiques : une consommation de sel adaptée entre 2 et 4 g/jour est nécessaire chez la plupart des patients IC. Connaître les équivalences en sel des différents aliments, savoir faire ses courses, savoir comment assaisonner ses aliments pour retrouver le goût, savoir comment choisir son menu au restaurant… autant de paramètres indispensables à connaître pour éviter la surcharge en sel ;

- Connaître les signes d’alertes et savoir comment réagir : l’objectif est de ne pas être hospitalisé pour une décompensation cardiaque ;

- S’impliquer dans sa pathologie : l’implication des patients est primordiale pour concilier les exigences du traitement, les contraintes de la maladie et les projets de vie. L’éducation du patient est très importante pour le suivi. Un plan de prise en charge doit être systématiquement élaboré pour le patient. Il précise les objectifs du traitement et l’organisation du suivi. La prise en charge de l’insuffisance cardiaque doit également être envisagée sur la durée, dans le cadre d’une collaboration qui implique le patient, son entourage et les professionnels de santé ;

- Continuer à avoir des loisirs : les activités de loisirs sont possibles si elles sont adaptées. Le patient peut voyager à condition de connaître un certain nombre de précautions : l’ordonnance en DCI de ses traitements, éviter de mettre ses médicaments en soute, l’impact du changement de climat et du changement d’alimentation sur son état de santé…

Publié le 06/05/2011 à 12:29 | Lu 4494 fois